J'adore les moulins à vent. Un peu moins leur pendant moderne : les éoliennes ! Quand j'étais enfant, je rêvais d'habiter un moulin à vent, que j'organisais dans mon imagination : un étage pour la cuisine, un étage pour ma chambre, un étage pour le salon, etc...
Le moulin à vent est un dispositif qui transforme l’énergie du vent en mouvement rotatif au moyen d’ailes ajustables. En tant que moulin, il est utilisé le plus souvent pour moudre des céréales, broyer, piler, pulvériser diverses substances, presser ou écraser des olives pour produire de l'huile, ou même pour actionner une pompe, par exemple pour l’irrigation ou pour assécher les polders.
Moulin français - moulin néerlandais
Le terme n’est habituellement utilisé que pour les dispositifs relativement anciens des pays riches et les installations à technologies anciennes des régions moins développées. Devenu obsolète dans les pays développés avec la généralisation de l'électricité, il est l'ancêtre de l'éolienne. Le moulin à vent ne se distingue techniquement de l’éolienne que par l'usage qu'on en fait. On abandonne l'énergie du vent pour mouvoir des meules, mais on l'utilise pour pour actionner des générateurs électriques
Histoire
Le moulin à vent est apparu en Perse pour l'irrigation dès l'an 600. Les moulins perses, découverts en Palestine par les Croisés, n'étaient pas du même type que les moulins européens. Ils étaient constitués d'une éolienne à axe vertical, confinée à l'intérieur du moulin. Des orifices dans les parois du moulin permettent à l'air de s'engouffrer pour actionner l'éolienne.
Signalé très tôt en Grande-Bretagne (Abbaye de Croyland en 870), le moulin à vent s'est généralisé en Europe vers le XIIe siècle, d'abord sur les côtes maritimes des pays du Nord : Grande-Bretagne, Pays-Bas, puis dans les pays de la bordure atlantique : Portugal, France, de la mer du Nord et de la mer Baltique : Belgique, Allemagne, Danemark, et dans les îles, y compris en mer Méditerranée. On les trouve sur des éminences, soit isolés, soit groupés en série, ainsi que dans des lieux éloignés des cours d'eau. La première attestation de moulin à vent en France, en 1170, figure dans une charte de la ville d'Arles. Il se développe dans les régions à côte venteuse même si certains seigneurs sont réticents à remplacer le moulin à eau, banalité plus robuste. En France, les seigneurs profitèrent de la construction des moulins à vent pour exiger un « droit de vent » qui fut contesté. Jean François Finot note dans son Journal, début novembre 1779, que le propriétaire d'un moulin à vent construit à Mertrud (Champagne) « n'en paie aucun cens au seigneur parce qu'il a été jugé depuis peu que le vent étant un élément libre, il n'appartenait pas aux seigneurs mais à tout le monde. » (Cahiers haut-marnais.2009)
Les Pays-Bas sont probablement le pays qui a compté le plus grand nombre de moulins à vent. Éléments caractéristiques du paysage, ils sont représentés notamment dans la peinture flamande. Les moulins à vent de Kinderdijk ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.
Belgique et Danemark
La généralisation de l'électricité dans les campagnes, et l'apparition de la minoterie industrielle, ont entraîné un rapide déclin des moulins à vent au cours du XXe siècle. L'apparition de la roue éolienne à pales nombreuses, inventée aux États-Unis, les a rendus complètement obsolètes.
Un peu de technique
L’architecture du bâtiment d’un moulin répond aux exigences de son usage et des conditions locales de topographie et de climat. La condition première est la meilleure exposition au vent : le moulin est bâti sur une hauteur, et dans ce cas la bâtisse elle-même ne nécessite pas une grande hauteur. En revanche, dans les pays de plaine, le moulin doit être assez élevé pour prendre le vent malgré les obstacles que peuvent représenter les arbres ou les constructions voisines.
Le moulin à vent classique est constitué d'une tour en maçonnerie, surmontée d’une calotte orientable dans le sens du vent, qui supporte les ailes fixées à un axe horizontal ou légèrement incliné vers le haut et un toit en bardage ; c'est le « moulin-tour ».
Parfois, c'est tout le corps du moulin, construit en bois, qui s'oriente selon le vent : c'est le « moulin sur pivot » aussi appelé « chandelier » dans certaines régions de France. Il peut reposer sur une base maçonnée ou être « assis par terre », c’est-à-dire reposer uniquement sur son socle en bois. Par leur construction en bois, ils étaient souvent victimes d’incendies ou, en temps de guerre, de destructions volontaires car constituant des repères et des moyens de communication par signaux.
Bretagne
Le moulin cavier, répandu en Anjou et les Pays de Loire, est intermédiaire entre les types précédents ; dans ce cas, seul tourne un corps mobile en bois supportant les ailes et le système d'engrenage, la « hucherolle ». La hucherolle repose sur un cône en maçonnerie, reposant lui-même sur le massereau, pièce centrale où se trouvent les meules. Cette tour est entourée d’une construction plus basse, voûtée, parfois troglodytique, semi-enterrée ou remblayée, servant de stockage, de cave, voire d’habitation pour le meunier : la masse. Selon la tradition, un âne était attelé en permanence au système d'engrenage : en cherchant naturellement à se mettre à l’abri du vent, il orientait la hucherolle et les ailes face au vent.
Le moulin à jupe, dit aussi « moulin à plateforme », ou « moulin blouse », « moulin hollandais », car largement utilisé aux Pays-Bas, est de dimensions restreintes bien qu’il puisse atteindre de grandes hauteurs pour prendre le vent. La partie basse est généralement maçonnée, la partie supérieure de la tour est en bois, de section octogonale (parfois hexagonale) évasée vers le bas, et est souvent ceinturée d’une galerie qui permet au meunier d’orienter la calotte supportant les ailes, lorsque la hauteur ne permet pas de le faire depuis le sol. Ces moulins pouvaient être construits sur des sols peu propices à une construction traditionnelle, comme les polders. Ils sont apparus en Europe occidentale au XVIIe siècle et surtout en Angleterre, dans le Kent, où plusieurs sont encore visibles.
Le tjasker représente la forme la plus simple du moulin à vent. Il est utilisé aux Pays-Bas, d’où il est originaire et utilisé depuis le XVIe siècle, exclusivement pour pomper l’eau. Il se compose d’un arbre incliné portant les ailes, reposant sur un pilier central, et prolongé vers le bas d’une vis d’Archimède. L’eau est élevée à une faible hauteur, mais suffisante pour permettre son évacuation. Il n’y a pas de dispositif d’orientation, le moulin est simplement orienté manuellement vers les vents dominants. Aujourd’hui remplacé par des pompes motorisées, il en subsiste encore environ 25 aux Pays-Bas, et quelques exemplaires en Allemagne.
Les ailes, le plus souvent au nombre de quatre, sont généralement faites d'une armature en bois supportant une toile tendue. Les formes et les matériaux utilisés sont très variables d'une région à l’autre. Les toiles varient en forme selon les types d’ailes. Elles sont généralement rectangulaires, en lin, coton ou chanvre. Elles sont parfois tannées pour augmenter leur résistance et les rendre imputrescibles et imperméables. Le tannage est à base de cachou, ou d’écorces de chêne, d’huile de lin et d’eau, appliqué sur les deux faces au moyen d’une brosse.
Tjasker
Dans les pays méditerranéens (Grèce, Espagne, mais aussi Portugal) les ailes sont composées de verges de bois, au nombre de huit à douze, sans barreaux ni lattes, haubanées entre elles, entre lesquelles sont tendues des « voiles » triangulaires. Les toiles sont enroulées sur les quatre (au minimum) vergues extérieures, et leurs extrémités attachées aux vergues intérieures.
Le langage des moulins
Les moulins, nécessairement situés en hauteur, étaient aussi des postes d’observation et, grâce aux positions qu’on pouvait donner aux ailes, des moyens de communication, avec leurs messages codés.
- les ailes arrêtées en croix de saint André (en quartier) signalaient un heureux évènement chez le meunier, que le moulin était au repos, ou le retour au calme dans un conflit militaire ;
- les ailes en croix grecque (en bout de pied) signalaient que le moulin était prêt à travailler ou appelaient au rassemblement ;
- inclinées à gauche, position « venante », elles annoncent un heureux événement comme un mariage ou une naissance, ou alertaient d'un danger militaire ;
- inclinées à droite, elles annonçaient un deuil chez le meunier ou dans le village, ou un danger militaire écarté.
D'après Wikipédia