Voir Indiana Jones à Cannes et mourir... Non, il ne faut pas déconner à ce point, d'autant plus que l'exclu n'est que très relative. Mais voilà, c'est avec un enthousiasme débordant que l'on a pu pénétrer dans la salle du Palais pour découvrir un peu avant tout le monde le film le plus attendu de l'année, voire de ces dernières années.
Disons le tout de suite, les réactions du public - composé pour une partie de fans purs et durs et pour l'autre de spectateurs moins familiés de l'univers du docteur Jones - auront été plus que tièdes... et c'est un indice qui ne trompe pas... Disons le aussi, ici nous ne sommes pas des fans hardcores de la saga, juste nous avons beaucoup - et plus encore même - de sympathie pour la trilogie initiale. Alors forcément, la question que la plupart se pose encore à l'heure où ces lignes sont écrites, est de savoir si oui ou non, Indy méritait le buzz savament entretenu par George Lucas et Steven Spielberg ?
La réponse est oui, indubitablement, et parce qu'il y a plus d'inventivité dans cet épisode que dans n'importe lequel des films d'aventure sorti en salles depuis près de 25 ans. Il faut faire confiance à Steven Spielberg et à son talent incontestable de metteur en scène. Le rythme fou dans lequel nous sommes tout de suite plongé permet de revenir sans préambule aux sources du divertissement, ce dont Indy et Spielberg sont justement d'une certaine manière, les chantres. Le rythme ne sera pas éfreiné jusqu'au bout mais on ne peut pas dire non plus que l'on s'ennuie une seconde. Qu'est ce qui fait qu'Indy déçoit alors une partie de son public ? La collusion entre deux univers essentiels du cinéaste, la cohabitation aussi entre une esthétique un peu cheap, proche des autres Indiana, et des effets-spéciaux modernes et pourtant un peu bidon (parfois).
Pour Indy 4, Spielberg a réuni sa dream-team : George Lucas a la production, évidemment, David Koepp pour le scénar et Janucz Kaminski à la photo. Ce n'est pas forcément gage de réussite. La photo de Kaminski, particulièrement bien léchée semble comme pensé pour lisser au mieux les visages de quelques vieux acteurs... Karen Allen est celle qui en souffre le plus, d'autant plus que son jeu et son personnage de Marion sont particulièrement déplorables ici. Et c'est le gros gros point noir du film. Harrison Ford lui aussi est clairement vieillissant mais il s'en tire de manière honorable. Il est juste trop vieux pour les cascades d'antant. Shia LaBeouf prend peu à peu le relais même si justement, dans sa conclusion, Spielberg indique clairement que le temps d'Indy Jr n'est pas encore venu.
Finalement, Indy 4 laisse une impression de déjà vu. C'était peut être mieux avant mais ça n'empêche pas de s'amuser quand même. C'est toujours un pur bonheur de voir ses aventures se poursuivre, même si Spielberg s'amuse à prendre le contre-pieds de l'attente suscité. Ce quatrième volet s'adresse t'il aux fans ? On les laissera se prononcer. Nous, malgré nos réserves, ont à carrément pris notre pied.
Benoît Thevenin