C'était son jour. Le ministre de l'Economie devait présenter sa fameuse loi "sur l’activité et la croissance" en Conseil des Ministres.
Macron a un problème avec sa gauche, l'expression est faible. Sa loi est curieuse. Comment ne pas se souvenir d'une autre époque, pas si lointaine, que l'on appelait Sarkofrance ?
DimancheAu secours des propositions de libéralisation partielle du travail le dimanche, on a tout entendu, y compris le représentant des commerces de l'une des avenues les plus huppées de Paris, l'avenue Montaigne. A cause de cette fichue limitation à 5 dimanche d'ouverture par an, Christian Dior manque quelques ventes précieuses auprès de touristes chinois et qatari. Macron propose de monter à 12 dimanche. Le Parti socialiste, par la voix faussement énervé de son secrétaire général, a crié qu'il ne transigerait pas à moins de 7.
Cette incroyable faculté de présenter comme moderne des dispositions qui nous ramenaient dans l'ancien monde, celui des Zola et autres Victor Hugo, dans la préhistoire du capitalisme, était fascinant. En 1906, quand le repos dominical fut enfin imposé aux entreprises y compris commerciales. Cent huit plus tard, un énième politique tentait d'expliquer que la modernité se logeait dans cet incroyable retour en arrière.
Si l'on considérait le sujet d'un point de vue macro-économique et social, on s'attarderait sur trois enjeux de cette libéralisation du travail le dimanche: primo, en ces temps de crise, qui peut penser que les consommateurs vont soudainement avoir davantage d'argent sous prétexte qu'un septième ? Secundo, qui des grandes et des petites enseignes en profitera au mieux ? Tertio, combien de temps encore les salariés contraints/motivés à travailler le dimanche seront rémunérés plus fortement que les journées anciennement "normales" ?
"Mon objectif de député de gauche, ce n'est pas de voter toutes les mesures que M. Sarkozy n'avait pas réussi à voter et qu'on avait combattues dans l'opposition" Pascal Cherki, député socialiste.
Déchet
Finalement, à la dernière minute, Macron céda à la pression des écologistes, preuve que la pression a du bon. Le projet Cigéo d’enfouissement de déchets radioactifs fut retiré à la dernière minute.
Fourre-toutBrasser large permet parfois de limiter la casse. A force de déranger tout le monde, les promoteurs de la loi s'imaginent passer entre les gouttes, que les cris des uns annuleront ceux des autres. Notaires, huissiers, avocats, commissaires-priseurs, greffiers, écologistes, syndicats, etc... Qui manque à l'appel ?
Professions réglementéesMacron a repris quelques-uns des objectifs d'Arnaud Montebourg. L'ancien champion du redressement productif, débarqué du gouvernement le 8 septembre dernier, avait convié le banc et l'arrière banc de la presse pour lancer l'assaut contre les professions règlementées en juin dernier. Le gouvernement croit toujours qu'il va "rendre du pouvoir d'achat aux Français" en réduisant les tarifs des notaires et des avocats (sic!).
GaucheA force d'être maladroit, ce gouvernement tente de paraître un peu à gauche. Il y a bien une disposition contre les retraites chapeaux. C'est nécessaire mais symbolique.
LicenciementS'il a évité à la dernière minute de toucher aux seuils sociaux de représentation du personnel, le texte de loi entend autoriser l’employeur à fixer unilatéralement les critères d’ordre des licenciements. Et la suppression de la pénalisation du délit d’entrave qui ferait "peur" aux investisseurs étrangers. AutocarMacron aimerait aussi libéraliser le transport par autocar. Il prévoit même un prix inférieur au train pour les nouvelles dessertes par autocar...
Prévisions
Last but not least, les services de Bercy évitaient d'être trop ambitieux pour les retombées économiques de la dite loi. L'argument était pourtant posé: cette loi devait "libérer l’activité, stimuler l’investissement et développer l’emploi ". Pourtant, en matière de prévisions, il n'y avait rien. Ou si peu.
On pensait rêver, c'était un cauchemar.
Show
Juste après sa présentation en conseil des ministres, le premier ministre lui-même se mettra en scène dans un salon de l'Elysée, pour défendre et présenter la loi à la presse, le tout flanqué d'Emmanuel Macron, mais aussi Christiane Taubira, Michel Sapin, François Rebsamen, Carole Delga, Thierry Mandon, Sylvia Pinel, et même Alain Vidalies.
"On nous promet toujours que les textes ne passeront pas. Or regardez la confiance, les budgets, la réforme des régions qui ne devait pas se faire, la réforme des allocations familiale… Moi, je suis toujours optimiste." Manuel Valls
A qui sert Emmanuel Macron ?
"Ce que propose aujourd'hui Emmanuel Macron va véritablement dans la bonne direction. Sur les professions réglementées il y a un certain nombre de corporatismes qu'il faut faire évoluer" expliqua un représentant du Medef.
Sans blague.
Sarkozy enrôle Michelle Obama pour le travail... par liberation
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