L’histoire d’un homme qui osa braver la puissance de tout un empire.
Ridley Scott nous offre une nouvelle vision de l’histoire de Moïse, leader insoumis qui défia le pharaon Ramsès, entraînant 600 000 esclaves dans un périple grandiose pour fuir l’Egypte et échapper au terrible cycle des dix plaies.
Avant d’aborder le film, je vais vous parler de « l’Expérience Exodus ». L’Expérience Exodus qu’est ce que c’est? Il s’agit d’une petite expérience immersive qu’a mis en place la Fox lors de la projection du film aux blogueurs et journalistes. Le but était de revivre l’un des passages les plus connu de l’histoire de Moïse: la traversée de la Mer Rouge. Pas de Mer Rouge à Paris donc on a dû se contenter du bassin de la Villette. Hors de question non plus de déranger ce bon vieux Moïse pour qu’il nous ouvre en deux les eaux du bassin juste pour nous faire délirer! La Fox a donc trouvé la solution: afin de rejoindre notre cinéma (qui était sur l’autre rive), on devait passer par une petite passerelle située entre des jets d’eaux qui formaient deux murs. Un « miracle » impressionnant et de toute beauté!
Une chouette expérience même s’il faut avouer qu’il faisait un peu frisquet! La Fox organise régulièrement ce genre d’expérience immersive.La dernière en date était celle consacrée à La planète des Singes: L’Affrontement. Merci à eux pour cet excellent moment et vivement la prochaine expérience!
Cette année 2014, deux personnages issue de la Bible ont investi nos salles obscures: Noé et Moïse. Le film de Darren Aronofsky sur Noé était à la fois étrange et intéressant de par son approche de la religion. Un point toujours sensible lorsqu’on aborde ce sujet quelque soit la religion abordé. La Passion du Christ en est un bel exemple. Ridley Scott a t-il réussi à retranscrire l’histoire de Moïse tout en respectant les textes sacrés?
Exodus: Gods and Kings se divise en deux parties. La première est consacrée à la vie de Moïse en tant que prince d’Égypte et à son exil tandis que la deuxième se focalise plus sur sa mission: libérer le peuple hébreux de l’esclavage. La première partie est, à mon gout, celle qui comporte le plus de défauts. Le principal reproche que l’on pourra faire à Ridley Scott sur cette partie, c’est d’avoir un peu survolé ce pan de la vie de Moïse. Le réalisateur aborde les principaux points de la vie de Moïse en prince comme la préférence du Pharaon envers son neveux plutôt que son fils ou encore la jalousie de Ramsès (deux thèmes qui nous rappelleront l’un des meilleurs films de Ridley Scott: Gladiator). Le problème, c’est que ces points sont juste abordés et pas assez développés. On peut aussi souligner la manière dont le tournant de la vie de Moïse est amené: la révélation sur ces origines. Là encore, ce qui aurait dû être un moment fort semble être juste anecdotique. Dommage, mais ces défauts seront vite pardonnés car la seconde partie du film est la plus passionnante. Si la première partie respecte à peu près l’histoire de la vie Moïse lorsqu’il était prince d’Égypte, la seconde est celle où le réalisateur prend le plus de liberté et nous offre sa propre version de Moïse. Cela commence déjà par sa façon dont il aborde la religion. Et il le fait de manière très subtile. On reste encore fidèle au texte avec la fameuse scène du buisson ardent mais le réalisateur nous offre une image de Dieu bien surprenante. Je ne spoilerai pas en vous disant comment est représenté la divinité mais on est bien loin de la sagesse dégagé par Morgan Freeman dans Bruce Tout Puissant! Là, on a plutôt le droit à un Dieu limite capricieux. Les relations entre Dieu et Moïse sont aussi très surprenante. Je dirai pas que le Moïse de Ridley Scott est irrespectueux mais il s’en fout d’avoir une divinité en fasse de lui et n’hésite pas à aller au conflit avec lui en posant parfois la question qu’on aimerait tous poser si Dieu était en face de nous: « Pourquoi reste tu les bras croisés face à la misère du monde???« . Ridley Scott ne se contente pas de casser l’image de Dieu, il casse aussi celle de Moïse. On a tous en mémoire l’image populaire de Charlton Heston dans Les Dix Commandements: celle d’un vieux prophète grisonnant et charismatique équipé d’un bâton. Dans Exodus, c’est totalement différent: Moïse n’hésite pas à délaisser son bâton de berger et l’habit de prophète pour brandir l’épée . Excellente initiative de la part de Ridley Scott qui, avec ce choix, se démarque totalement du film de Cécil B. DeMille sorti 58 ans plus tôt. Le réalisateur nous prouve encore une fois qu’il a le sens du spectacle. On a le droit à une bataille sublime au début du film, la gestion des dix plaies d’Égypteest impressionnante et le final est tout simplement épique. Et encore une fois, pour le fameux passage de la traversée de la Mer Rouge, on retrouve cette volonté de casser ce à quoi nous avait habitué la légende de Moïse pour nous offrir quelque chose qui flirte entre réalisme et surnaturel. Ridley Scott a mis toute les chances de son côté pour nous offrir un péplum digne de ce nom. Difficile de ne pas être bluffé par la beauté des décors, des costumes ou encore par les effets spéciaux très réussis. Exodus se paye aussi un casting quatre étoiles mais malheureusement sous exploité. Ce film s’articule avant tout autour de la relation entre Moïse et Ramsès aux détriments des autres personnages. Christian Bale parvient à convaincre en nous donnant une tout autre image de Moïse mais l’acteur n’arrive pas à surpasser la prestation de Joel Edgerton qui est tout simplement excellente. Face à ces deux poids lourds, le casting secondaire bénéficie d’un temps de présence trop court à l’écran pour pouvoir exprimer son talent. Aaron Paul, qui joue Josué, se contente uniquement de suivre Moïse, les apparitions de Ben Kingsley sont rares et le rôle de Sigourney Weaver est plus proche du caméo qu’autre chose. Seul John Turturro dans la peau du père de Ramsès tire son épingle du jeu.
En s’attardant plus sur le côté humain et en ayant une approche habile de la religion, Ridley Scott nous livre une relecture de Moïse fascinante. Spectaculaire et épique, « Exodus: Gods and Kings » est une épopée à ne rater sous aucun prétexte. Accessible à tous, que vous soyez athée ou croyant et peu importe votre religion. Ma note: 9/10.
Réalisé par Ridley Scott avec Christian Bale, Aaron Paul, Ben Kingsley, Joel Edgerton, Sigourney Weaver et John Turturro. Sortie: le 24 décembre. Durée: 2h31.