M'affirmant comme un supporter de Chelsea depuis la grande saison 98-99 où des joueurs comme Dennis Wise, Gianfranco Zola, Frank Leboeuf ou autres Gianluca Vialli, qui en plus de leur talent au service des Blues, incarnaient enfin l'amour du maillot pour ce club. Chose importante plus particulièrement lorsque le reste du pays n'accorde aucune légitimité à cette formation issue des beaux quartiers de Londres. Qui plus est bâtie à coups de petro-roubles.
En effet, Roman Abramovitch, propriétaire de Chelsea,est l’incarnation en puissance de l’oligarchie russe de l’époque Eltsine. A la différence de ses semblables comme Khodorkovski, Goussinski ou Berezovski qui connaissent des destins plus tourmentés, de par leur influence pouvant menacer le Kremlin, Abramovitch, à côté de ces bannis, irait jusqu’à incarner un enfant de chœur.
Après cette introduction bien en règle, il s'agit pour moi de vous livrer mon sentiment et mes impressions sur LE match qui aurait pu permettre aux Blues de côtoyer l’excellence européenne. Un match qui pouvait apparaître ennuyant quand on voyait sur le papier deux écuries du Big Four Anglais se rencontrer : le genre de matches où l’on voit rarement le score décoller au tableau d’affichage. Tel fut le cas lors de cette rencontre néanmoins engagée où le combat fut âpre à tous les instants, rappelant aux français de Ligue 1 l’importance du fighting spirit. Entendez par là un engagement physique typiquement britannique auquel ne résisterait que très peu de joueurs de plage. Le temps d’une soirée, Moscou, aura hébergé un véritable combat de gladiateurs en son arène de Luzhniki.
Un début de match tonitruant de la part des Red Devils, à l’image du rapide état des lieux de Cristiano Ronaldo de la tête, venant cependant achever 30 minutes de domination rouge. Suite à cette petite sanction, Chelsea se doit de réagir. Les Blues, jusque là cantonnés aux tâches défensives commencent à pousser. Essien a d’ailleurs des fourmis dans les jambes sur son côté droit et a bien failli nous gratifier d’un mulot. Les coups francs en faveur des Blues nous laissent toujours en suspens : qui de Drogba ou de Ballack va le tirer. L’allemand tire au dessus, Drogba rigole. Beaucoup de contres favorables pour les londoniens, Lampard n’attend pas la seconde période pour égaliser. Frank lève les mains au ciel : des larmes au rire selon Christian Jeanpierre. Voilà un but qui vient relancer tout le match, et tout un peuple.
La seconde période présente un tout autre visage, largement dominée par les incursions des Blues dans la zone tampon, lesquelles trouvèrent pour la plupart trouvaient un poteau. Au grand dam de Drogba et Lampard…. Signe du destin ? Une chose reste sûre : le suspens est à son comble. Tevez tente tant bien que mal de percer le solide verrou des Blues, tel un bélier. Faute de pouvoir se départager à la fin du temps réglementaire, les deux formations accèdent aux prolongations, lesquelles s’écoulent rapidement au vu du peu d’occasions à se mettre sous la dent. Seules les nombreuses crampes ponctuent ces 30 minutes supplémentaires. Comble de la connerie, Drogba assène une calotte à Vidic au cours d’une petite échauffourée collective. Carton rouge. Signe du destin ? L’éléphant bleu a certainement sonné le glas de la défaite des siens.
Impossible de départager Manchester et Chelsea. Désormais, il faut se remettre au jeu de la roulette russe, dernière étape avant de pouvoir prétendre au trône. Cristiano s’y essaie mais rate le tire au but, grande clameur dans les travées rouges, le gitan affiche une expression de déception rarement observée. L’espoir reste entier pour les Blues à l’image de l’ancien gunner Ashley Cole qui ne tremble pas devant les cages de Van der Sar. John Terry, le capitaine de Chelsea place le ballon sur le point de penalty, il sait qu’il est primordial de mettre celui-ci afin de remporter un avantage conséquent. Abramovich, à moitié ivre dans ses tribunes n’en peut plus, il est à deux doigts de justifier l’énorme investissement financier qu’il a entrepris en rachetant le club et en acquérant les joueurs les plus prestigieux. Mais John Terry, 900 000 euros par semaine, ne trouve rien de mieux que de tirer sur le poteau, après avoir légèrement glissé. Il est atterré, il risque de traîner ce boulet pendant 10 ans. Un sentiment semble dès lors hanter le cœur des supporters des Blues (s’ils existent), c’est la poisse. Le jeune portugais Nani ne faillit pas à sa mission en mettant son ballon au fond. Vient le penalty à ne pas manquer sous peine de voir s’envoler l’espoir de revenir dans la course. Avram Grant confie cette lourde tâche à Nicolas Anelka. Celui-ci trouvera un fabuleux Van der Sar sur son chemin. C’est fini pour les Blues, les mancuniens exultent en remportant leur troisième ligue des Champions.
A un moment, on se dit qu’on aurait mal vu Roman Abramovich et son équipe de millionnaires en short sans histoire soulever le trophée ; alors que de l’autre côté on vous parle de Sir Bobby Charlton, Ryan Giggs, George Best et le glorieux parcours de Manchester United en 1968. On perçoit donc sans mal le fossé culturel qui sépare "Chelski" de "United"... On ne pourra reprocher aux Blues d'avoir su relever la tête après un début de saison chaotique, qui a vu un nouveau tacticien aux commandes, Avram Grant, après l'éviction de l'immense José Mourinho. l'israélien a tout de même trouvé le costume trop grand pour lui... Manchester de son côté, malgré la domination des Blues qui se sont transcendés dans cette rencontre, mérite tout de même amplement sa victoire en vertu d'une saison pleine et exceptionnelle.
Avis aux groupies du mercato, c'est JPO dans l'effectif des Blues.