Pour poursuivre sur ma thématique “Psychologie de l’exploit”, je voulais vous présenter le livre du skyrunner Kilian Jornet, qui fait partie de ces “joyeux fous” qui tentent de repousser plus loin les limites de leur corps. Pour ceux qui ne le connaissent pas, ce catalan est spécialisé dans la course de montagne, l’ultra-trail et le ski-alpinisme. Il est aussi considéré comme un “extraterrestre” par ses pairs, tellement ses performances forcent l’admiration. Bien sûr il a gravi plusieurs sommets, a battu le record de l’ascension du Mont Blanc, multi-champion du monde de skyrunning. Bref, un habitué de la course au sommet (la liste est tellement longue que je vous laisse jeter un coup d’oeil sur son site).
Jornet est un profil atypique et ce livre éclaire un peu sur sa psychologie particulière, son goût du défi, son envie de solitude et sa gestion des risques. Il y a la rencontre avec son alter-égo, sa montagne. Là où la plupart des gens voient la montagne comme un risque, il la considère comme son cocon, l’endroit où il se sent lui-même: « Ma montagne est ma maison, c’est ici que je suis né et que j’ai grandi, où j’ai souffert et où j’ai ri. Ici, je me sens en sécurité quand je suis seul. C’est ici que je veux continuer de rêver. ». La montagne devient son alter-égo et est incarnée, telle une personne proche et peut-être est-ce un moyen de vivre un idéal en dehors de relations humaines qui ne seraient pas toujours satisfaisantes: « Les montagnes sont comme des miroirs, elles vous regardent nu, tel que vous êtes, sans scrupule ».
Il revient aussi sur le décès dramatique d’un compagnon de route qui lui a permis de relativiser sur sa quête d’exploit: « La victoire a perdu ce qui lui donnait un sens lorsque j’ai appris ce que perdre voulait dire. Perdre quelqu’un, c’est perdre le futur, les rêves que vous avez partagés ». On y découvre la culpabilité et le processus de deuil que peut traverser tout être humain touché par un drame.
Comme il l’admet dans les médias, cet introverti a trouvé par le biais de l’écriture, un moyen de se raconter, de se dévoiler et peut-être de mieux se cerner.
Comme il l’admet dans les médias, cet introverti a trouvé par le biais de l’écriture, un moyen de se raconter, de se dévoiler et peut-être de mieux se cerner. Au final, ce livre permet de dé-sacraliser son image d’extraterrestre, pour le rendre terriblement humain.
Petit bémol sur la forme, car les phrases sont parfois mal traduites. Il a pris le parti de se distancier de ces émotions (pour mieux s’analyser) en ayant à la fois une partie réelle puis une partie fictive sous forme de personnages dans son récit de l’Himalaya.
Retrouvez son livre “La frontière invisible” (Outdoor-editions, Novembre 2013) sur AMAZON
Pour ceux qui désirent en savoir plus, Kilian Jornet a écrit un premier livre à succès qui retrace son parcours et qui est tout autant (voire plus) intéressant pour comprendre ses motivations et son histoire.Autres articles
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