Hitler apparait dans un film de propagande diffusé dans tous les cinémas du pays.
Ce court métrage fait partie d’une série de films de propagande censée illustrer les «12 valeurs» morales de la junte, qui vantent notamment le respect envers une monarchie construite sur le culte du roi, âgé de 87 ans. Pour «bonne compréhension de la démocratie», deux écoliers rivaux sont à l’école, en cours d’arts plastiques. L’un vient de réaliser un portrait d’Hitler sur fond de croix gammée, et l’autre l’applaudit.
Si le dictateur nazi n’apparaît que quelques secondes dans cette histoire, dont la morale passe-partout dit qu’il faut comprendre que gagner et perdre fait partie de la vie, les réactions ont été vives, notamment sur internet, où la vidéo a été largement diffusée sur YouTube. «C’est une incompréhension massive de l’Histoire», s’est d’ailleurs indigné, ce mercredi, l’organisation Responsible History Education Action, qui lutte contre la banalisation des références nazies dans la société thaïlandaise.
Le réalisateur du film, Kulp Kaljaruek, assure, lui, ne pas comprendre la polémique. «C’est symbolique. L’enfant va dans la mauvaise direction», assure celui dont le père dirige Kantana, le plus important studio de cinéma de Thaïlande. Et le film a été validé par la junte arrivée au pouvoir depuis un coup d’État en mai dernier.
Il est vrai que les T-shirts avec des portraits du Führer ou des croix gammées ne choquent pas en Thaïlande, moins par sympathie nazie que par manque de références historiques dans ce pays d’Asie du Sud-est où l’enseignement est critiqué pour son ethnocentrisme et ses lacunes. Ce n’est donc pas la première fois qu’une référence banalisée à Hitler y fait scandale. En juillet 2013, les étudiants d’une prestigieuse université de Bangkok avaient affiché, tout à fait officiellement, une banderole représentant Hitler au milieu de superhéros de bandes dessinées. En 2011, des élèves avaient défilé en prélude à une compétition sportive en uniformes nazis.