Présentation et avis des vestiges
d’un film perdu, de deux courts-métrages d’Ozu et d’un documentaire entre 1929
à 1936.
A savoir que les films muets de
1927 à 1936 du réalisateur japonais sont au nombre de 35 dont 18 ont disparus.
Quant aux films parlants de 1936 à 1962, ils sont au nombre de 19 dont 12 en
Noir&Blanc.
J’ai été diplômé, mais… (Daigaku wa deta keredo) : Ce film
muet en N&B d’Ozu, en partie disparu réalisé au sein de la Shôchiku en 1929
est d’une durée de 12 minutes.
Le film raconte l’histoire de M.
Noda, jeune diplômé qui recherche un emploi. Il ne parvient pas à en trouver à
la hauteur de ses études. Chômeur, il cache la vérité à sa fiancée, Machiko et
à sa mère. Bientôt, Noda avoue à Machiko sa situation. Cette dernière est engagée
comme serveuse pour subvenir aux besoins, Noda vient à l’apprendre…
Comédie dramatique, J’ai
été diplômé, mais… parle de la désillusion des jeunes diplômés face aux
besoins sur le marché du travail. Ici, Ozu souligne le trait via le mensonge.
L’homme pour garder une respectabilité ment sur sa situation réelle, une façon
pour lui de ne pas perdre la
face. Il souligne à travers ce mensonge l’importance du
paraître, gage de réussite.
Ce film est incroyablement
contemporain. Il aurait tout aussi pu être réalisé de nos jours, tant il fait
échos au chômage des jeunes et à la situation précaire des jeunes inactifs. Ozu
prend tout de même le parti pris de donner une note optimiste à son film
puisqu’il montre qu’à force de persévérance, on peut s’en sortir, et que d’une
certaine manière rien n’est fatalité.
Un garçon honnête (Tokkan Kozo) : Ce film muet en N&B de
1929 et d’une durée de 14 minutes est également connu sous le titre : Le
Galopin. Ozu y raconte l’histoire d’un jeune garçon qui se lie d’amitié
avec son kidnappeur.
Un garçon honnête est
indéniablement une comédie qui rappelle celles venues de Hollywood. Ce jeune
garçon faisant tourner en bourrique son ravisseur fait que l’on amuse,
notamment par l’emploi du burlesque. Les scènes humoristiques s’enchaînent, le
kidnappeur est submergé, l’enfant est espiègle à souhait. Ici, Ozu réussit son
pari de nous faire rire. Drôle comme il se doit et qui n’a rien à envier aux
films hollywoodiens de la même époque.
Amis de combat (Wasei kenka tomodachi) : Ce film muet en
N&B de 1929 et d’une durée de 15 minutes met en scène les faubourgs des
classes populaires. Ozu y raconte l’histoire de deux amis colocataires :
Tomékichi, un chauffeur de camion et Hôzô, son assistant. Leur vie se voit
bouleversée le jour où ils rencontrent une jeune femme.
Dans Amis de combat, Ozu se
place dans un contexte comique avec des scènes humoristiques qui parsèment la
pellicule tout du long. Il n’en oublie pas moins le contexte social, s’ancrant
dans une réalité, celle de la vie des classes laborieuses. Avec un œil amuseur,
il y montre la rivalité entre ces deux amis qu’on suppose amoureux de la même jeune
femme. Finalement, le film se termine sur une note joyeuse. L’amitié est sauve.
La danse du lion (Kagamijishi) : Documentaire en N&B de
1936 tourné en 1935 et d’une durée de 24 minutes, également connu sous le titre
japonais : Kikugoro no
kagamijishi.
Ozu saisit, lors d’une représentation théâtrale de kabuki la danse du
lion joué par Kikugorô Onoe VI. Une danse considérée comme l’une des plus difficiles
et qui demande une grande endurance.
Le documentaire est divisé en deux parties. La première s’intéresse à
faire un topo sur l’acteur Kikugorô Onoe VI, notamment habitué à interpréter
des rôles féminins. Il est considéré comme l’un des meilleurs acteurs de sa
génération. La voix off résume une carrière qui force le respect dans l’art de
la danse japonaise. La deuxième partie se situe au théâtre lors de la représentation
de la danse du lion. On découvre en action Kikugorô Onoe VI qui exécute une
danse exprimant la force et la joie.
Ce documentaire d’Ozu est particulièrement intéressant pour découvrir
un art peu connu en occident. La danse, la musique, l’ambiance de l’époque y
est. Une époque où ces artistes étaient roi.
I.D.