Le dernier numéro de l’excellent strategy+business aborde un aspect encore peu souvent évoqué de l’économie collaborative, la fameuse sharing economy, dont AirBnB ou Lending Club sont les plus brillant avatars: c’est en effet en B2B que se produiront les prochains effets de ce changement de paradigme, selon Robert Vaughan.
Le principe reste le même que dans la version consumer to consumer (C2C): il s’agit de partager des ressources inemployées dont le coût de possession est significatif. Tout comme AirBnB permet de rentabiliser une chambre ou une résidence secondaire inhabitées, ou LendingClub permet de faire fructifier de l’argent qui dort, il s’agit de trouver des modes opératoires acceptables pour une entreprise, permettant de rentabiliser ses actifs: ses terrains, ses locaux, ses outils de production, ses usines, et pourquoi pas un jour, ses équipes.
L’article évoque plusieurs cas pratiques, déjà mis en oeuvre par des entreprises qui testent ce nouveau moyen de réduire leurs coûts, à défaut d’accroître leurs revenus. La chaîne d’hôtel Marriott, par exemple, passe par la plateforme de location de bureaux inoccupés LiquidSpace, pour louer ses espaces de travail qui n’ont pas pu être loués par d’autres canaux. C’est intelligent, et permet de démultiplier l’effort des équipes commerciales de Marriott, en utilisant les moyens de communication modernes mis à leur disposition.
Autre exemple cité par l’article, celui de FLOOW2, une startup néerlandaise qui a développé une place de marché B2B, qui met en relation les entreprises qui souhaitent partager équipements ou compétences. Déclinée en plusieurs langues (anglais, allemand, français, russe…), la plateforme de FLOOW2 peut également être intégrée en marque blanche par des entreprises qui souhaitent adopter la même approche avec leur écosystème.
Cette économie collaborative en B2B concerne également les actifs intangibles: équipes de R&D, et même brevets, peuvent faire partie des éléments qu’une entreprise peut partager avec des partenaires, s’inscrivant parfois dans une logique de “coopétition”. Au-delà des plateformes come Elance ou Eyeka, qui permettent à des salariés de s’offrir un complément de salaire en offrant leurs compétences à d’autres entreprises, c’est à des cas étonnants de partage du capital intellectuel que s’intéresse cet article, qui évoque le cas du partenariat entre GE et Quirky. Le cas est suffisamment intéressant pour être détaillé.
Il part d’un constat très simple: ce sont les grands groupes qui déposent le plus de brevets, chaque année. En 2013, par exemple, les 5 premières entreprises ayant déposé le plus de brevets sont IBM, Samsung, Canon, Sony et Microsoft: à elles seules, elles ont déposé plus de 21000 brevets cette année là. Mais une fraction seulement de ces brevets seront réellement exploités pour concevoir des produits innovants. C’est là que GE adopte une attitude étonnante, en mettant à disposition ses brevets auprès d’une communauté d’inventeurs, Quirky. C’est un investissement de plus de $30m que réalise GE de la sorte; mais un an plus tard, les premiers produits sont déjà en vente. En aurait-il été de même si GE était passé par ses propres équipes?
Comme le conclut cet article, c’est à une véritable révolution des mentalités qu’il faut faire appel pour parvenir à mettre en place de telles initiatives: on ne prête pas aussi facilement les ressources de l’entreprise que cela. Mais avec le temps, arriveront à la tête des entreprises des leaders qui auront déjà été confrontés à la logique de l’économie du partage, à titre personnel ou en lisant des articles comme celui-ci. Les idées viendront avec le temps…
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