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L'élégance du Collegium Vocale Gent au service de William Byrd

Publié le 17 décembre 2014 par Philippe Delaide

Le dernier disque de Philippe Herreweghe avec son ensemble Collegium Vocale Gent est consacré à des pièces de William Byrd. Comme on pouvait le présager, la plasticité exemplaire et l'intelligence du texte de Philippe Herreweghe servent à merveille le composteur anglais. L'elégance toute particulière, cette respiration si caractéritique de la musique polyphonique anglaise trouvent indéniablement un écho favorable dans la lecture et l'approche esthétique propre au Collegium Vocale Gent et à son directeur musical.

Byrd Herreweghe
Avec une configuration de sept à douze voix selon les pièces interprétées, comme pour ses superbes enregistrements (par exemple De Lassus - cf. note du 12 mars 2009), Philippe Herreweghe prend le parti du pragmatisme. En l'absence, très souvent, de véritables instructions du compositeur ou de sources fiables documentées sur la configuration en terme de nombre de voix et répartition des registres, d'une façon générale, Philippe Herreweghe, comme il me l'a précisé lorsque je l'avais interviewé à propos de Cristobal de Morales, retient l'option de doubler les voix. On atteint ansi une groupe d'une dizaine de chanteurs. Ceci confère aux pièces une ampleur intéressante qui, sans desservir l'esprit de l'oeuvre, permet au travail de Philippe Herreweghe reposant sur l'inflexion, l'intonation, le phrasé, la ligne, de s'exprimer pleinement. Ceci n'est possible que grâce à un étalonage précis des différents registres et un travail rigoureux sur l'homogéneité de l'ensemble. A ma connaissance, seuls Philippe Herreweghe, Paul van Nevel et le nouvel arrivant Lionel Meunier parviennent à un tel niveau de beauté, de densité et d'incarnation du texte. Par rapport aux ensembles anglais, ils apportent une touche humaine, une sensibilité toute maîtrisée et surtout une attention particulière au texte qui font que l'on apprécie ces oeuvres polyphoniques dans une dimension qui nous est plus proche, moins distanciée, moins transcendante. 

Sous la touche subtile de Philippe Herreweghe, les compositions de William Byrd se voient sublimées dans tout ce qui fait leur beauté sigulière : une ductilité extraordinaire, une trame polyphonique dont le fil conducteur réside dans la ligne aérienne, incarnée par les sopranos qui élèvent ces pièces à un niveau littéralement divin.

Les différentes oeuvres sont alors empreintes d'une touche de mystère, de quelque chose d'ineffable.

La messe pour cinq voix et l'emendemus in melius introductif de ce disque sont, selon moi, les plus belles pièces de ce disque. Comme souvent dans la musique polyphonique, l'Agnus Dei conclusif de la messe à 5 voix s'étend comme un voile lumineux surnaturel. L'infelix ego, qui donne son nom au disque, est quant à lui plus sombre, très structuré.

Un superbe disque de plus qui s'ajoute au corpus de pièces polyphoniques enregistrées par Philippe Herreweghe et son ensemble. Quel enchantement. Quelle intelligence du texte !

Plus de détails sur le site d'Outhere Music.

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Coup de coeur du poisson rêveur.

William Byrd - Infelix ego - Collegium Vocale Gent - Direction : Philippe Herreweghe - Label PHI - Outhere Music.


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