Food for thought

Publié le 02 décembre 2014 par Hirototo

Toujours pas de billet en bonne et due forme sur ce blog que je peine de plus en plus à maintenir en vie. Pourtant, je ne manque pas de sujets à évoquer. Romans à critiquer, films à commenter, poignées de figurines moches à exhiber, réflexions sur la cause animale, la matière abonde. Temps et volonté en revanche me font largement défaut. Aussi, pour cette fois, vais-je me contenter de lâcher une série de citations relatives à la condition animale. Des citations qui m’émeuvent, me poussent ou m’attristent. Je sais que quelques-unes ne manqueront pas de faire grimper aux rideaux les omnivores, mais j’invite ces derniers, sans y croire vraiment, à tenter de surmonter leur répulsion initiale pour se risquer ne serait-ce qu’un instant au vertigineux exercice du “Et si ?”.

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« Tout ce verbiage sur la dignité, la compassion, la culture ou la morale semble ridicule lorsqu’il sort de la bouche même de ceux qui tuent des créatures innocentes, pourchassent des renards que leurs chiens ont épuisés, ou même encouragent l’existence des combats de taureaux et des abattoirs. Toutes ces explications, selon lesquelles la nature est cruelle et donc nous sommes en droit d’être cruels, sont hypocrites. Rien ne prouve que l’homme soit plus important qu’un papillon ou qu’une vache. Je considère le fait d’être devenu végétarien comme la plus grande réussite de ma vie. Je ne prétends pas sauver beaucoup d’animaux de l’abattoir, mais mon refus de manger de la viande est une protestation contre la cruauté… Personnellement, je ne crois pas qu’il puisse y avoir de paix dans ce monde tant que les animaux seront traités comme ils le sont aujourd’hui. » – Isaac Bashevis Singer

« C’est maintenant (…) qu’exposant les tares d’un humanisme décidément incapable de fonder chez l’homme l’exercice de la vertu, la pensée de Rousseau peut nous aider à rejeter l’illusion dont nous sommes, hélas ! en mesure d’observer en nous-mêmes et sur nous-mêmes les funestes effets. Car n’est-ce-pas le mythe de la dignité exclusive de la nature humaine qui a fait essuyer à la nature elle-même une première mutilation, dont devrait inévitablement s’ensuivre d’autres mutilations ? On a commencé par couper l’homme de la nature, et par le constituer en règne souverain ; on a cru ainsi effacer son caractère le plus irrécusable, à savoir qu’il est d’abord un être vivant. Et en restant aveugle à cette propriété commune, on a donné champ libre à tous les abus. Jamais mieux qu’au terme des quatre derniers siècles de son histoire l’homme occidental ne put-il comprendre qu’en s’arrogeant le droit de séparer radicalement l’humanité de l’animalité, en accordant à l’une tout ce qu’il refusait à l’autre, il ouvrait un cercle maudit, et que la même frontière, constamment reculée, servirait à écarter des hommes d’autres hommes, et à revendiquer au profit de minorités toujours plus restreintes le privilège d’un humanisme corrompu aussitôt né pour avoir emprunté à l’amour-propre son principe et sa notion. » - Claude Lévi-Strauss

« Jadis, le fait de croire que les hommes de couleur étaient vraiment des hommes et devaient être traités humainement passait pour une folie. Aujourd’hui, on considère comme exagéré de prétendre qu’un des devoirs imposés par l’éthique rationnelle est de respecter ce qui vit, même dans ses formes inférieures. Mais un jour, on s’étonnera qu’il ait fallu autant de temps à l’humanité pour admettre que des déprédations insouciantes causées à ce qui vit sont incompatibles avec l’éthique. »  - Albert Schweitzer

« Depuis une quinzaine d’années, l’ethnologue prend davantage conscience que les problèmes posés par les préjugés raciaux reflètent à l’échelle humaine un problème beaucoup plus vaste et dont la solution est encore plus urgente : celui des rapports entre l’homme et les autres espèces vivantes ; et il ne servirait à rien de prétendre le résoudre sur le premier plan si on ne s’attaquait pas aussi à lui sur l’autre, tant il est vrai que le respect que nous souhaitons obtenir de l’homme envers ses pareils n’est qu’un cas particulier du respect qu’il devrait ressentir pour toutes les formes de la vie. » - Claude Lévi-Strauss

« Soyons subversifs. Révoltons-nous contre l’ignorance, l’indifférence, la cruauté, qui d’ailleurs ne s’exercent si souvent contre l’homme parce qu’elles se sont fait la main sur les bêtes. Rappelons-nous, s’il faut toujours tout ramener à nous-mêmes, qu’il y aurait moins d’enfants martyrs s’il y avait moins d’animaux torturés, moins de wagons plombés amenant à la mort les victimes de quelconques dictatures, si nous n’avions pris l’habitude des fourgons où les bêtes agonisent sans nourriture et sans eau en attendant l’abattoir. » - Marguerite Yourcenar

« Peut-être finira-t-on un jour par s’apercevoir que le nombre de jambes, la pilosité de la peau ou l’extrémité de l’os sacrum sont des raisons tout aussi insuffisantes d’abandonner une créature sensible au même sort. (…) La question n’est pas: « Peuvent-ils raisonner ? » ni « Peuvent-ils parler ? » mais « Peuvent-ils souffrir ? » » - Jeremy Bentham

« La grandeur d’une nation et ses progrès moraux peuvent être jugés de la manière dont elle traite les animaux. » - Gandhi

« Maintenant je peux vous observer en paix : je ne vous mange plus. » - Franz Kafka

« On n’a pas deux cœurs, un pour les animaux et un pour les humains. On a un cœur ou on n’en a pas. » - Lamartine

« La conclusion de T. Regan est la suivante : certains animaux ont une vie mentale suffisamment complexe pour avoir une expérience propre de leur bien-être. En d’autres termes, ils ont une vie mentale assez complexe pour que ce qui leur arrive leur importe. » - Jean-Yves Goffi

« Cette affirmation de la suprématie humaine et le droit de tuer les plus faibles, c’est la pensée fasciste à l’état pur. Adolf Hitler résuma au mieux cette pensée sans fondement lorsqu’il déclara : “Celui qui ne possède pas la puissance perd le droit à la vie.” Jamais les croyances d’Hitler n’ont trouvé de terrain plus fertile que dans notre monde moderne industrialisé, où chaque jour, des millions d’agneaux, de veaux, de cochons, de poulets, de vaches, de chevaux, et autres animaux innocents, sont transportés dans des centres d’abattages pour être massacrés pour les tables de l’espèce supérieure. Pourquoi ? Parce qu’ils ne peuvent pas protester et se défendre face à ceux qui ont décidé de les tuer pour les manger. » - Charles Patterson

« On sait que la grande majorité de ceux qui, descendant des trains, se retrouvaient sur les rampes des camps d’extermination ne parlait pas allemand, ne comprenait rien à ces mots qui ne leur étaient pas adressés comme une parole humaine, mais qui s’abattaient sur eux dans la rage et les hurlements. Or, subir une langue qui n’est plus faite de mots mais seulement de cris de haine et qui n’exprime rien d’autre que le pouvoir infini de la terreur, le paroxysme de l’intelligibilité meurtrière, n’est-ce pas précisément le sort que connaissent tant et tant d’animaux ? »  - Elisabeth de Fontenay

« Au milieu de notre style de vie lié aux hautes technologies, l’ostentation et l’hédonisme, parmi les monuments les plus remarquables de l’histoire, de l’art, de la religion et du commerce, il y a les « boîtes noires ». Ce sont les laboratoires de recherche biomédicale, les fermes productivistes et les abattoirs – des complexes sans visage où la société mène son sale boulot d’abus et de meurtre sur des êtres innocents et sensibles. Ce sont nos Dachau, nos Buchenwald, nos Birkenau. Comme les bons bourgeois allemands, nous avons une idée assez précise de ce qui s’y passe, mais nous ne voulons pas vraiment être confrontés à la réalité. » - Alex Hershaft

« La grande majorité des survivants à l’Holocauste est carnivore et ne s’intéresse pas plus à la souffrance des animaux que les Allemands se préoccupaient de la souffrance des Juifs. Qu’est-ce que cela signifie ? Laissez-moi vous le dire. Cela signifie que nous n’avons rien appris de l’Holocauste. Rien. Tout cela pour rien. Il n’y a aucun espoir. »  - Albert Kaplan

« En pensée, Herman fit l’oraison funèbre de la souris qui avait partagé une partie de sa vie et qui, à cause de lui, avait quitté cette terre. “Tous ces érudits, tous ces philosophes, les dirigeants de la planète, que savent-ils de quelqu’un comme toi ? Ils sont persuadés que l’homme, espèce pécheresse entre toutes, domine la création. Toutes les autres créatures n’auraient été créées que pour lui procurer de la nourriture, des fourrures, pour être martyrisées, exterminées. Pour ces créatures, tous les humains sont des nazis ; pour les animaux, c’est un éternel Treblinka. » - Isaac Bashevis Singer

« Un jour, nos petits-enfants nous demanderont : où étais-tu pendant l’Holocauste des animaux ? Qu’as-tu fait contre ces crimes horribles ? Nous ne pourrons donner la même excuse une seconde fois, dire que nous ne savions pas. » - Helmut Kaplan

« Pour expliquer pourquoi certains n’imaginent pas renoncer à manger d’autres êtres vivants, ils sont obligés de revendiquer leur plus profonde animalité, c’est-à-dire leur appartenance à la famille des espèces qui se bouffent entre elles pour ne pas être bouffées. Sauf que, dans le même temps, ils justifient la barbarie et le mépris avec lequel ils exploitent certains animaux non humains par le fait que ces derniers ne sont, eux, « que » des animaux (« Ce n’est que des bêtes ! »), sous-entendant ainsi que les humains n’appartiennent pas à cette catégorie. » - Aymeric Caron

« Il n’y a aucun mérite à bien se conduire avec ses semblables.(…) On ne pourra jamais déterminer avec certitude dans quelle mesure nos relations avec autrui sont le résultat de nos sentiments, de notre bienveillance ou haine, et dans quelle mesure elles sont d’avance conditionnées par les rapports de force entre individus. La vraie bonté de l’homme ne peut se manifester en toute liberté et en toute pureté qu’à l’égard de ceux qui ne représentent aucune force. Le véritable test moral de l’humanité (le plus radical, qui se situe à un niveau tel qu’il échappe à notre regard), ce sont ses relations avec ceux qui sont à sa merci : les animaux. Et c’est ici que s’est produite la plus grande déroute de l’homme, débâcle fondamentale dont toutes les autres découlent. » - Milan Kundera

« Rien ne pourra être plus bénéfique à la santé humaine ni accroître les chances de survie de la vie sur la Terre, qu’une évolution vers un régime végétarien. » – Albert Einstein