Voilà, nous y sommes, mes 10 disques préférés de 2014. Peut-être pas une grande année, peut-être pas si forte que la précédente. Encore que. Les 4 disques qui se bataillent en tête de mon classement se sont détachés du reste, mais tous, à force d'écoute. Ils ont fini par devenir d'agréables compagnons de vie. De ceux qu'on aiment retrouver peu importe notre état d'esprit. Et déjà, rien que pour eux, 2014 aura été une belle année musicale. Deux disques de chanson française : l'un pop, l'autre folk. Deux disques aux arrangements soignés. "Bambi Galaxy" et ses sons de synthés vintages loin d'être si évident qu'il en a l'air de prime abord. "Babel" et son incroyable foisonnement sonore. Entre Auvergnats, on se comprend. Et puis, deux disques étrangers complètement différents, l'un, "Hot Dreams", n'a rien qui dépasse, l'autre, "Pom Pom", part dans tous les sens. Les deux ont en commun d'être des disques dont on ne sépare pas si facilement. Le premier, pour sa sobre perfection. le second pour sa parfaite démesure.
10- East India Youth - Total Strife Fever
Un jeune anglais descendant du Brian Eno bidouilleur de la fin des années 70 propose sa version moderne d'une pop électronique aventureuse. C'est parfois étouffant mais le plus souvent réjouissant. Assez inclassable, en somme. Vivement la suite...
9- François and the Atlas Mountains - Piano Ombre
François Marry et ses acolytes sont en train de devenir des références dans le paysage musical français voire même international (signature chez Domino Records oblige). Ce "Piano Ombre" le voit chanter pourtant davantage en français. En plus, cela correspond aux meilleurs morceaux. Un mélange improbable entre Dominique A et Vampire Weekend. Les voilà avec leur son bien à eux. Bravo!
8- Future Islands - Singles
Les Future Islands sont sortis de l'anonymat le jour où ils sont passés chez David Letterman et que les Américains puis le monde entier sont tombés raides dingues du petit déhanché de leur chanteur, Samuel Herring. Bien sûr, c'est réducteur, car Future Islands, c'est plus que ça. C'est bien sûr, l'imparable "Seasons" mais aussi une électro pop kitsch aux mélodies diablement accrocheuses.
7- Baxter Dury - It's a Pleasure
Baxter Dury a inventé l'improbable prototype du crooner cockney. Un accent et style désormais facilement identifiable. Les fans de la première heure lui reprocheront un côté dillettante de plus en plus accentué au profit de titres faciles. Les autres, comme moi, seront heureux d'avoir trouvé un "ami" digne de confiance. De ceux qui ne déçoivent pas - déjà son deuxième album classé dans mon top 10 annuel. J'ai toujours eu un faible pour les chansons remplies de "ouhouh", "ahaha". Alors quand il y a des "oula haha", je craque...
6- Metronomy - Love Letters
Le groupe préféré de mes loulous. Bon, en tant que parents, on y est forcément pour quelque chose, hein. "Love Letters", la chanson surtout n'est pas loin derrière "The Bay" (papa, tu peux mettre "take you back one day" ?) dans leur panthéon personnel. C'est dire l'incroyable pouvoir d'enchantement des mélodies de Joseph Mount. Les magiciens, ça parle à tout le monde.
5- Dean Wareham - Dean Wareham
Dean Wareham, c'est le type parfait : une carrière exemplaire de Galaxy 500 aux indispensables Luna en passant par son duo avec sa femme, la très jolie Britta Phillips, des goûts très sûrs, une apparition au cinéma dans l'excellent "Frances Ha" et donc ce premier disque solo encore impeccable, moins rock et plus en retenue qu'à l'accoutumée. Et cette voix caressante... Bref, c'est la classe.
4- Florent Marchet - Bambi Galaxy
Alors que Houellebecq s'apprête à refaire parler de lui avec un nouveau livre pour janvier 2015 dont le thème s'avère être l'arrivée au pouvoir en France des Islamistes - difficile de trouver plus polémique -, Florent Marchet en est resté à "La Possibilité d'une île", son roman d'anticipation sur les sectes et le devenir de l'humanité. Si le concept peut paraître fumeux à priori, comme le nouveau look de jeune premier qu'il arbore désormais, ce disque m'a plus que convaincu sur la durée, faisant de "Bambi Galaxy", sa plus belle odyssée. Un superbe travail sur le son !
3- Murat & The Delano Orchestra - Babel
La plus belle rencontre de l'année. Si on pouvait reprocher à Murat une trop grande sobriété dans les arrangements et aux Delano Orchestra un manque d'accroche mélodique et un choix contestable de la langue de Shakespeare, le mariage des deux a condensé le meilleur des forces en présence. "Babel" est double, triple, quadruple. C'est un tour, un pic, une péninsule. L'Auvergne n'a jamais semblé si haut perchée. Murat peut désormais toiser le reste de la chanson française du haut de sa tour. Il va falloir être costaud pour aller l'y déloger.
2- Ariel Pink - Pom, Pom
Il aura fallu "Pom Pom" pour que je devienne enfin accro à ce gars-là. Quand je réécoute aujourd'hui "Mature Themes" ou "Before Today", je me demande comment j'ai pu passer à côté. N'empêche que c'est bien "Pom Pom" qui impressionne le plus, un incroyable condensé de toute l'histoire de la pop music, qui n'a peur de rien, ne se refuse rien et pourrait bien être le genre de disques à durée de vie infinie. Au passage, les trois derniers titres sont de toute beauté. Et ce disque étant sorti tard dans l'année, qui sait si dans deux mois, il n'aurait pas été une marche plus haut...
1- Timber Timbre - Hot Dreams
Comme pour Ariel Pink, jusqu'ici la musique de Timber Timbre m'avait laissé assez indifférent. Il a suffit d'un titre, "Hot Dreams", puis de ce disque du même nom, où il n'y a pour ainsi dire, rien à jeter. Chaque minute, chaque seconde compte. Pas d'effet de manches, pas de superflu. La voix de crooner en impose, sans en rajouter. La musique est dosée par petites touches. Le saxo de Colin Stetson est sublime. On pense au meilleur Tindersticks, au meilleur Portishead. Bref, on voudrait ne jamais sortir de ce "Hot Dreams"...