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Royal Space Force

Par Ledinobleu

Couverture de l'édition française du comics Royal Space ForceÀ la fin de la seconde guerre mondiale, et grâce à des technologies prises aux nazis, l’Angleterre peut se lancer la première dans la conquête de l’espace. Une entreprise colossale menée par le très réactionnaire John Dashwood qui ne reculera devant aucun sacrifice, pas même le sien. Et un demi-siècle plus tard, le Royaume-Uni règne sur les principales planètes du système solaire. C’est alors que l’instance suprême de l’Empire Britannique le convoque pour le sommer de s’expliquer : comment a-t-il pu rendre possible l’impossible ?

À la problématique bien connue selon laquelle on ne retient aucune leçon de l’histoire, Warren Ellis, dans le cas présent, préfère une question plus pertinente car moins convenue : comment retenir une leçon de l’histoire ? Sa réponse, ici présentée à travers une courte série de comics en trois parties mais publiée en France en un seul volume, présente d’assez nets accents darwiniens, faute d’un meilleur terme. Car l’Empire Britannique de cette uchronie ne doit la sauvegarde de son statut de grande puissance coloniale qu’à la force brute que lui donne sur les autres nations de cet univers parallèle sa suprématie dans les technologies de l’espace – par une autre forme de colonisation, donc, celle du système solaire en l’occurrence.

Planche intérieure du comics Royal Space Force
Pour cette raison, il ne faut pas voir le principal intérêt de ce récit dans sa révélation finale, un élément narratif dont l’effet de chute tombe ici un peu à plat, ce qui étonne assez de la part de cet auteur, mais plutôt dans la description certes un peu sommaire bien que tout à fait révélatrice de ce Royaume-Uni alternatif où, parmi d’autres travers, la ségrégation reste d’actualité, ce qu’illustre à merveille la toute dernière case de cette courte série. Sur ce point, le personnage de John Dashwood, pour le moins autoritaire et borné, se veut tout à fait éclairant : il représente à lui seul tous les excès d’une Angleterre qui, dans cette autre réalité, a su résister à la décolonisation et n’a donc pas eu besoin de se remettre en question.

Mais outre cet aspect de satire sociale articulé autour d’une réflexion sur l’histoire, ou du moins d’une méditation sur l’utilité des revers dans la maturation d’une civilisation, on trouve aussi dans Royal Space Force un hommage à cette SF d’antan, celle des pulps, avec ses astronefs bigarrés aux designs rétro-futuristes, son exaltation de l’esprit pionnier et son sense of wonder. Dans la lignée d’un Dan Dare (Frank Hampson ; 1950), là aussi une œuvre britannique, cette courte série ressuscite le goût de l’épopée spatiale d’hier en répondant ainsi à ce besoin de rêve qui porte nos espoirs et nous permet ainsi d’échafauder de meilleurs lendemains.

Mais à condition d’en payer le prix…

Planche intérieure du comics Royal Space Force

Note :

Ce comics connut une première publication française en 2005 sous le titre de Ministère de l’espace.

Récompense :

Sidewise Award for Alternate History (dans la catégorie forme courte) en 2005.

Royal Space Force (Ministry of Space), Warren Ellis & Chris Weston, 2001
Delcourt, collection Contrebande, mars 2011
84 pages, env. 14 €, ISBN-13: 978-2-756-02306-9

- le site officiel de Warren Ellis
– le site officiel de Chris Weston
– d’autres avis : Agora Comics, Billet Bulles, Mr. Zombi, Bulles & Onomatopées


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