C’est avec la permission de la famille que je peux vous en causer un brin.
Je me souviens du choc brutal qui m’a secouée, quand ma cousine m’annonça le diagnostic officiel. Quoi? Ma tante que j’adore, cette force plus grande que nature, atteinte d’Alzheimer? À 61 ans? Tu plaisantes! Moins de cinq ans nous séparent. Pourquoi suis-je la dernière à l’apprendre? J’aurais dû m’en apercevoir. Gros mots. Larmes. Bon…
Dans la tourmente de mes pensées, je reconnus sa voix rassurante : Ne t’en fais pas, ma chouette. Ça va aller. Nous, c’est pour l’éternité.
Si vous avez vécu ce genre de situation, vous avez probablement réagi comme moi : déni, colère, culpabilité, frustration, souffrance, dérision, tristesse, dépression, solitude, espoir, acceptation. Je viens de vous résumer les cinq dernières années…
Autant pour elle-même que pour ses proches, la maladie de ma tante comporte des aspects douloureux et réconfortants à la fois. Nous détestons la situation et, en même temps, nous aimons encore plus fort.
Celle qui s’est dévouée toute sa vie à servir les autres fait dorénavant l’objet de mille et une attentions. Celle qui nous enseignait le courage de nous tenir debout en nous secouant les ailes, nous enseigne maintenant le courage de tenir le coup en nous rappelant l’essentiel. Ses enseignements prennent désormais d’autres formes. Plus subtiles. Plus personnelles.