Emmanuel Macron vient de nous ressortir la vieille antienne : pour améliorer la compétitivité de notre pays, il faut baisser le coût du travail. Il est navrant d’entendre un ministre négliger de considérer un certain nombre de faits :
- La part du travail dans le coût d’un produit varie considérablement selon la nature du produit. Elle n'est de ce fait pas nécessairement déterminante dans le coût du produit.
- Lorsqu’il s’agit de lutter contre des concurrents chez lesquels le prix de la main d’œuvre est cinq fois, voir dix fois inférieur au nôtre, il est illusoire de penser que quelques pour cent économisés sur le coût du salaire permettront de l’emporter.
- Des activités de service réalisées en France avec des salariés francophones sont peu menacées par une concurrence étrangère.
- Contrairement à ce que certains colportent, le coût du travail en France n’est pas toujours supérieur à celui constaté dans d’autres pays. En particulier, il est voisin de celui constaté en Allemagne.
- Ce que l’on qualifie de charges salariales est en fait un salaire différé. Mais, curieusement, à ce jour, je n’ai encore jamais vu les retraites chapeau considérées comme des charges.
- L’objectif d’une entreprise n’est pas nécessairement de proposer les prix les plus bas. En outre, on se trouve ainsi à la merci de quelque concurrent qui parviendrait à abaisser encore ses prix. On sait bien que certains se targuent de perdre sur chaque article en se rattrapant sur la quantité mais ils ne survivent pas très longtemps. Non, on vend grâce à l’innovation, la qualité, le service, les délais, etc… Mais cela nécessite des efforts et prend du temps.
Il est tellement plus commode de tailler dans la masse salariale !