144 pages
Éditions La Musardine (2014)
Pour oublier son amant, homme marié, mais lâche – pour " s'occuper en attendant " –, Marion Favry explore un registre infini de plaisirs charnels en compagnie d'hommes de substitution. Aucune pratique n'échappe à sa soif d'abandon : boîtes, saunas, clubs, couples échangistes, toujours avec ce regard scrutateur d'une narratrice qui observe les réactions de ses compagnons de chair et tente d'analyser les siennes, nullement dupe du fait que peut-être tout ceci est vain. Mais que c'est, après tout, une option comme une autre pour gagner l'oubli et la liberté d'être... La crudité de ce " je " féminin a de quoi surprendre : le ton est franc, le vocabulaire explicite, proche de l'oralité parfois, mais le style maîtrisé permet d'éviter l'écueil de la vulgarité.
Extrait :
« Les choses du sexe et de l'amour sont ainsi faites, Haboob. A la fois excitantes et troubles, un peu sales et pourtant si plaisantes. Si indispensables aussi. Pour peu qu'on soit vraiment curieux de la vie, de toute la vie, le glauque n'est jamais loin de l'extase, non. »
Mon avis :
C'est l'histoire d'une femme quittée par son amant qui a préféré les bras de sa femme aux siens. Elle décide d'explorer toutes les facettes de sa sexualité plutôt que de pleurer l’absence de son amant. Entre ses différentes conquêtes et ses découvertes sur son corps, la jeune femme s'adresse une dernière fois à son amant. Cet ouvrage m'a énormément surprise, et pas forcément dans le bon sens. J'ai l’habitude de lire des écrits de cette maison d'édition et les scènes érotiques ne me gênent pas spécialement. Mais celui-ci est définitivement différent. Le récit est une suite successive de rapports charnels plutôt semblables entre la jeune femme et divers amants pour tenter d’oublier Haboob, son amant, qui a décidé de rester enfermer dans un mariage malheureux. Elle rencontre de nouveaux hommes, expérimente la sodomie, les clubs libertins et l’échangisme. Elle nous raconte ses aventures crûment, de façon détachée et sans passion. A chacune de ses conquêtes, elle ne peut s'empêcher de comparer les hommes avec son ancien amant et, de voir en eux les défauts qui les entourent, de voir ce qui n'est pas comme Haboob. Est-ce mieux ou non qu'avec lui ? Entre deux, la narratrice s'adresse à Haboob, lui manifestant ses doutes, ses espoirs, sa peine de le voir l'abandonner.Mais cela, toujours, avec une certaine distance, occultant tout ressenti dans ce qu'elle vit.Le récit en lui-même manque, pour moi, cruellement d’originalité au vu du peu de diversité dans les scènes érotiques. Et cela manque également de sensualité, de jeux de séduction. Je n'ai pas non plus senti de véritable intrigue dans la sens où les chapitres se suivent sans réel fil conducteur. On a l'impression de lire des scènes compilées les unes après les autres sans lien entre elles. Ce qui rend la lecture extrêmement abrupt et difficile malgré la longueur de l'ouvrage. En bref, S'occuper en t'attendant est une lecture qui ne m'a pas séduite..
★☆☆☆☆