Revisiter, critiquer le passé pour le comprendre, soit. C’est une sorte de « droit d’inventaire ». Mais qui sont-ils, ces acteurs chiliens pour s’en prendre allègrement, et grossièrement, à l’histoire ? Surtout, on ne dit rien d’eux, on tente de faire du verbiage autour d’un spectacle plein de facilités, de cris, mais comme ça ne suffit pas de crier, on ajoute des micros et de la vidéo (j’ai même espéré un temps - mais ça n’a pas duré - qu’il y aurait une réflexion sur ces outils, mais même ça ils ne l’ont pas réussi). Déconstruire la fin de Salvador Allende, la réécrire façon communicants d’aujourd’hui, réduire le Président à un personnage manipulé (qui résiste quand même… en s’endormant !) de toutes parts, et surtout par ses proches, ça pourrait produire quelque chose d’intéressant. Mais la manipulation du public est une honte pour qui dénonce la manipulation : les rires qu’on va y chercher quand une femme montre ses seins (et pas à la manière des Femen !), les mains qu’on fait lever pour un engagement que personne ne tiendra (puisque tout le monde croit que c’est un jeu), l’opposition abusive et prétentieuse entre social et artistique… Qu’ils retournent donc à leur bourgeoisie, eux qui prétendent la vilipender. Et que les spectateurs qui se lèvent à la fin pour applaudir se demandent donc ce qu’ils ont applaudi, une triste imagination qui ne fait que se vautrer dans un passé inventé, révisé, incapable qu’elle est de travailler, malgré son titre, à l’avenir.
J'ai vu ce spectacle aux Abbesses, à Paris.