Our Girl est une série de cinq épisodes qui ont été diffusés du 21 septembre au 19 octobre sur les ondes de BBC One. En mars 2014, la chaîne a lancé un téléfilm éponyme avec les mêmes acteurs. Dans ce dernier, on y suit Molly (Lacey Turner), une jeune femme qui vit dans l’East End de Londres au moment où elle annonce à sa famille qu’elle veut rejoindre les forces armées en tant que médecin. À force de persuasion, elle parvient à rassurer ses parents et la fiction se termine alors qu’elle s’apprête à partir. Le téléfilm ayant rassemblé 6,3 millions de téléspectateurs a convaincu la BBC d’en faire une série qui nous amène six mois plus tard sur une base anglaise en Afghanistan alors qu’elle y effectue sa première mission en tant que médecin aux côtés de ses collègues militaires; tous des hommes. Il n’est pas aisé pour Molly de prendre sa place dans ce milieu machiste, d’autant plus que son collègue Dylan (Iwan Rheon) surnommé « Smurf » est amoureux d’elle, de même que le Capitaine de l’unité Charles James (Ben Aldridge). En parallèle, l’équipe essaie tant bien que mal d’apporter une certaine stabilité dans la région pendant que des groupes talibans menacent à tout moment de les attaquer. Étant l’une des rares séries militaires sur les écrans de nos jours, Our Girl tire assez bien son épingle du jeu, malgré un triangle amoureux qui n’était pas nécessaire. Néanmoins, celle-ci se rachète lorsque vient le temps de nous dépeindre un quotidien difficile sur le terrain, et ce, sans tomber dans la caricature ou la propagande.
Sortir du moule
Très peu de séries ayant pour cadre l’armée voient le jour à la télévision. C’est que maintenant, on ne pourchasse plus ou très peu les terroristes sur le terrain (en fiction du moins), mais devant des écrans d’ordinateur, que l’on pense à State of Affairs ou Homeland. D’autres comme The Blacklist, Legends ou Crossing Lines ont bien pour thème la traque de terroristes, mais ceux-ci opèrent dans leur propre pays. À l’opposé, on avait Combat Hospital dans laquelle une équipe médicale opérait des patients à Kandahar, mais il était davantage question de transfert du genre médical dans un décor plus exotique. Our Girl ne se cantonne pas à un seul créneau et c’est là toute sa force. Les scènes où Molly exerce son travail sont infimes et c’est davantage le quotidien des militaires qu’on nous dépeint : des moments de rigolades aux exercices jusqu’aux visites sur le terrain. La série nous présente une telle immersion que lorsque Smurf et Molly sont en permission en Angleterre dans le troisième épisode, on souhaite (tout comme les protagonistes) leur retour en Afghanistan, là où est toute leur vie. Et contrairement aux séries mentionnées ci-haut, celle de la BBC n’est pas construite sous forme de procédural alors que l’intrigue s’étend sur toute une saison. On n’est donc pas dans les historiettes dont il faut vite trouver une issue à chaque fois, mais dans un roman où l’intensité augmente au fil des épisodes et qui mérite d’être vu jusqu’à la fin.
Un genre jonché de mines
Des Anglais qui débarquent en terre étrangère pour améliorer le sort de la population locale; rien n’est moins simple d’un côté comme de l’autre. Our Girl nous présente des militaires qui en toute bonne foi veulent offrir une vie meilleurs aux habitants. Certains Afghans se rangent de leurs côtés, alors que d’autres sont persuadés que depuis leur arrivée, ils ne font qu’empirer les choses. Il aurait été facile de généraliser et de se cantonner au tandem bons/méchants, mais Our Girl évite le piège, principalement parce qu’elle est apolitique. On met donc l’emphase sur l’être humain et non les jeux de coulisses et intérêts géostratégiques. La série n’est pas exempte de dissensions pour autant. Smurf, dont le frère jumeau a été tué par des talibans et entretient une rancœur par rapport à tout ce qui est musulman. À l’opposé, un soldat de cette origine qui collabore avec la troupe de James voit d’un mauvais œil l’arrivée de Molly : une femme n’ayant rien à faire dans l’armée selon lui. Pourtant, chaque protagoniste fait son bout de chemin et en rien les dissensions internes ne les détournent des véritables ennemis : les talibans. Là-dessus, la série est impitoyable et n’hésite pas à montrer les actes abjects dont ils sont capables, notamment à l’égard de Bashira. Our Girl nous montre donc un portrait complet de la situation, sans complaisance et qui nous offre de bons moments de fiction, comme l’écrit Christopher Stevens dans sa critique : « It conveys the heroism and decency of British forces in Afghanistan, as well as the enervating heat and the claustrophobic threat of enemy attack. »
Le pari de transformer son téléfilm en série aura payé pour BBC puisqu’elle a rassemblé en moyenne 5,5 millions de téléspectateurs. On ne sait toujours pas à ce stade s’il y aura une seconde saison, mais une chose est sûre, le drame entourant le dernier épisode vaut le détour… préparez vos mouchoirs.