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Interview Chanouga pour « Narcisse (T1) »

Publié le 16 décembre 2014 par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chanounga, le dessinateur de la très belle série maritime « Narcisse » nous explique son approche avec sensibilité et sincérité.


N’oubliez pas de lire notre chronique du premier tome de Narcisse
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Interview réalisée sur le festival « Quai des bulles », le 11 septembre 2014

Narcisse_intro
C’est ton deuxième album, après “De Profundis”, mais “Narcisse” est basé sur le réel.
Tout à fait. C’est radicalement différent. Avec “De Profundi”, on est sur une approche onirique. C’est un travail autour du thème de la sirène. Mais j’avais déjà, en tête ce sujet, quand j’ai abordé. Ce n’était pas encore assez mature pour aborder un récit réel, sur 3 albums.

C’est un album, très travaillé… en couleurs “directes”, j’imagine.
C. Pas du tout. J’ai souvent cette réaction, en dédicace. j’en suis suis ravi. C’est mon but…
En fait, C’est du numérique. Je ne me sentais pas de travailler en couleurs directes.
J’ai une approche très basique de Photoshop. J’utilise un seul outil. C’est assez laborieux, mais j’obtiens un résultat proche du pastel.
En plus, je conserve un crayonné, proche de l’esquice.

_narcisse_case
Y’a t-il du Bilal, du Yslaire dans tes références ?
C. Bilal, c’est un de mes premiers coups de coeurs. Plus récemment, je regarde José Gonzalez et Lorenzo Mattotti, qui me donnent envie de tenter des choses.

Tu avais une base historique, avec les carnets de Narcisse, mais il sont peu détaillés. Est-ce une difficulté ou une ouverture pour inventer ?
C. Clairement, c’est une opportunité.
Ce n’est pas vraiment un carnet. De son vivant, Narcisse s’est confié à un chroniqueur vendéen. C’est la transcription de son témoignage, sous forme d’un petit livret (100 pages) qui est assez froid. Il ne parle pas de sa vie privée. Il évoque la culture des personnes qui l’ont accueilli.
Paradoxalement, pour les australiens d’aujourd’hui, c’est le premier document ethnographique sur les aborigènes d’Australie.

Le style me fait penser à du Conrad, du Stevenson.
C. Je suis fan de Conrad. Ses albums ont nourri mon imaginaire depuis très longtemps. Si j’arrive à communiquer cette atmosphère, c’est parfait. J’en serais ravi.
Même si on n’est pas dans la même époque, on reste dans une ambiance un peu sombre, très aventureuse, évocatrice.

NARCISSE_GDCASE
Le thème de la mer est toujours présent dans les oeuvres de Conrad. C’est important pour toi ?
C. Je suis né au bord de la mer. J’ai vécu ‘toute ma vie dans l’eau”. C’est ma source d’inspiration, la mer, l’univers maritime, les bateaux, les marins…

Donc, tu accumules de la documentation ?
C. Oui, je suis fan de chasse sous-marine. Tout ce touche au domaine maritime m’intéresse.

Le coté historique, c’est nouveau dans ton univers ? Il te fallait dessiner les bateaux de l’époque par exemple.
C. C’est relativement nouveau, mais ça allait dans le même sens. C’était important pour moi de comprendre ce que signifiait d’être marin au 18e siècle. Ca rejoint mes préoccupations. C’était un plaisir.

NARCISSE_profil
Tu utilises de grandes cases immersives, voire des pleines pages.
C. Ca vient de mon approche de la BD. Je n’aime pas quand il y a trop de textes. On parle aussi avec l’image, et je pense que l’image est plus forte, plus évocatrice.

La palette de couleurs est assez limitée : des Bleu-vert et des marrons-terres. C’est un choix initial ?
C. Je voulais une vraie cohérence globale sur ce premier tome. Je vais faire évoluer cette palette sur l’épisode suivant.

narcisse_fantastik
En fin d’album, tu pars vers du fantastique, de l’onirisme. Ce glissement t’intéresse ou est-ce juste un passage ?
C. Ce n’est pas un passage. On arrive vers la culture aborigène. J’anticipe ce qu’on va y trouver. Je l’ai découverte par ce travail et celle m’a fasciné. Elle a ce coté “fantastique”.

C. …C’est un travail en perpétuel mouvement. Il y a une grosse recherche documentaire à la base, qui ne cesse d’évoluer. Récemment, j’ai trouvé une lettre du capitaine du Saint-Paul, qui écrit à son armateur et à sa femme à la suite du naufrage.
La municipalité de Saint-Gille, dont était originaire Narcisse, a contacté l’éditeur pour lui montrer des documents et me recevoir.
Je suis en contact avec Stéfanie Anderson, qui est la spécialiste ethnologue su jet en Australie.

Ca change ton récit ?
C. Ca le nourrit. Ca infléchit mont travail. Pas sur le premier tome, qui est bouclé, mais certainement sur les tomes 2 et 3. Je trouve ça passionnant d’être en perpétuelle évolution.

Pour finir, si tu étais un de tes personnages, tu serais ?
C. Sans hésiter, Narcisse !

Merci, Chanouga.


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