Je crois que nous avons sillonné Séville en long, en large et en travers. Nous reste plus beaucoup de recoins à explorer à part le quartier où nous logeons, les musées que nous avons gardés pour plus tard, à faire peut-être en cas de pluie et/ou si plus rien à faire, et la Giralda qui est quand même le point névralgique de la ville. Dans les petites communes de France, on se donne rendez-vous devant l'église, non ? Et bien là, c'est pareil, sauf que l'église en question est une cathédrale et qu'elle est la plus grande d'europe. Une paille.
- Jour 4 : Quartier Bernardo, flaneries et musées diverses et variés
Dernier jour de découverte de Séville. Nous commençons la journée par le parc situé à deux pas de notre logement : les jardins de la Buhaira. Ce lieu est, semble-t-il, un peu délaissé par le tourisme sans doute du fait qu'il soit excentré du gros de la ville. Sa situation n'est pas anodine quand on connaît (après coup) l'histoire de son implantation. Pour la faire courte, le palais qui va avec (Maria de Los Angeles) est construit sur les ruines du palais d'été datant de la période de l'Alkazar. Les jardins attenant ont un système d'irrigation issu de l'aquaduc datant, lui, des romains ce qui permet d'en faire encore aujourd'hui un véritable jardin des plantes : orangers, oliviers, pergolas croulant sous les bougainvilliers ou les bignones roses (lianes orchidées), palmiers dattiers... Toutes les plantes andalouses y sont concentrées. Attenant à la bâtisse, un grand bassin entouré de bases de pilier. Une nécropole musulmane ? C'est ce que dit le petit futé...
L'après-midi, se pose le problème Giralda. Visitera, visitera pas ? Concertation. Au grand vote démocratique du plus grand nombre l'emporte, le non passe à une voix contre deux. ???. Un non, un comme vous voulez, m'en fou je l'ai déjà visitée, un je vous suis. On se contentera donc de roder autour, de la contourner, de l'admirer mais pas de rentrer à l'intérieur. Tant pis pour eux. Le tombeau de Christophe Colomb est quand même une curiosité...
Vu que nous sommes mi novembre, la ville se prépare doucement pour les festivités de Noël. Et ici, on ne rigole pas avec la nativité, en témoigne le marché de Noël installé côté jardin aux orangers. Des santons, des santons, des santons et des crèches. Pas l'ombre d'une queue de babioles, de ramasses poussière artisanals, de vin chaud à la canelle, de pain d'épice et de produits bio. Que des éléments pour faire une crèche de malade ! Quand on voit ça, on se dit qu'assister à la semaine sainte doit être quelque chose !
Une petite curiosité supplémentaire qui, je crois, n'est indiqué dans aucun book, la place Santa Maria. Au niveau de la fontaine située devant le minaret/cloché de la Giralda, dos à cette dernière, sur la droite part une toute petite, petite ruelle. Au fond, en cul de sac se trouve cette petite place d'une trentaine de m² à tout casser où coule un fontaine (what else ?) et abrite quelques orangers. Elle n'a rien d'extraordinaire mais je sais pas, on a envie d'y rester des heures pour échapper à la foule sur le parvis de la cathédrale et à la chaleur l'été (je pense). On dirait une placette d'un village tout droit sorti d'un roman de Pagnol.
En continuant de tourner autour de la Giralda dans le sens des aiguilles d'une monstre se trouve sur le chemin le bâtiment des archives générales des Indes. Comme tous les monuments culturels de la ville celui choisi pour centraliser l'archivage sur l'histoire politique, économique, culturelle et sociale de l'ancien empire colonial espagnole est un bijou archicultural datant du XVIème siècle : la casa de Mercaderes. Ceci expliquant cela. A l'intérieur, un escalier sculptural, les plans et la maquette de l'Isabel, le célèbre bateau de Christophe Colomb, les map mondes d'époque, les marbres des personnages illustres de cette période faste espagnole et des km de linéaire de boîtes d'archives. Interdiction de toucher. Ca paraît évident mais on se demande tout de même si ces boîtes à la vue de tous sont pleines ou bien servent juste de déco. Je demande juste.
La pluie menaçant, nous reste le musée archéologique situé sur la place des amériques, au bout des jardins de Maria Luisa. Gratuit lui aussi pour les ressortissants de l'union européenne, il se trouve être un bon refuge pour attendre que les averses cessent. Sans vouloir juger durement ce musée, sa visite n'apporte pas grand chose sur la ville mis à part les salles consacrées à Italicà, la ville romaine située à une dizaine de km de Séville (qui se visite d'ailleurs). Les mosaïques sont remarquablement bien conservées par rapport à d'autres telles que celles exposées au musée de Naples venant de Pompéi. Sur les autres salles, rien que vous ne puissiez voir dans une autre ville européenne...
Nous décidons de remonter dans le centre du Santa Cruz, non loin de la place San Pedro, pour prendre un pot dans un des plus vieux bars de la ville : El Rinconcillo. Tout y est : les azujelos, les jambons au plafond, les tonneaux faisant office de table et pas grand monde accoudé au zinc. Le service est assez pince sans rire... Pour changer de la bière, chacun prend un vin différent et une assiette de lomo. Mention spéciale pour le Garum (moi qui ne suis pas très rouge, je l'ai trouvé très bon). Par contre, on n'a pas du bien se comprendre sur la notion d'assiette. Trois fines tranches de filet mignon fumé à se battre en duel n'est pas vraiment la définition d'une assiette... pour trois ! Je comprends mieux l'air perplexe et renfrogné du serveur lors de la commande.
Avant d'aller écouter et voir du flamenco à La Corboneria, haut lieu du genre, nous passons dans ce qui deviendrait trèèèès vite notre cantine si nous devions définitivement loger ici : la frieduria puerta de la carne. Autant le dire tout de suite, ce n'est pas une cantine régime puisque tout est frit... mais qu'est-ce que c'est bon ! A part les oeufs de jesaispasquoi. Les croquetas (béchamelle et jambon cru roulés en boudin dans de la chapelure) sont à se damner. Les gambas rebozadas (beignet de crevette) fondent dans la bouche et les chocos (lamelles assez épaisses de seiche) ne sont pas très dures. Le tout vous est servi dans de grands cornets en papier. Une cerveza pour faire passer tout ça avec un serveur aux faux airs de mon prof d'anglais d'école sup. avec le même humour à la John McClane :S Ah ! Oui ! La frieduria n'a pas de table. On squatte celle de l'hôtel restaurant d'à côté. Le flyer nous apprend que tout ça appatient au même propriétaire. Ok.
Bad news. Pas de flamenco ce soir. Il y avait 99% de chance qu'il n'y en ait pas une vendredi soir (et même le samedi soir) m'expliqera Sergio une fois rentrée en France. Ils sont sûrs qu'il y aura du monde le we... Ah bah bien vu hein mister P. ! Tous les soirs de la semaine, on lui disait, on va se faire un flamenco ce soir ? Tous les soirs de la semaine ! Auquel il nous répondait nan, on ira vendredi. M'en fou, j'y avais déjà assisté lors de mon précédent séjour. Mais quand même, bordel !