Première publication le 30 mai 2007
Sven, un jeune allemand, arrive à Auschwitz pour effectuer son service civique, sur les lieux même de ce qui a été le plus sordide crime contre l’humanité du XXème siècle. Il est affecté auprès de Krzeminski, un survivant octogénaire qui continue de vivre sur le camp.
Le film de Robert Thalheim ne prend pas la forme d’un examen de conscience. Sven débarque timidement à Auschwitz. Il est « l’Allemand » et, même si les tensions avec le peuple polonais sont aujourd’hui apaisées, Sven sait qu’il porte sur ses épaules un lourd héritage. Il se doit d’être attentif à ses paroles, à ses actes. Les plaisanteries douteuses de quelques rescapés (« demande-lui si son grand-père est lui aussi déjà venu travailler ici ») ne peuvent masquer le malaise qui subsiste.
Krzeminski, un octogénaire survivant du camp, ne facilite pas la tâche de son auxiliaire. Il est un vieil homme aigri, qui ne supporte pas de se sentir faible. Ses rapports avec Sven sont tendus et le passif des Allemands en terre polonaise n’y est sans doute pas pour rien. Sven reste néanmoins suffisamment attentif et sérieux pour être très généralement bien accepté par ceux qui vivent ici.
A travers la relation qu’il noue avec la très charmante Ania, une autre question surgit : l’enracinement à sa terre natale peu importe qu’elle ait été le théâtre d’horreurs inconcevables. Ania n’a pas connu la guerre, elle a grandit sur ces lieux et a du mal à envisager de partir. On ne peut pas dire que le passé n’a aucune prise sur elle mais elle est logiquement moins affectée que Krzeminski. Le vieil homme est lui lié à cette terre pour la vie. Sa famille n’arrive pas à le convaincre de les rejoindre pour une vie plus facile auprès de ceux qui l’aiment. Krzeminski est traumatisé par la guerre et a besoin de vivre avec ses souvenirs. Sur le camp, il est d’ailleurs le dernier à les évoquer auprès des étudiants en visite, le dernier à rappeler ce qu’il a vécu à l’occasion des commémorations qui s’organisent. Mais au final, Krzeminski effectue un constat tragique. Alors qu’il vient d’être interrompu dans un de ses discours de mémoire, le vieil homme sent que sa place n’est plus ici. « Ce que j’ai vécu n’est plus important, « La Liste de Schindler » leur fait plus d’effet ».
Et puis les touristes est un film apaisé, sans colère ni ressentiment, mais simplement humain. Le sujet était tout de même sensible mais Robert Thalheim arrive à nous toucher sans heurt. Le cinéaste signe là son second film, après Tout ira bien, sortit il y a tout juste un an en France.
Benoît Thevenin
Et puis les touristes - Note pour ce film :
Avec Alexander Fehling, Ryszard Ronczewski, Barbara Wysocka, ...
Année de production : 2007
Sortie française le 14 mai 2008