Premier portait d’une « maman solo » qui vient nous donner sa vision d’un « papa solo ». Comme vous le savez mon envie, mon désir, mon souhait c’est de ne jamais rentrer dans les clivages, les codes, nous définir, les hommes et les femmes, comme des parents, tout simplement. Je voulais remercier Carole, ma fidèle, grâce à qui les portraits prennent corps au sein du blog. Voici le premier témoignage des trois (la suite jeudi et vendredi).
Rencontre avec Gaëlle, 38 ans (Cherbourg), maman de Lucie 12 ans et Sophie 8 ans.
Gaëlle, si je te demandais de me définir un « papa solo », serait-il totalement différent de toi ?
Pour moi oui. Je ne vais pas rentrer dans les grandes lignes mais mon parcours de vie ne tisse pas un profil idéal de l’homme. Notre père nous a abandonné (j’avais 9 ans), moi mon frère et ma sœur. Je pense que je suis encore marquée par cet abandon et c’est certainement la cause de ma séparation. Heureusement maman était là, elle, et ce n’était pas facile seule de gérer trois enfants. J’ai tendance à penser qu’un père ne gère pas aussi bien.
Le père de tes filles est portant lui aussi un « papa solo », il est présent dans la vie des enfants ?
Il est en couple depuis un bon moment. Notre système de garde est d’un week-end sur deux et moitié des vacances, c’est déjà très suffisant. Il n’est pas très présent, son investissement avec les filles est très léger. Je pense que cette situation l’arrange et que cela lui permet de faire sa vie autrement et avec une certaine liberté.
Investissement, présence, un week-end sur deux… lui as-tu laissé la place de père véritablement ?
(Gaëlle ne répondra pas à cette question qu’elle juge trop intime et hors-sujet)
Au-delà de ton histoire, la présence d’un père pour tes filles reste nécessaire ?
Au fond oui. Je n’ai pas envie que le lien se coupe. On va dire que le système de garde que je vis c’est déjà bien assez. J’ai tendance à me construire et à éduquer mes filles seule. Le père n’est qu’une option. C’est comme ça.
Peut-on alors parler de « sacralisation » de la mère ?
Peut-être oui, l’idée ne me dérange pas.
Pourtant les « papas solos » sont présents, solidaires, eux aussi connaissent les difficultés que tu vis.
Certainement. Je n’en connais pas vraiment. Les femmes sont solidaires, les blogs sur les « mamans » j’en connais des tas, on partage nos idées, nos humeurs, nos galères, c’est assez intéressant de voir et de comparer nos difficultés. Je crois que les papas se regardent moins entre eux.