C'est encore le hasard qui m'a fait tomber sur ce bouquin (écrit en 1964) dans une librairie de Tours il y a quelques jours. La couverture m'a plu. Et puis cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un roman de Patricia Highsmith. Très bon timing pour ce roman que j'ai eu envie de retrouver chaque soir après une journée de boulot (trop) bien remplie. Fuyant leur pays au risque de se retrouver en prison, un couple d'américains se retrouve en Grèce dans la peau de simples touristes. Sur le point d'être démasqués, le mari, Chester Mac Farlant tue accidentellement un policier. Ils vont être miraculeusement aidés par Rydal Keener, un jeune américain qui observait ce couple depuis quelque temps...Ces trois personnages vont être liés malgré eux plus de temps qu'ils ne l'auraient souhaités. Décidément, Patricia Highmisth fait la part belle aux personnages doubles, troubles et ambiguës. Dans L'inconnu du Nord-Express (1950), deux hommes vont échanger leurs meurtres à accomplir, dans Le talentueux Monsieur Ripley (1955), celui-ci prend l'identité d'un autre.
Ici, elle déploie une nouvelle fois tout son talent pour une solide intrigue qui se complexifie peu à peu, avec des personnages à la psychologie travaillée. Très subtile et convaincante, elle emmène son lecteur dans les ruines de la Grèce antique en explorant les deux faces du dieu Janus (le mois de janvier dans l'antiquité) à travers deux hommes au destin lié. Si la couverture du roman est celle du film sorti cette année, il convenait de voir cette adaptation après lecture. Si celle-ci prend certaines libertés quant au scénario de départ, elle n'en reste pas moins assez fidèle même si elle apparaît plus manichéenne que le roman (Bah oui, pas très étonnant, mais bon...). Une distribution alléchante (Viggo Mortense, Kristen Dunst et l'irrésistible Oscar Isaac) pour un film qui se laisse regarder avec plaisir qui n'est pas sans rappeler Plein soleil (ok de loin...mais quand même). La bande son signée Alberto Iglesias (le talentueux compositeur des films de Pedro Almodovar) ce qui n'a pas été pour nous déplaire.