Aujourd'hui, je m'en vais vous parler d'un truc en dehors de Prague, parce que comme je dis toujours aux touristes lorsqu'ils me posent la question, la République tchèque ce n'est pas que Prague, et loin de là. Bon, et lorsqu'ils ne me la posent pas, la question, ben je ne leur dis rien. Aujourd'hui donc, je m'en vais vous parler d'un truc que j'ai visité moult fois, lorsque j'étais petit, lorsque j'étais moyen, puis lorsque j'étais grand (enfin grand, selon la taille que j'ai aujourd'hui). Mais depuis, la chose fut restaurée, embellie et je dois dire qu'elle présente maintenant un véritable attrait bien moderne et bien propre, que ça mérite vraiment que vous y alliez, tellement que ça n'en vaut la peine. De quoi s'agit-il que? Il s'agit que des "catacombes" de "Klatovy", et je mets "catacombes" volontairement entre guillemets, parce qu'on se parle en fait de 80% de crypte (cellier sous églisien pour ranger les macchabs défunts) et 20% de catacombe (excavation souterraine pour ranger les macchabs défunts aussi). Eh oui, les cryptes, c'est dans 200% des églises (et autres lieux de culte catholique) alors que les catacombes, c'est clairement pas sous le sabot de n'importe quelle vieille carne. Mais bon, parlons de catacombes si ça leur fait plaisir. J'aimerais encore remercier les braves dames de l'accueil, qui furent d'une remarquable affabilité et d'une franche sympathie, une fois le masque bourru du premier contact tombé (du reste c'est souvent ainsi avec les Tchèques, dur le premier contact, mais après [quelques bières]...). Une des braves dames, énergique et diligente malgré son âge, nous détailla tout de ce qui se trouvait dans le musée, et beaucoup de ce qui lui passait par la tête sur le moment: anecdotes, souvenirs, histoires... La visite en fut d'autant plus riche et colorée. Mercis sincères mesdames. Pré en bulleEt donc avant de commencer avec les caca-tombes, faut que je vous parle de l'église, des jésuites, de la bataille de la Montagne Blanche, des hussites... Bon, je fais rapidement. Au premier jour dieu créa la lumière. Il vit qu'elle était bonne et il la sépara des ténèbres... Ah bon, vous connaissez? Bon alors on passe à la suite. Au 3.567.897.471e jour, dieu créa l'Europe. Il vit qu'elle était bonne et il la sépara des Anglais... Ah bon, vous connaissez aussi? Bon, alors au 4.570.142.341e jour, dieu créa la Bohême. Il vit qu'elle était bonne et il la sépara des nuisibles, en particulier du pape. En effet, jusqu'en 1620, il y avait en Bohême comme une tolérance religieuse que peu, très peu de pays en cette époque n'avaient (cf. le fameux majestätsbrief de Rudolf II). Ainsi certaines villes étaient d'obédience catholique ("Cheb, Plzeň..."), d'autres d'obédience hussite (protestante, "Tábor, Znojmo..."), mais toutes vivaient dans un œcuménisme religieux presque parfait d'avec tous les cultes. Ca dura jusqu'à la bataille de la Montagne Blanche, où tout bascula. Or parmi ces villes, il était "Klatovy", d'obédience hussite (protestante). Après la bataille (de la Montagne Blanche), Ferdinand II infligea sa religion catholique à tout le pays selon le principe "cujus regio, ejus religio" (tel couillon, telle religion). Et afin de bien faire prendre la colle dans les contrées protestantes, il y déménagea les plus djihadistes races de curaillons possibles avec apostolat d'y convertir la populace "flammaque et ferro. C'est ainsi que le 11 mars 1636 (date officielle, mais certaines sources parlent déjà de 1628), 3 jésuites débarquent en notre ville originellement protestante. L'invasion venait de commencer suivant un scenario bien connu des millions de victimes africaines, sud-américaines, asiatiques etc... mission, résidence, collège, et glize. La résidence naquit dès la première année (1636) avec le don par un imbécile catholique local de plusieurs demeures, fermes et propriétés. L'empereur d'Autriche en personne mit la main à la poche, tout en sermonnant copieusement le bourgmestre afin qu'il facilite gracieusement les desseins des frocards. Aussi dès l'année suivante (1637), iceux commencèrent à réfléchir à un lieu propice à la construction d'un collège. En 1642 fut fondée la première école en des locaux provisoires. Le 13 avril 1655 fut posée la première pierre du collège tel qu'on le connait encore aujourd'hui. Et seulement 1 an plus tard, le 24 avril 1656 à la St Henri (à la St Henri, ose les conneries), fut posée la première pierre de l'église de l'Immaculée Conception et de St Ignace. La construction fut pour le moins houleuse (certains parlent de problèmes financiers, mais c'est saugrenu, attends, les jésuites et des problèmes financiers?), mais l'on pendit cependant la crémaillère le 31 juillet 1675 à la St Ignace de l'Aïoli, bien que les travaux ne prirent réellement fin qu'en 1679. Alors vous aurez remarqué que je fus particulièrement bref sur la construction de l'église. En fait ce splendide édifice mérite nettement plus qu'une aussi succincte description, et je m'en prépare pour un de ces jours une publie complète à son propos. C'est pour ça, que je ne vous en dis pas plus aujourd'hui, sur l'antiffe. Je rajouterais juste encore que les édifices jésuites sont d'une remarquable qualité, et ce non seulement de par les fabuleux architectes, ouvriers et artistes qui oeuvrèrent dessus (les jésuites, contrairement à ce qu'ils racontent à qui veut l'entendre, avaient généralement du pognon, beaucoup de pognon pour payer ce qu'il y avait de meilleur, alors l'histoire des problèmes financiers, c'est une entourloupe pour mystifier le fisc), mais également par le processus d'approbation des projets potentiels. Avant la moindre construction, les plans et desseins étaient envoyés à Prague. Lorsqu'ils passaient ce premier contrôle de "ça tiens la route", ils étaient alors transmis à Rome. Et ce n'est que lorsque Rome apposait son sceau de "bon pour construction" que l'on mettait l'ouvrage en chantier. Attends, c'était clairement autrement réfléchi que les aéroports de Ciudad Real, Berlin Brandebourg, barrage de Sivens et autres écotaxes :-) Cryptes et catacombesAlors selon les témoins, les premières inhumations eurent lieu en dessous de l'église dès la fin de la construction de la nef. Mais selon les documents, les premiers momifiés qui méritaient d'être apposés sur (les documents), datent de 1677. En 1689 eut lieu le grand incendie de "Klatovy" sur lequel je reviendrai plus loin, mais grâce aux dons de la noblesse comme des villes environnantes ("Plzeň", "Domažlice"...), les édifices des jésuites furent rapidement réparés/reconstruits. Les ratichons noirs reçurent d'ailleurs tellement de pognon, qu'en 1692-93, ils construisirent encore un séminaire afin de fanatiser la plèbe dès le plus jeune âge. Lorsque la Compagnie de Jésus (quand je vous dis que c'est une réelle entreprise à but fortement lucratif: la Compagnie de Jésus, i.e. l'Entreprise d'à Bon Dieu...) fut dissoute en 1773, les édifices devinrent propriétés de la ville et le collège devint caserne. Notez qu'en pleine gloire, le collège abrita 310 prisonniers... pensionnaires, ce qui est remarquable compte tenu de la population restreinte de la ville (22.000 habitants aujourd'hui, mais au XVIIIe siècle, sans doute bien moins). Ah oui, les catacombes. Alors au départ, elles devaient servir aux jésuites afin d'y momifier leurs membres (en entier, pas que les membres), mais au fur et à mesure que l'activité gagnait en popularité, l'on finit par y remiser n'importe qui, pour peu qu'il eut le coeur suffisamment grand et la poche suffisamment garnie afin de financer les bonnes oeuvres: bourgeois, notables, militaires... Entre le début (vers 1656) jusqu'à la fin (en l'an 1783) du fonctionnement des catacombes, quelques 200 momies y trouvèrent refuge. Lorsqu'en 1784, l'empereur Joseph II mit un peu d'ordre dans les ordres comme dans le fonctionnement de l'Etat, la momification prit fin au profit de l'inhumation classique parmi la vermine sous terraine (et surtout en dehors de la ville). Alors contrairement aux momies égyptiennes qui furent embaumées et travaillées méticuleusement par des professionnels de l'embaumage... l'embaumation... de la thanatopraxie, ici la technique des plus simples s'apparentait plus au séchage du sauciflard à l'air libre. Tiens, vous pouvez même faire chez vous avec un grand parent décédé: prenez une carcasse standard en état de mort attestée. Dans un cercueil en chêne véritable, déposez un lit de copeaux de bois. Placez la viande en son milieu, râble sur le fond, ventre en l'air, puis déversez soigneusement tout autour des cônes de houblon. Outre ses vertus antiseptiques médicalement reconnues, l'humulus lupulus (ou "houblon") favorise l'apaisement, la digestion et le sommeil (que peut une momie demander de plus? Si, du Viagra). Salez, poivrez, puis placez le tout dans la crypte ouverte à l'air libre. La circulation d'icelui (air libre) ingénieusement engendrée par les aérations prévues à cet effet depuis la cave jusqu'au toit asséchera la matière comme les chaussettes de l'archiduchesse en quelques semaines seulement. A température et humidité relativement constantes, la bidoche, incluant organes internes, humeurs liquides... se contracte à seulement 8 à 10 Kg offrant aux joyeux veinards une apparence unique et une longévité accrue que nombreux vivants leur envient encore aujourd'hui (cf. mes photos). C'est ainsi que les momies traversèrent intactes les âges, les guerres et les épidémies jusqu'aux années 30 du XXe siècle. En cette période, et lors des travaux sur la toiture de l'église de l'Immaculée Conception et de St Ignace, les ouvriers remblayèrent par accident les puits d'aération qui montaient depuis la crypte, étouffant ainsi l'ingénieuse circulation d'air. En quelques mois, une grande majorité des momies se détériora irréversiblement sous l'action de l'humidité, des moisissures et des bactéries, au point qu'on dut les jeter... enterrer dans une tombe commune du cimetière St Jacques. Sur un total de quelques 200 momies, seule une quarantaine survécut à l'inconséquence destructrice des ouvriers (c'est bête un ouvrier quand même, les enfants travaillez bien à l'école, j'vous le dis moi, ça vous servira beaucoup dans la vie, pour devenir manager syndical par exemple). Bon, mais il en reste quand même quelques-unes aujourd'hui, de momies, récemment restaurées, recollées et présentées au public dans leurs meilleurs atours. Et croyez-moi, ça vaut la peine. Je me souviens, y a pas plus tard qu'y a pas très longtemps, les macchabs étaient exposés au public sous la poussière centenaire dans leurs cercueils ouverts. Le visiteur bien voyant pouvait même apercevoir les points blancs de moisissure sur les peaux séchées, manquaient plus que les mouches en tutu rose afin que le spectacle soit complet. Et ça attirait son monde, jusqu'à 200.000 visiteurs par an, qui venaient postillonner leurs miasmes sur les jerky, voire carrément voler ce qui se trouvait à la portée de leurs sales mains pleines de doigts (t'imagines le degré de bassesse des pauv' types?). Aujourd'hui, c'est vraiment bien fait, un vrai musée sur 300 m² digne d'un standard ouest-européen, avec explications en Germain comme en Anglais pouvant accueillir autant de monde que souhaité pendant toute l'année. Les vedettesEt donc parmi les fanés, il en est des qui sont aussi connus que... que Rika Zaraï ou Line Renaud. L'une de ces vedettes est le prêtre "Vojtěch (Adalbert) Chanovský", missionnaire local à l'origine de la viendu en 1636 des jésuites en "Klatovy" (le conseil municipal aurait préféré les Teletubbies, si déjà il fallait que quelqu'un vienne, pour enrichir intellectuellement la ville). Tiens, anecdote de bistrot. Avant d'être le commandant des jésuites de la ville, en automne 1620, "Chanovský" devint le commandant des jésuites de "Český Krumlov", capitale de la famille "Rožmberk", une de plus riches et influentes nobles familles de Bohême. Et lorsque décéda l'avant dernier héritier de la famille, l'archi fameux "Vilém z Rožmberka", bon pote des empereurs d'Autriche qui se succédèrent durant sa vie et presque roi de Bohême d'un poil et roi de PLogne de 2 (poils), ben lorsqu'il décéda, il fut déposé en l'église St Guy de "Český Krumlov", dans un mausolée pompeux avec colonnes et baldaquin sur lequel paradait une statue équestre monumentale (datée de 1592-1596) représentant lui sur sa bourrique, oeuvre de "Jiří Bendl" (mort vers 1650, diffèrent de "Jan Jiří Bendl", mort en 1680). L'oeuvre légèrement mégalo se trouvait en plein centre de la nef centrale, à 1,5 m de l'autel principal aussi lorsque le moine "Vojtěch (Adalbert) Chanovský" prit son service en "Český Krumlov", il fit tout simplement déposer et remiser le fourbi dans la cave (en 1621), au motif que l'affaire nuisait au bon déroulement de la messe, et que malgré l'importance du bougre "Vilém", il n'est point dieu pour reposer si près de l'autel (cf. "Václav Březan: Toho také roku počalo se dělati epitaphium panu Vilémovi z Rožmberka, kteréž postaveno slavně a nákladně v kostele farním krumlovském; přes tři tisíce kop míš. pánu na ně šlo nákladu. Nejvejš nade vším postaven byl rytíř rožmberský s koněm, kteréhož po časích jezuité, bavše se, aby snad na ně dolů vyskočil, odtud sníti dali."). Oh purée d'un nom di diou, le foin tonitruant qui s'en suivi! La veuve de "Vilém", l'archi fameuse "Polyxena z Lobkovic", née "z Pernštejna", épouse d'en seconde noce de "Zdeněk Vojtěch Popel z Lobkovic", défendrice des défenestrés de 1618 et donatrice du débile "Jesulus Pragensis" aux carmes qui régulièrement habille le poupon de vêtements hors de prix que c'en est répugnant de perversité pédophile à gerber ses tripes, donc "Polyxena", dont mes publies sont pleines de son nom, poussa une gueulante cosmique. Elle hurla auprès de l'archevêque de Prague ("Jan Lohelius", qui fit détruire l'église protestante de "Hrob" en 1617, prémices à la défenestration de Prague en 1618, puis à la guerre de 30 ans, puis à toutes les guerres suivantes y compris les 2 mondiales). Elle hurla auprès du jésuite généralissime d'à Rome. Elle hurla tellement fort auprès de tous ceux qui figuraient sur sa liste de "friends" de Fesse-bouc, que "Vojtěch (Adalbert) Chanovský" dut reconstruire le mausolée séance tenante et aux frais de la compagnie (de Jésus), suite à quoi il fut déchu de sa fonction de commandant des jésuites de "Český Krumlov". Est-ce en châtiment qu'il fut envoyé quelques années plus tard à "Klatovy" afin d'y convertir les récalcitrants? Et pour terminer notre histoire, d'autres tentatives de retirer le mausolée mégalo de la nef de l'église eurent lieu en 1670 puis en 1717-18. Pareil, toutes furent un échec. Ce n'est que lors des réformes Joséphiennes, en 1783, que l'encombrant bastringue fut démonté. La crypte fut également ouverte. "Vilém z Rožmberka" et sa troisième épouse "Anna Marie Bádenská" ("Polyxena z Lobkovic" était sa quatrième et dernière épouse) furent déménagés de leurs cercueils en étain en des cercueils en bois, puis remisés là où qu'ils se trouvaient auparavant. La demi-tonne d'étain fut vendue aux enchères le 6 septembre 1785 comme ferraille de récupération. Les pierres tombales en marbre finirent incrustées dans le mur de la chapelle latérale St Jean Népomucène (où se trouvent également les colonnes du baldaquin), et sont encore aujourd'hui visibles en l'église St Guy de "Český Krumlov". Quant au légendaire "cavalier Vilém" de "Jiří Bendl", nulle trace aucune. Selon certaines sources, il aurait déjà disparu lors de la première tentative d'évacuation du bataclan en 1621. "Chanovský" l'aurait-il vendu? Mais revenons aux macchabs. Ensuite nous avons "Antonín Weichs", qui eut pour seul mérite d'avoir été le dernier momifié le 7 janvier 1783. Encore que dernier, disons que c'est la version officielle, parce que selon les recherches des "amis de l'histoire tchèque", après l'Antoine, l'on eut encore momifié "Ludmila z Osterreicheru" le 4 février, et comme toute dernière "Marie Ptáková" le 6 mars 1783. Bon, mais sur le tout premier momifié en la crypte, le 30 mai 1676, les sources concordent, c'est bien "Jan Jahoda" qui eut pour seul mérite d'avoir été le premier momifié. La plus jeune des inhumés en l'église (mais non momifiée) en mars 1665 avait 5 mois, "Jacobina z Klenové a Janovic". La plus âgée avait 100 ans, "Ludmila Syparová", décédée en Janvier 1770. Parmi les 201 défunts officiellement recensés, 151 étaient des males alors que 50 étaient des femelles. 120 appartenaient à un ordre ecclésiastique, 81 n'appartenaient pas. 23 se rasaient les jambes, 187 ne se les rasaient pas. Une des plus célèbres momies de "Klatovy", parce qu'elle fait marrer les gosses, c'est celle d'avec son gros bide et sa jambe éléphantesque. Je ne me souviens plus de qui c'est son nom, mais vous ne pouvez pas louper le bougre. Son gros bide, c'est d'à cause que de son vivant, il souffrait de flatulence et d'un cancer du gros intestin. Quant à sa jambe, c'est la conséquence d'une goutte de la taille du lac Léman (dément!). Alors attends, comme cette momie-ci a su sécher sans s'assécher, ben dans les boyaux de son gros bide se trouvent plusieurs litres d'air tricentenaire. Enorme non? J'te dis pas l'alerte le jour où ça pète. Sinon parmi les vedettes toujours, une d'entre-elles a été reconstituée. Genre les gars, ben ils ont passé la momie dans un scanner afin de la soumettre à une nana-Lyse tomographique, et outre que "Anežka Kunhuta Příchovská z Příchovic" n'était vraiment pas enceinte (même pas un peu, tu m'étonnes, à 66 ans), ils ont en outre découvert que la pauv' femme souffrait de tuberculose ostéoarticulaire comme pulmonaire, de rhume chronique et quelle appartenait aux 187 personnes qui ne se rasaient pas les jambes. Née en 1612 et décédée le 10 octobre 1678, elle eut le privilège d'être l'une des momies les mieux conservées (avec toutes ses maladies, même la moisissure ne montait plus dessus) et fut donc choisie comme sujet pour l'exercice tomogratruc. Son visage fut ensuite reconstitué en cire (comme pour Madame Tussaud, Monsieur Grévin ou Michael Jackson) et les fringues cousues à l'identique des lambeaux sur elle trouvés. Un joli film dans le musée vous racontera toute cette aventure en images en couleur, et en son en Tchèque. Y a juste que bon, le résultat final... enfin vous verrez par vous-même, mais la pauv' vieille, elle fait quand même un peu travelo avec sa mâchoire extra large de boxeur poids lourd. Et puisqu'on parle de film, vous en verrez également d'autres sur "Klatovy", sur la période baroque, sur les jésuites (les bons côtés seulement, c'est à but commercial, pas objectif), par contre chuis pas vraiment sûr qu'ils existent en toutes les langues, et pas vraiment sûr du tout du tout qu'ils existent en Français. Ah si, pour les latineux (qui parlent Latin, genre latinophones, mais c'est pas dans le dictionnaire) il est en saison des représentations théâtrales en Latin. Pendant la durée de vie du collège (jésuite), au XVII et XVIIIe siècle, les ensoutanés écrivaient des scénettes ensuite interprétées par leurs étudiants afin de leur faire entrer la langue des sciences dans la caboche. Les textes existent encore aujourd'hui, et sont joués devant le public délecté (mais en saison seulement). Les Français terroristesAlors comme dit précédemment, "Klatovy" fut incendiée en 1689, mais pas que "Klatovy". J'vous explique... Si je vous dis Ezéchiel du Mas, comte de Mélac, ça vous parle? Bon et la guerre de la Ligue d'Augsbourg? Non plus? Bon, alors Louis XIV? Hein, Louis XIV, vous savez, le roi soleil qui fouettait tellement du goulot qu'on se demandait si c'était pas des pieds, et que les dames en tombaient toutes vertes à la renverse que la pestilence leur frisait les moustaches? Alors il était une fois Louis XIV, célèbre pour son hygiène buccodentaire catastrophique, mais également porteur de goutte, petite vérole, dysenterie, blennorragie, fistule anale... et autres délicatesses de salon, qui faisait, avec les Ottomans, la guerre contre la Ligue d'Augsbourg (plutôt que de soigner ses innombrables crevaisons) alors composée de plein de monde, en particulier du St Empire romain germanique et donc de la Bohême par extension. Et donc pour gagner la guerre, Louis XIV donna l'ordre à son ministre de la guerre François Michel Le Tellier de Louvois de la gagner (la guerre), lequel sinistre ministre donna l'ordre à son maréchal Ezéchiel du Mas de la gagner, la guerre. Et pour la gagner (la guerre), le sinistre ministre ordonna au compte de Mélac de tout brûler, tout de tout sans exception, et en particulier les villes allemandes (vous sentez comme déjà en cette époque, la population civile en prenait grave sur le râble, alors qu'elle n'avait rien demandé à personne? Le terrorisme ne date pas de l'année dernière comme s'efforce à nous le démontrer les Zétazuniens). Les exactions pyromanes commises en Allemagne par l'autre ordure, vous pouvez les lire sur Wikipédia. Je passe donc directement à notre affaire qui nous concerne tout particulièrement. Il était donc une fois un certain "Vavřinec Procházka" (Laurent Promenade en Français), orphelin dès son plus jeune âge, ses parents n'ayant rien trouvé de mieux que de décéder de la peste. Berger porcin de métier, sa vie n'était pas spécialement divertissante, aussi il sombra rapidement dans l'ennuie et la l'cool. Au printemps 1688, il abandonna sa famille (1 épouse, 3 enfants et 21 porcs) et s'engagea dans la r'mée. Enrôlé comme simple troufion dans l'"Infanterieregiment Kaiserštejn", il fut fait rapidement prisonnier sur le front par les Français du côté du Rhin, et plus précisément lors de la prise de la forteresse de "Philippsburg". Et les Français, alors en recherche active d'espions endogènes, remarquèrent de suite sa bêtise profonde et sa malléabilité. Aussi ils le convainquirent sans grand' peine (et moyennant quelques deniers) de travailler pour eux comme terroriste d'Etat. Il fut entrainé à la manipulation des explosifs, des matières inflammables, et en juin 1689, il fut renvoyé en Bohême avec d'autres fumiers de la même engeance afin d'y perpétrer chaos et ruine. Selon les informations d'époque, ce sont quelques 150 salopards déguisés en saltimbanques, moines, mendiants, soldats de retour du front qui entrèrent en pays nostre. Le 21 juin 1689 (parfois le 26, selon les sources historiques), et parce que le vent soufflait fort, la poignée d'incendiaires passa à l'acte en la ville de Prague. Ils allumèrent plusieurs incendies en plein centre engendrant une dévastation énorme: 820 maisons, 6 églises et 10 synagogues finirent en poussière en la Vieille-Ville (principalement du côté de "Na Poříčí", "Dušní", "Dlouhá" et du quartier St Pierre) et l'on dénombra des centaines de victimes. L'église St Jacques en particulier fut l'une des plus grosses pertes: les voûtes gothiques s'effondrèrent. Or ces voûtes du XVIe et XVIIe siècles faisaient de St Jacques la plus haute église de ce quartier. Prague ne fut cependant point la seule à souffrir des incendiaires à la solde des Français. Comme dit, "Klatovy", mais aussi "Trutnov", "Broumov", "Hořovice"... et bien d'autres en firent les frais. Lorsque l'alerte fut proclamée dans tout le royaume, plusieurs fumiers tombèrent entre les mains de la populace et furent lynchés sur place. Laurent Promenade, lui, fut arrêté en bohême du Sud, à "Krč (Protivín)", confronté avec plusieurs de ses complices, puis il fut condamné à la double exécution: après que le bourreau lui eut sectionné à la pince les doigts de la main gauche devant la maison "U černého orla" où il commit son premier incendie, après que le bourreau lui eut sectionné à la pince les doigts de la main droite devant la maison "U smrti" où il continua ses incendies, après que le bourreau l'eut charroyé dans les rues de Prague sur la charrette de l'infamie sous les jets de tout et de n'importe quoi des Praguois assoiffés de vengeance, donc après tout ça, le bourreau l'enchaîna au pilori et l'étouffa lentement au garrot. Ensuite, avant qu'il ne s'étouffe vraiment et ne tombe dans l'inconscience, Laurent Promenade fut jeté dans un bûcher allumé tout spécialement pour lui (mais loin du centre-ville cette fois). Ses complices non lynchés subirent le même sort, sauf un... tiens... et puisqu'on parle du bourreau. Et puisqu'on parle du bourreau... Je me souviens qu'un jour, alors qu'on s'en dissertait de la France et des Français entre bièrophiles impénitents dans mon troquet favori de "Malá Strana", François, un historien local averti, me raconta l'épisode anecdotique du petit-fils du bourreau "Jan Mydlář", histoire que je gribouillai sur mon calepin de notes pour qu'une fois, de quand que j'en aurai besoin comme aujourd'hui, je puisse vous la raconter. Pour vous situer l'histoire, le bourreau "Jan Mydlář" est devenu tristement célèbre pour avoir exécuté les 27 seigneurs sur la place de la Vieille-Ville après la bataille de la Montagne Blanche (cf. mes nombreuses publies). "Célèbre" me demanderez-vous? Attends, tu sais ce que ça pèse une hache à couper les têtes ou les mains, un gourdin à rouer, une masse à broyer, puis trainer les récalcitrants sur les chafauds, immobiliser les, qui gesticulent de trouille, sans parler du fumet de ceux qui se font dessus terrassés par l'effroi de leur exécution? Ben "Jan Mydlář" besogna proprement 27 personnes en la seule journée du 21 juin 1621 de main de maître, sans qu'aucun des clients ne puisse émettre le moindre reproche sur la qualité du travail accompli. "Jan Mydlář" au XVIIe siècle, c'était Lady Gaga ou Johnny à l'idée d'aujourd'hui. Mais même plus tard, au XXe siècle, je me souviens que ma grand-mère me menaçait de la viendue du croquemitaine "Mydlář" si je ne mangeais pas ma soupe (j'te dis pas à quelle vitesse j'avalais l'assiette avec la cuillère sans mâcher et sans rechigner). Ben le célèbre bourreau eut un petit-fils, "Jiří Jan Mydlář". Et ce dernier tomba tellement amoureux d'une petite Française de Prague, qu'il finit par l'épouser. Il fut ainsi introduit dans la communauté, et prit part au complot terroriste que les Dupont-Lajoie préparaient contre la ville. Il fut mentionné comme complice par Laurent Promenade, lorsqu'il icelui savourait le supplice de la question au gniouf. Mais l'on ne put prouver les charges portées contre lui, aussi soumis au bénéfice du doute, le petit-fils du fils du bourreau, lui-même bourreau de la Vieille-Ville, fut simplement décollé par le bourreau de "Malá Strana". Et vraiment pour l'anecdote, mais puisque je note tout dans les troquets, faut bien que je vous en parle un peu parfois... Donc lors du procès (vraiment rapide, les preuves étant à Cablante) des incendiaires arrêtés, officiait en tant qu'avocat un certain "Václav Jan Rosa". Ben sa fille "Alžběta Kristina" épousa "Karel Škréta" junior, fils du fabuleux peintre baroque "Karel Škréta" senior dont le nom émaille mes publies. Mais bon, je vous le signale comme ça, puisqu'on en parle, genre. Mais revenons au sujet. Prague mettra plusieurs dizaines d'années afin de se remettre de cette terrible catastrophe, mais surtout n'aura plus jamais l'apparence moyenâgeuse, gothique et renaissance que nous ne connaissons malheureusement pas. Elle sera reconstruite dans le style de l'époque, en pur baroque, style fabuleux qui caractérise notre ville encore aujourd'hui. Concernant les Français, les Praguois ne leur en gardent assez curieusement pas rancune. Du reste, s'ils devaient les montrer du doigt pour toutes les exactions qu'ils commirent en nos terres depuis mille ans (Louis XIV, Napoléon, Accord de Munich et j'en passe et des meilleures), la terre en pencherait vers l'Ouest sous le poids des index pointés. Notez également que dans la grande majorité des cas, les bras armés de ce terrorisme d'Etat étaient des Tchèques convertis à la France. Et donc après tout, de qui c'est la faute à qui (après tout)? Hein? Épi logBon, vous l'aurez deviné, je n'ai point d'amour pour la religion, et j'ai carrément un vrai ressentiment envers les jésuites (sorry François). J'avoue que l'ordre éleva des génies, qu'il construisit des édifices fabuleux, mais certains aspects de leur comportement à travers le monde et les siècles me restent en travers des boyaux. Mais bon, dieu jugera. Ceci-dit, et concernant "Klatovy", je vous conseille vraiment de vous y rendre. Et pas seulement pour les catacombes, mais pour tout plein d'autres choses historiquement géniales: l'apothèque baroque à la Licorne, la tour noire et la tour blanche, l'église "De Immaculata Conceptione Sine Coitu" et St Tignasse, la mairie, le cimetière juif... Et même tout autour de la ville, à seulement quelques kilomètres à la ronde, vous aurez de quoi vous occuper. Non sans dec, "Klatovy", ça vaut le déplacement, là: 49.3950700, 13.2918900.