Après le rachat de la « néo-banque » Simple au début de l'année, qui doit l'aider à appréhender une vision différente de ses métiers (d'abord aux États-Unis), le groupe espagnol vient d'annoncer l'intégration dans son portefeuille de Madiva, une « startup », madrilène. Avec cette deuxième opération, l'objectif que vise officiellement BBVA est de renforcer immédiatement ses capacités dans le domaine émergent des « big data », dans la perspective d'adapter au mieux ses produits et solutions aux attentes des consommateurs.
La jeune société – fondée en 2008 – a en effet développé une offre de services innovante dans ce domaine, largement reconnue par les nombreuses compagnies d'assurance et banques qui lui font confiance. Sa proposition de valeur consiste à créer des opportunités commerciales grâce à l'analyse de données, structurées ou non, issues des multiples sources du monde numérique. A l'instar de Simple, Madiva conservera son autonomie dans son nouvel environnement, le seul changement d'importance pour elle étant que BBVA deviendra un client privilégié.
La cible choisie par la banque pour poursuivre sa stratégie d'acquisition ne doit rien au hasard. Parmi les grandes tendances du moment, les « big data » sont universellement considérées comme une des plus prometteuses, notamment dans le secteur financier. Or, il s'agit d'une discipline qui requiert des compétences rares et il s'avère donc extrêmement délicat pour les entreprises de monter en puissance seules. Celles qui, comme BBVA, estiment que le sujet est prioritaire et urgent n'ont alors d'autre choix qu'une acquisition (probablement au prix fort).
Cette approche sera certainement tentante pour bien d'autres acteurs confrontés aux mêmes difficultés. Elle n'est (hélas !) pas adaptée à tous les cas. Si la banque espagnole peut raisonnablement espérer que la greffe prenne, ce n'est pas uniquement parce qu'elle laisse son indépendance à Madiva. Sa véritable force, qui a d'ailleurs certainement constitué un critère déterminant dans la conclusion de la transaction, est d'avoir su au préalable faire évoluer sa culture, qui la rend capable de travailler efficacement avec des approches disruptives. Ce qui n'est pas à la portée de toutes ses consœurs…