Absente des négociations depuis la COP 17 à Durban en 2011, l’agriculture a refait surface en juin 2014 avec un programme de travail proposé par le SBSTA, qui s’organisera autour de 4 ateliers répartis en 2015 et 2016. Ces ateliers, centrés sur l’adaptation permettront d’avancer sur les questions scientifiques et techniques. Leurs conclusions devraient alimenter les négociations internationales en 2015 et 2016 de façon à avancer vers une décision sur les questions agricoles. Mais ne rêvons pas trop, car les divergences entre pays sont encore très importantes. Certains pays dont les modèles agricoles sont les plus polluants mettent tout en œuvre pour ne pas avoir à discuter de ce que pourraient être des modèles agricoles durables au service de la sécurité alimentaire et nutritionnelle de tous.
A défaut de porte ouverte durant les négociations à venir, nous avons quand même aperçu une étroite fenêtre qui a permis de glisser l’agriculture dans les salles de négociation : l’agroforesterie et le sylvopastoralisme seront les nouvelles activités éligibles pour des financements dans les mécanismes de développement propre (MDP)[1].
En parallèle, et en dehors de cet espace des Nations Unies, la GACSA (Alliance Globale sur l’Agriculture Intelligente face au Climat) continue d’avancer. Lancée en septembre 2014 au sommet de Ban Ki Moon pour « accroître la sécurité alimentaire et nutritionnelle mondiale face au changement climatique »[2] et ouverte à tous types d’acteurs, la GACSA, à laquelle ont adhéré 17 pays préparera formellement son programme de travail lors d’une réunion du secrétariat à Rome les 17 et 18 décembre prochains. Les fortes réticences d’une grande partie de la société civile internationale lors de son lancement perdurent[3] . Et il devient de plus en plus clair qu’elle va devenir l’anti-chambre des négociations sur l’agriculture. De parole de négociateur : tout le monde est libre d’entrer dans cette alliance et il n’est pas question aujourd’hui de préciser les pratiques qui seront portées, ou encore moins d’exclure d’autres pourtant nuisibles à l’environnement et à la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Il est plus qu’urgent que la France clarifie son positionnement : en termes de modèles agricoles tout d’abord, sont-ils tous « climate smart » ? Et en termes de gouvernance ensuite, souhaite-elle favoriser des discussions en dehors du cadre des Nations Unies ? A la veille de la présidence française pour la COP21, voilà qui serait un bien mauvais signal…
Peggy Pascal (Action contre la Faim), Katia Roux (Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières), Maureen Jorand (CCFD-Terre Solidaire), Vanessa Laubin (Geres)
[1]Pour le meilleur et pour le pire, dans la mesure où les discussions parallèles sur la réforme du MDP sont, elles-mêmes, complètement bloquées…
[2]Site web de la FAO
[3]Voir la Note de Coordination Sud – (CCD C2A)- Global Alliance on Climate Smart Agriculture : un jeu de dupes ?
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