Dimanche dernier, j’ai discuté des conséquences d’internet sur l’univers musical avec un musicien professionnel. Les gens sont prêts à payer la musique, mais plus selon les mêmes règles, comme en témoigne le succès financier de RadioHead qui propose de télécharger ses albums au prix que le consommateur souhaite payer.
Selon moi, trois scénarii sont possibles dans un avenir proche : · Une baisse drastique du prix des morceaux. · Un abonnement mensuel avec téléchargement illimité.· Le téléchargement de morceaux totalement gratuit et développement d’un nouveau modèle économique.
> Baisse des prix drastique
Le prix de 0,99€ par titre est juste exorbitant. Je refuse de payer si cher alors :
- qu’il n’y a aucun service ajouté (jaquette, booklet, photos,…), voire que l’utilisation est limitée à cause des DRM.
- que le réseau de distribution est réduit à son minimum puisqu’en prise directe avec le consommateur.
- que les coûts sont également réduits.
A 0,50€, je commencerai à réfléchir, mais au-dessus, c’est non négociable. Les majors avancent qu’en baissant les prix, elles ne pourront plus financer de jeunes talents. Certainement justifié en partie, mais quel manque de vision sur le Net !
Hier, un jeune talent envoyait ses samples à une Major, qui décidait de le produire ou pas. Les Majors servaient de filtre et faisaient la loi.
Aujourd’hui, des espaces comme My Space permettent de mettre en ligne, à la disposition de tous, ses chansons. En cas de succès, c’est le succès immédiat et ce sont les Majors qui viennent chercher le jeune talent. Une sorte d’inversion du rapport de force.
Demain, aura-t-on encore besoin des Majors dans leur fonctionnement actuel ?
> Abonnement mensuel avec téléchargement illimité
Certainement une option intéressante, mais qui pose de nombreuses questions d’utilisation.
- Un abonnement imposé à tous par l’intermédiaire des FAI ou en option ?
- Une durée de vie de lecture des chansons limitée au temps de l’abonnement ou illimitée ?
- Comment seront répartis les gains auprès des artistes ?
- …
> Téléchargement gratuit et définition d’un nouveau modèle économique
Le plus difficile à accepter pour toutes les parties prenantes, qui ont toujours vécu sur un système qui convenait à tout le monde, mais certainement le plus pertinent et le plus pérenne.
On parle de plus en plus de diversifications des revenus des artistes vers des produits dérivés, des représentations exceptionnelles, des concerts, … la chanson devenant l’appât pour vendre ces services.
Une autre option serait également celle prise par les jeux vidéos, secteur dans lequel, malgré des budgets de conception de plusieurs dizaines de millions d’euros, on parle avec insistance de la mise sur le marché gratuite.La solution qui remporte un vrai succès économique aujourd’hui repose sur les micro-paiements. Vous jouez à Fifa 2008 et vous souhaitez acheter de nouveaux maillots pour vos joueurs, ajouter de la force dans votre frappe du droit, avoir un stade plus grand, … vous achetez ces options quelques euros indolores. Les résultats financiers d’une telle pratique sont tels que la question de la gratuité se pose réellement.
Transposons cela dans la musique. Lors de notre discussion, ce musicien, Jean-François Alexandre, m’informe que des français sont en train de mettre au point un nouveau support qui permettra de changer la voix du chanteur parmi un choix prédéfini, d’enlever un instrument, ….
Quelle belle idée. Imaginez un tube de votre chanteur préféré sur lequel vous pourrez remplacer la guitare électrique par une basse ou une guitare classique ou un saxophone, …. Et vous composerez ainsi votre propre morceau interprété par votre chanteur préféré, pour moins de 1€ par option.
Cela créerait une véritable émulation entre fans, favorables à ce business.
En matière d’animation, un nouvel espace s’ouvrirait également. La meilleure nouvelle création pourrait être interprétée lors du prochain concert de l’artiste, avec présentation de l’auteur sur scène devant tout le public.
> En conclusion
Le temps n’est plus de savoir si le téléchargement de musique gratuit ou nettement moins cher arrivera, c’est une évidence, et ça peut être une aubaine.
Les acteurs doivent avoir le courage de remettre en cause un système qui a parfaitement rempli sa mission pendant des décennies, mais qui est mis hors jeu par les nouvelles technologies, comme ce sera prochainement le cas pour le cinéma. Des solutions très novatrices et riches pour les consommateurs sont à inventer et à mettre en place, c’est PASSIONNANT.
Messieurs les créatifs, au lieu de penser à protéger vos positions, étonnez-nous et on vous suivra, évidemment, et peut-être encore plus fort qu’hier. A vous de jouer !
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