le #FN, un parti #LGBT ?

Publié le 13 décembre 2014 par Mister Gdec

A propos de la polémique du moment, qui secoue toute la classe politique et au delà, quelqu’un sur un réseau social quelconque exprimait l’étrange paradoxe qu’il y avait à s’indigner de ce que ce papier de cabinets qu’est Closer révèle l’homosexualité d’un homme politique d’extrême droite tout en ne s’interdisant pas de le citer nommément. Je souscris tout à fait à ce propos. Il est d’ailleurs parfaitement illustré par l’hypocrisie d’ un bon nombre de médias qui se sont sentis autorisés à s’emparer du sujet qui fait manifestement leurs choux gras,  tout en faisant mine de s’indigner des pratiques de Closer… alors qu’ils citaient nommément « l’impétrant ». L’un de ces médiacrates est même aller jusqu’à titrer que « l’outing du Monsieur est une atteinte à la démocratie », comme si notre pays aller sombrer dans le chaos parce que ledit Monsieur aimait un homme… Alors qu’on ne fait pas tant de chichis quand un journal révèle le nom de la compagne de tel ou tel homme politique, photos volées à l’appui. Certains faits précédents du même ordre n’ont d’ailleurs pas soulevés les mêmes questions ni la même indignation me semble-t-il, y compris quand elles concernaient des personnages de l’Etat de premier plan. L’orientation politique des un(e)s et des autres, du moment qu’elle se déroulent entre adultes consentants, ne me regarde absolument pas, je n’ai pas à le savoir, et cela n’a franchement rien à voir avec la politique telle que je la veux traiter ici. En outre, il m’apparait, à mon humble avis, que notre démocratie est bien davantage mise en danger par certaines pratiques du gouvernement devenues si banales, contre lesquelles on ne s’indigne plus guère… alors que notre humanisme le plus élémentaire nous obligerait à le faire davantage encore.

Depuis cette publication lamentable de Closer, l’homme est sorti du bois en décidant de porter plainte et son parti le soutient, déclarant partir en guerre contre ce genre de publications ignobles… Comme si Minute ou Valeurs actuelles n’étaient pas tout autant des torchons… Voilà en tous cas un sacré tour de force et de passe-passe de la part de notre système politico-médiatique dominant : faire passer le FN pour un parti vertueux, qui se soucierait des droits des homosexuels dans notre pays, alors qu’une bonne part de ses militants, sympathisants, et élus,  sont parmi les plus violents homophobes, comme certains ne vont pas tarder à le découvrir…  :

Pour clore le chapitre, qui ne mérite pas autant de tapage qu’on en fait, et nécessite d’être relativisé, il importe de porter au dossier la position de l’Association des journalistes LGBT, que je porte à votre connaissance par souci d’objectivité :

Réaction de l’AJL à l’Affaire Closer-Philippot :
Pourquoi la révélation de l’homosexualité d’une personnalité publique peut être utile

Ce vendredi 12 décembre, le magazine Closer révèle l’homosexualité de Florian Philippot, député européen FN et vice-président du parti de Marine Le Pen. A cette occasion, l’Association des Journalistes Lesbiennes Gay Bi.e.s et Trans (AJL) rappelle son attachement au respect de la vie privée. Mais elle appelle de ses vœux une évolution des mentalités et de la législation, afin que l’homosexualité ne soit pas automatiquement reléguée à la sphère privée (quand l’hétérosexualité, elle, est toujours publique), et que la conception parfois très restrictive de « vie privée » ne serve pas d’excuse pour entraver la liberté d’informer.

En France, la jurisprudence est ambiguë au sujet de « l’outing » -une pratique née au sein de l’activisme anglo-saxon pour dénoncer les incohérences de personnalités gay ou lesbiennes opposées aux droits des LGBT, et reprise aujourd’hui par la presse. En 2004, Jean-Luc Romero a réussi à faire condamner un magazine qui l’avait « outé », pour atteinte à la vie privée. Depuis, peu de journalistes s’y risquent. Pourtant, en 2005, la justice a débouté Marc-Olivier Fogiel et Stéphane Bern de leurs plaintes contre l’Expansion, car les juges ont considéré que les deux animateurs avaient déjà donné des indications sur leur orientation sexuelle dans la presse et qu’il n’y avait donc pas atteinte à la vie privée. Dans un livre paru en décembre 2013, Octave Nitkowsky a révélé l’homosexualité de deux responsables du Front national dont Steve Briois, le maire d’Hénin Beaumont. Poursuivi, l’auteur a finalement pu conserver les passages évoquant l’homosexualité du plus connu des deux, soit Steve Briois. La cour d’appel de Paris a en effet estimé que«le droit du public à être informé de l’homosexualité de M. Briois (primait) sur le droit au respect de ce pan de sa vie privée». Selon les juges, Steeve Briois, secrétaire général du FN, «est une personnalité politique de premier plan», dans une «commune dont le livre rappelle l’importance dans la stratégie de conquête électorale menée par le Front national». Ils ont souligné que «l’évocation de l’homosexualité de M. Briois (…) (était) de nature à apporter une contribution à un débat d’intérêt général», particulièrement puisqu’il a des responsabilités dans un parti connu pour ses positions homophobes. Jean-Marie Le Pen notamment s’est plusieurs fois distingué pour ses propos stigmatisant les homosexuel-le-s et les personnes vivant avec le VIH. Qu’en est-il avec Florian Philippot ? N’occupe-t-il pas lui aussi des responsabilités dans un parti connu pour ses positions anti-égalité ? N’est-il pas l’un des plus proches conseillers de Marine Le Pen, qui a longtemps hésité quant à l’attitude à adopter face à l’ouverture du mariage pour les couples de même sexe ? Près d’un an et demi après l’adoption de la loi, la révélation de son homosexualité permet peut-être de commencer à comprendre la relative discrétion de la direction du FN lors des « débats » et des manifestations anti-égalité. En cela, et seulement en cela, elle peut être utile.(source)