Ré : le plan qui fait des vagues

Publié le 10 décembre 2014 par Blanchemanche
#PAPI #ilederé 

La préfète est venue présenter le nouveau plan de prévention des risques naturels de l’île, mardi soir. Sous les sifflets


Banderoles, tracts, gilets de sauvetages et chahut. Les mécontents se sont mobilisés© PHOTO
P. C.Publié le 10/12/2014  par Alain Babaud
http://www.sudouest.fr/2014/12/10/re-le-plan-qui-fait-des-vagues-1763096-1231.php
Mer calme, ciel légèrement nuageux mais en rien menaçant. La soirée promettait d'être douce, hier, sur l'île de Ré. Mais c'est à une salle houleuse que la préfète, Béatrice Abollivier, entourée de nombreux représentants des services de l'État, a dû faire face à Ars-en-Ré, pour la première des deux réunions publiques de restitution du travail réalisé pour la révision des plans de prévention des risques naturels (risques de submersion et risques de feu de forêt) de l'île de Ré.L'exercice était délicat. L'État et les élus locaux, dont plusieurs étaient présents au sein d'un public d'environ un millier de personnes, sont clairement en désaccord sur les nouvelles restrictions de constructibilité à imposer au territoire insulaire pour tenir compte des leçons du passage de la tempête Xynthia, en 2010. Hier, ce sont les cartes d'aléas du ministère que la préfète est venue défendre contre vents et marées, malgré les sifflets, les propos accusateurs et le chahut venus d'une partie de l'assistance. Avec pas mal d'assurance, et un soupçon de provocation. Quand elle explique, par exemple, que si les Rétais ne voulaient pas que l'État fixe ses règles en matière de Papi (plan d'action de prévention des inondations), ils n'avaient, en gros, qu'à financer seuls les ouvrages de défense contre la mer…Mais les réunions publiques d'hier à Ars-en-Ré et de lundi prochain au Bois-Plage (1) ont surtout vocation à faire de la pédagogie là où le doute a pu s'installer.

Des cartes évolutives

Elle explique, d'abord, que les cartes actuelles qui localisent les zones devenues inconstructibles et celles où de nouvelles contraintes s'appliquent pour tout dépôt de permis de construire ne sont pas figées dans le temps mais évolutives. Au fur et à mesure que les digues seront érigées, le territoire (habitants et biens) sera mieux protégé et les contraintes moins lourdes. Des contraintes d'urbanisme qui ne s'appliquent pas au bâti existant, mais visent uniquement les « constructions futures ».La préfète a également voulu clarifier les choses en matière de terrains constructibles. Les parcelles qui sont au niveau d'eau atteint par Xynthia voilà quatre ans +20 centimètres resteront constructibles. Mais ce qui y sera bâti devra être à la norme Xynthia + 60 centimètres (au large). « La référence, c'est donc Xynthia +60 centimètres et pas +20, on se moque de nous ! », se fâche un habitant.

« 17 cm d'eau, chez moi »

« Moi, j'ai eu 17 centimètres d'eau chez moi, témoigne une dame logée près du port de Loix-en-Ré. Ma maison date du XVIIe siècle et je voudrais construire un garage. On me dit que l'eau pourrait monter à 1,2 mètre la prochaine fois. Il faut que je lève le plancher de mon garage d'un mètre ? » Un autre assène tout net : « Vous allez tuer toute l'activité économique de l'île ! » « Et moi, je vais pouvoir construire ? », relance un voisin. « Allez voir les cartes ! », tonne la préfète. Béatrice Abollivier qui confirme, par ailleurs, qu'une zone d'intérêt stratégique (ZIS) sera expérimentée à Saint-Clément-des-Baleines.Dans les ZIS, on peut déroger aux règles d'inconstructibilité imposées par le PPRN, à condition d'y mener un projet d'intérêt général. À Saint-Clément, il est question d'un programme mêlant logements sociaux, logements ordinaires, la construction d'un bâtiment public et d'une galerie marchande. Ambition : contribuer à « préserver la vie permanente sur l'île » dixit la préfète. C'est bien dans le même objectif de maintenir en vie l'île qu'une partie des participants à la réunion demandait, hier soir, à l'État de revoir complètement sa copie.(1) Prochaine réunion publique lundi 15 décembre, à 18 heures, au Bois-plage-en-Ré.