Apprendre le français ? Nein, danke !

Publié le 13 décembre 2014 par Ancre_de_chine

Le billet Parlez-vous suisse ? explique les langues pratiquées en Suisse. Jusqu'à il n'y a pas si longtemps (on remarquera la précision de mes informations), tout était clair, tout était limpide : en Suisse alémanique on apprenait le français à l'école, l'allemand en Romandie et au Tessin. Et la cohésion nationale était bien gardée. Oui, mais... les Alémaniques se débrouillaient souvent mieux que nous dans la langue apprise. Je me souviens d'être allée à Berne avec mes enfants, d'avoir voulu montrer comme c'était utile d'apprendre l'allemand en m'adressant à un vendeur dans la langue de Goethe, certainement très maladroitement, et de l'entendre me répondre dans celle de Molière. Démonstration ratée !

(Mix et Remix)

Et voilà que ces mêmes Alémaniques rechignent maintenant à apprendre le français, considéré trop difficile. Considéré inutile, qui parle encore le français de nos jours ? A Schaffhouse, tout au nord, territoire suisse entouré de terres allemandes  (SH sur la carte), on a tranché en faveur de l'anglais. Dans les cantons de Lucerne et de Nidwald (Suisse centrale), on penche aussi pour cette solution, tout comme en Argovie (AG, à côté de Zurich), aux Grisons (GR, est) et en Thurgovie (TG, nord-est). Bref, c'est la crise.

Le désamour des Alémaniques pour la langue de Molière s’affiche partout. Fait avéré ou simple impression? La réponse se doit helvétique : ça dépend des cantons !
 Que l'allemand ait été mal enseigné en Suisse romande - de manière beaucoup trop académique en tout cas - durant des décennies ne fait aucun doute. Personne ne le conteste. Le problème est strictement le même en Suisse allemande pour l'apprentissage du français, raison pour laquelle on entend des élèves parler de Scheissfranzösisch (français de merde) à la récré. Des deux côtés de la Sarine, de nouvelles méthodes d'enseignement se mettent lentement en place. Mais il faudra au moins dix ans pour qu'elles portent leurs fruits dans la pratique.

L'apprentissage des langues nationales (Maret, Migros Magazine)

Ce n'est pas tellement le fait que le français soit moins populaire, c'est une évidence, pas seulement en Suisse, mais aussi, surtout, dans le monde. Pourtant le français est l'une des six langues officielles des Nations Unies (avec l'anglais, l'arabe, le chinois, l'espagnol et le russe). Pourtant elle a été la langue des cours royales et princières, des tsars de Russie aux rois d’Espagne et d'Angleterre en passant par les princes de l’Allemagne. Pourtant elle demeure une langue importante de la diplomatie internationale aux côtés de l’anglais, de l'allemand et de l’espagnol. Pourtant la chaîne francophone internationale TV5 Monde est devenue dans les années 2000 l'un des 3 plus grands réseaux mondiaux de télévision, aux côtés de MTV et de CNN. Pourtant la charte olympique précise toujours : " Les langues officielles du CIO sont le français et l’anglais. (…) En cas de divergence entre le texte français et le texte anglais de la Charte olympique et de tout autre document du CIO, le texte français fera foi sauf disposition expresse écrite contraire. " Pourtant la seule langue officielle de l’Union postale universelle est le français. Alors quoi, les Suisses allemands ?

Bien sûr nous pourrions nous énerver et décider que nous aussi nous allons laisser tomber l'allemand. Mais nous sommes une minorité dans ce pays. Quelle que soit la carrière professionnelle choisie, de bonnes bases d'allemand sont indispensables, de suisse allemand encore mieux... Ou alors, malgré nos 4 langues nationales, allons-nous finir par communiquer en anglais ? A suivre...
Pour en savoir davantage sur le sujet : http://www.hebdo.ch/les-blogs/la-r%C3%A9daction-en-ligne/quand-les-al%C3%A9maniques-prennent-position-pour-le-fr%C3%BChfranz%C3%B6sisch