"Pour la Palestine, une vague d’espoir venant d’Europe"

Publié le 17 décembre 2014 par Blanchemanche
#Palestine
TRIBUNE - A quelques heures du vote au Parlement Européen sur une motion de compromis sur la poursuite des négociations iséralo-palestiniennes, leJDD.fr publie la tribune de l’ancien ambassadeur israélien en Afrique du Sud, Ilan Baruch. Ce dernier avait démissionné de son poste en 2011 pour protester contre la politique de son gouvernement. Il est aujourd’hui conseiller diplomatique du chef du Meretz, un parti de gauche du camp de la paix en Israël qui soutient la "solution des deux Etats".


L’ancien ambassadeur israélien en Afrique du Sud, Ilan Baruch. (Maxppp)
La semaine dernière, un ministre palestinien a été tué par des soldats israéliens pendant une manifestation pacifique dans la Bande de Gaza. Ziad Abu Ein n’avait commis aucun crime, il aidait simplement ses concitoyens à planter des oliviers pour célébrer la Journée internationale des Droits de l’homme.C’est la dernière tragédie d’une année douloureuse -- une année au cours de laquelle nous avons vu les négociations de paix tomber en ruine, Gaza détruite et dévastée et une récente frénésie de meurtres macabres. De quoi plonger le monde dans le désespoir - à croire qu’il n’y aurait pas d’issue à cette crise. Or de manière tout-à-fait paradoxale, cette série de tragédies impulse également un nouvel espoir. Il y a urgence à agir pour s’en sortir par le haut.Depuis octobre, quatre parlements en Europe ont déjà voté en faveur de la reconnaissance l’État Palestinien. Au sein de l’Union européenne, le gouvernement suédois l’a formellement fait. Ces votes, écrasants, semblaient pourtant impossibles il y a juste quelques années. Ils sont l’expression claire de la volonté populaire à travers l’Europe. La dynamique prend de l’ampleur. Les politiciens européens n’ont plus qu’à saisir cette opportunité de marquer encore plus significativement le cours de l’Histoire. Mercredi, demain, le Parlement européen va examiner une résolution sur l’État palestinien et, espérons-le, initier un nouveau rôle de leader dans la conduite des négociations pour une solution pacifique à ce conflit.La question-clé à laquelle doit répondre le Parlement européen n’est pas celle de reconnaître, ou pas, la Palestine (ce que l’ONU et une majorité d’États membres ont déjà fait en 2012) mais elle est celle des termes selon lesquels cette reconnaissance devrait se faire.Nombre de parlementaires européens estiment que la reconnaissance de la Palestine serait un signal fort des États membres de l’UE qui pourrait contribuer à relancer des négociations sérieuses pour une paix réelle. Cela permettrait également d’établir un cadre plus crédible pour mettre fin à l’occupation et à l’extension des colonies. D’autres, notamment les dirigeants du Parti populaire européen, font de leur mieux pour conditionner strictement toute reconnaissance à l’aboutissement des pourparlers bilatéraux de paix. Ils craignent qu’un vote clair pour reconnaître la Palestine ne mette en péril les négociations -- qui sont à la dérive depuis des décennies -- ou ne mette Israël en danger.Bien évidemment c’est tout le contraire. Une reconnaissance claire et inconditionnée de la Palestine poussera les parties vers un accord sur le statut final et contribuera à leur éviter un conflit perpétuel. C’est pour cette raison-même que 800 personnalités israéliennes, y compris un prix Nobel, un ancien Président de la Knesset et quelques uns des plus grands intellectuels, ont récemment publié une lettre ouverte aux gouvernements européens pour qu’ils reconnaissent la Palestine."Il nous apparaît clairement que les chances de survie d’Israël ainsi que sa sécurité dépendent de la création d’un État Palestinien sur la base des frontières de 1967 ainsi que de la reconnaissance de la Palestine par Israël et d’Israël par la Palestine”, a écrit le groupe.Mais les enjeux dépassent la sécurité d’Israël. Il s’agit de demandes légitimes et vieilles de plusieurs décennies du peuple palestinien. Devenir un État n’est pas une récompense à offrir aux Palestiniens, c’est leur droit. Trop souvent la communauté internationale, à son déshonneur, a différé le rêve de la Palestine, remisée au statut pur et simple de colonie, condamnée à la violence et aux agressions quotidiennes de l’occupation. Cet héritage doit et pourrait désormais se conjuguer au passé.Un appel clair des États membres pour la reconnaissance de la Palestine pourrait marquer un moment historique. Ce vote au Parlement européen intervient à une moment charnière. Avec ses violences habituelles, l’expansion sans limites des colonies et la colère palpable face aux indignités quotidiennes de l’occupation, la situation en Palestine est devenue insupportable. es chances de réaliser une paix juste et durable s’amenuisent chaque jour. C’est pourquoi un leadership de l’Europe est si important. Le Parlement européen a le pouvoir d’amplifier l’appel pour la liberté et pour la paix, et de soutenir l’élan d’espoir qui prend forme à travers l’Europe. L’alternative reviendrait à condamner les Israéliens et les Palestiniens à une occupation et une violence sans fin.Le politicien américain Robert F. Kennedy a déclaré par le passé: “Chaque fois qu'un homme défend un idéal, agit pour améliorer le sort des autres, ou se bat contre l'injustice, il lance une petite onde d'espoir, et en se combinant avec un million d'autres sources d'énergie et d'audace, ces ondes déferlent en une vague capable d'abattre les murs les plus puissants de l'oppression et de la résistance.” Chaque vote de député européen sera une petite onde d’espoir --  capable de rapprocher les Palestiniens, les Israéliens et notre communauté mondiale de la paix. Gardons l’espoir que le Parlement européen tienne le cap.http://www.lejdd.fr/International/Proche-Orient/Pour-la-Palestine-une-vague-d-espoir-venant-d-Europe-Tribune-d-Ilan-Baruch-707304#
Ilan Baruch