C’est que la mode est aux bavaroises et aux entremets qui doivent être conservés au froid. Toute son équipe angoisse en surveillant la météo parce que les clients ne songeront pas toujours à réserver de la place dans leur frigo pour le dessert. Gare à l'effondrement du produit en cas de douceur météorologique.
On ne peut servir la buche que sur une assiette. La galette, à l’inverse se mangera assis aussi bien que debout.
C’est un moment convivial de partage en famille, entre copains ou collègues. Même si l’enjeu est dérisoire cette pâtisserie joue sur le suspens : qui sera roi ou reine cette fois ci ? Alors on en achète volontiers plusieurs à la suite.
Les chefs martèlent le nouveau credo sur les produits de saison. L’injonction est arrivée en pâtisserie. Eric fait partie de ces artisans qui collent leur activité au calendrier. Tout est conçu en fonction des saisons … et des fêtes.
On trouve donc la tarte aux quetsches en septembre dans ses boutiques, vite suivie de sa sœur aux mirabelles. En ce moment c’est le Stollen et le pain d’épices, exactement comme le faisait son arrière grand-mère, pas trop riche, avec une juste proportion de fruits. Vous allez pleurer prédit-il.
C’est effectivement une révélation et je ne suis pas surprise d’apprendre que des personnes n’aimant pas le pain d’épices adorent le sien. Il est très anisé, avec un subtil parfum de girofle, des fruits secs et de gros fruits moelleux. La fermentation est totalement naturelle, ce qui donne un gâteau finement alvéolé. On est loin du pain aux fruits confits qui colle aux dents.
Et si le kouglof est présent à longueur d’année c’est juste parce que le pâtissier reste fidèle à ses racines alsaciennes. La recette d’origine, si agréable au petit-déjeuner, et pas la version moderne aux lardons et champignons qui n’est pas très convaincante.
On imagine difficilement qu’Eric n’aime pas les marrons. Il est malgré tout en train de réfléchir à une recette de Mont Blanc. Et des quatre buches qui sont déjà à la carte c’est la version aux marrons qui a ma préférence (je n’ai pas gouté celle qui est au café), juste devant la version citron.
Pour cette année, il y aura donc chez Eric Kayser une buche au citron meringuée.
Eric a ouvert sa première boulangerie à Paris au 8 rue Monge, tout près de la Mutualité. On y trouvait du pain, des tartes, de la viennoiserie, des sandwichs.
La deuxième a vite suivi en prenant une orientation bio. La troisième s’est dotée d’un restaurant boulevard Malesherbes. C’était il y a 12 ans.
Il s’implante aussi à l’étranger, avec notamment 4 boulangeries à New York. Il est présent au Mexique, au Cambodge. Cela exige un certain sens de l’adaptation.
Il nourrit le projet de travailler en étant tourné toujours plus sur la nature, la tradition, tout ce qui fait les fondamentaux, dans le respect des saisons.
Le choix des matières premières est crucial. Il faut prendre des farines sans produits chimiques ajoutés, une eau filtrée, très peu de levure ou de levain. Respecter les temps de fermentation préconisés dans les recettes.
La tourte de pain au levain est faite à l’ancienne avec de la farine de meule, du gros sel de Guérande, de l’eau filtrée, du levain naturel.
Les pains sont pétris et cuits sur place. Nos avis divergent un point. Il me semble que les grands classiques, comme la tourte de meule n’ont pas exactement le même goût dans chaque boulangerie. Cette différence fait le charme, me dit une cliente, et cela confirme la dimension artisanale de l’entreprise.
... car si la saison des bûches est courte, celle du pain est intemporelle !