Pour lâcher les chevaux Marly semblait plus appropriée. Mais c'est bien la ville de Versailles qui ces derniers jours a pointé son frais minois à la Une de l'actualité
sportive en se portant candidate à l'organisation du grand prix de formule 1 en région parisienne, dont rêve depuis si longtemps la Fédération internationale de sport automobile.
La France ayant toujours pour habitude d'être plus royaliste que le roi, c'est donc sur un plateau que le maire de Versailles a décidé d'offrir sa ville et son cadre prestigieux comme terrain de
jeu à son Altesse sérénissime Bernie Ecclestone. Ah, la brillante idée et justifiée par la TRADITION en plus… Quand à Versailles le mot est dégainé, plus de contestation possible ! Il
fallait entendre pérorer le premier édile local, dans son bureau décoré de voitures miniatures, justifiant cette candidature par l'accueil à deux reprises il y quelques années du départ de
Paris-Dakar.
Quoi merde, à Versailles on sait aussi se mettre les mains dans le cambouis ! En matière de tradition, on s'étonne d'ailleurs que le maire ait
négligé, pour justifier cet engouement soudain pour la F1, d'évoquer ces rallye bon teint auxquels s'adonne depuis des génération la jeunesse locale. Entre deux orangeades, on
emprunte la deudeuche de l'oncle Paul pour se mesurer sur un parcours semé d'énigmes à résoudre du genre "Quand fut signé le traité de Saint-Clair-sur-Epte ?" ou "Qui
assassina Henri IV ?" et finir par une surprise-partie endiablée dans la maison familiale. Non d'un petit moteur ! Et puis, le maire de Versailles n'a, affirme-t-il, cessé depuis son
élection d'affirmer qu'il ne souhaitait pas présider aux destinées d'une "ville-musée". Là mon brave Étienne, tu as plutôt mal choisi ton mandat. À Stains ou à Sartrouville, tu n'aurais
pas eu ce genre de souci, mais dans la ville lumière, il faut savoir se contenter du château du Roi Soleil, des cars de touristes, des cols Claudine et des jupes plissées à la messe dominicale,
sinon gare à la sortie de route !
Mais peut-être, bien que n'étant pas Versaillais, suis-je trop conservateur ? Peut-être n'ai je pas encore suffisamment une mentalité de colonisé
pour me damner, afin que le plan de bolides vrombissant autour d'un des plus célèbres monuments de France fasse de CNN à NBC le tour des écrans planétaires ? Car tout n'est encore
ici que question d'image. Revenu depuis longtemps de Magny-Cours où les toquades mitterrandiennes ont envoyé le Grand Prix de France, le père Bernie souhaite voir ses joujoux se rapprocher de
Paris. Donnez-lui la Galerie des Glaces rénovée pour installer ses stands et il vous dansera une gigue ! À condition que l'événement fasse parler de leur chère cité, certains élus sont
visiblement prêt à faire de même… Pour ma part, je pense que l'univers minéral de La Défense et son boulevard circulaire ou celui enchanté de Marne-la-Vallée et son "Disneyland Circus" se
prêteraient mieux à l'exercice. D'autant qu'au Royaume magique, pour renouer avec la "tradition" des manèges, on pourrait proposer aux pilotes des secondes de bonification, pourvu bien sûr qu'ils
tirent au passage la queue du Mickey…