Marie de Quatrebarbes a publié récemment La vie moins une minute, aux éditions Lanskine. On peut lire plusieurs notes prises en lisant ce livre ici.
Café de la paix. Ici, tout va bien
le goût de rien, l’épée rentrée dans le thorax
j’ai la lèpre. Mais si, je vous jure : j’ai la lèpre
au point du jour, à point fermé le dimanche
je dors sous l’étendard, fait chaud là-dessous
Mon sommeil me murmure
« les mots sont importants »
on en discute avec les morts
jusqu’ici, tout va bien
Qu’est-ce que vous prendrez Mademoiselle ?
la nature est docile
cette façon délicate d’être soi-même
attentive aux gestes du détail
Je vis en rythmes économes
compte et recompte les boutons tombés du peignoir
j’ai été cette petite fille solitaire
la garder encore un peu près de moi
être pour elle la porte ouverte du château
enfermer ma jeunesse dans son cœur
une fois si vieille, peut-être
les retrouvailles rebattues
elles commencent ici pour nous
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Note sur le livre mon poussin
jamais la faute des petites filles
pas course folle dans le jardin
Fanchon souillon, dans la cuisine
et la main se signe, et la petite abeille butine
le cul arqué dans le creusé des guêpes
fragile poupée, fusée, gommette
venir doucement, petit fille de six
en situation d’extrême
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La journée se termine
tu la serres dans tes bras
cette chose folle, ta petit tête piquée
l’alarme de ton cœur, arrêtée, comme enclose
la très belle chose de ton papa-nageur
c’est qu’il faudrait pouvoir lui dire
qu’il aime tapoter la machine
tend son bâton, continue de tacler l’ordinaire
en commun, à quatre mains, avec un scénario à écrire
le mécanisme aspire la fumée
bouge pas les pieds, genoux fléchés
on parle ce matin des seins dans le t-shirt.
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Fiche (foutre) maison, seuil
manquait pas d’air, celle-là
chiche, elle a des tuiles
fait des claques et têtes à bulles
que je radote, et tu renâcles
manque de tout, n’est pas bien faite
les cailloux grincent la mécanique
vidange possible, impostures vertes
îles para-synthétiques, îles para-symptomatiques
ils se moquent de nous
biochimique, ma vieille carie se creuse
prend le temps de poursuivre
l’enfant bascule, tête en avant
plus rien dire sinon la chute
la vie moins une minute
Marie de Quatrebarbes, La vie moins une minute, éditions Lanskine, 2014, pp.
64, 80 & 81 et 84
On peut lire plusieurs notes prises en lisant ce livre ici.
Marie de Quatrebarbes dans Poezibao :
bio-bibliographie, ext 1,"Transition pourrait être langue", par Antoine Emaz