Éloïse après le bain
(peinture de Serge Boisse)
Depuis mai 2013 avec Candice Endormie, il y plus d'un an, je n'avais pas peint un nu. Cette fois, j'ai décidé de me surpasser et de faire un nu réaliste et quasi photographique. Challenge: l'émotion doit provenir du réalisme. J'ai donc choisi de peindre une très belle femme, Éloïse, de profil, se séchant au sortir du bain; dans la lumière du soleil. Soixante heures de travail, réparties sur dix jours, et voici le résultat. Je n'en suis pas peu fier ! Je considère que c'est ma plus belle toile à ce jour.Éloïse après le bain, huile sur toile, 60x120 cm, Serge Boisse (Décembre 2014)
Comme d'habitude, voici un petit cours de peinture à l'huile gratuit pour vous expliquer comment j'ai créé ce tableau :
Dans une brocante, j'ai déniché un cadre de 60x120 cm.
Reste à trouver la toile qui ira dedans. Je finis pas
dégotter chez Cultura une toile de ce format. Le sujet d'un nu
vertical s'impose à moi tout naturellement.
Pour une fois, je ne pars pas d'une photographie. Mon point de
départ sera une aquarelle de Steve Hanks, selon moi l'un des
meilleurs aquarellistes du monde, sinon le meilleur.
Le but sera donc de reproduire, non pas le tableau mais le sujet : en
effet, puisque je travaille à l'huile, le résultat sera
forcément différent de l'aquarelle de Hanks. Donc je
décide de faire un fond plus sombre et un sujet plus
contrasté. Mais la lumière, n'est-ce pas, la
lumière doit rester.
Je vais changer deux ou trois petites choses. Tout d'abord mon cadre
est deux fois plus haut que large, ce qui n'est pas le cas de
l'aquarelle. Un recadrage est nécessaire.
Les proportions du corps doivent rester toutefois exactement
identiques. Je sais d'expérience que dans la peinture d'un nu,
un millimètre d'écart peut faire la différence.
Étape1
Donc pour que les proportions soient parfaites je vais utiliser un
projecteur vidéo et projeter l'image sur la toile, et utiliser
la projection pour tracer les contours.
C'est la première fois que j'utilise cette technique. Elle n'est pas sans inconvénients.
Le projecteur chinois bas de gamme "Koolertron" que j'ai acheté
sur Internet a une résolution déplorable, une
luminosité faiblarde (même dans le noir), et donne
une image floue. Un conseil : fuyez cette marque comme la peste ! De
plus en peignant à la lumière du projecteur on ne voit
rien de ce qu'on peint ! Bref je ne pense pas ré-utiliser cette
technique.
Bon, on a au moins les grandes lignes. Pour la suite, au diable
le projecteur (c'est à dire à la poubelle !). Je continue
à la lumière du jour et "à la main".
Étape 2
Bon je je trace le visage, quelques cheveux, en diluant la
térébenthine. C'est moche, mais ce qu'il y a de bien avec
la peinture à l'huile c'est qu'on peut toujours retoucher. Donc
pas de soucis encore.
Il est clair que sa bouche ne va pas du tout. On verra plus tard.
Étape 3
Allons-y pour le reste du corps.
Je retouche un peu le visage et les cheveux. Pour ces derniers, le truc
c'est le nombre de coups de pinceaux : il en faudra des milliers
(chacun d'une couleur légèrement différente) pour
arriver au résultat final.
Pour cette toile, ma palette reste toujours la même : des
couleurs presque primaires (bleu outremer, jeune de cadmium, terre de
sienne, rouge carmin, vert moyen). Mais pour la première fois,
je vais utiliser beaucoup de blanc aussi : pour les cheveux, la
serviette, et le modelé des chairs. En général je
ne mets jamais de blanc mais ici il le faudra. Pas de noir. Le fond est
un mélange de bleu, vert et ocre.
Je me recule... Eh bien... il y a encore du boulot ! Les formes du bras gauche et du pied ne vont pas du tout. A revoir.
Étape 4
Bon eh bien justement, du blanc, on va en mettre. Attention pour la
couleur chair : le but n'est pas de viser la couleur juste du premier
coup.. Elle ne le sera jamais. C'est au contraire la superposition de
multiples couches, de plus en plus fines, qui donnera la teinte finale.
Je pose quelques gouttes d'eau sur son épaule...
Le visage est presque parfait. Ça ne se voit presque pas, mais
j'ai déplacé l'oeil et retouché le nez et la
bouche.. Les cheveux manquent encore de contraste... Les fesses sont
bien trop rouges... à revoir.
Étape 5
Que de chemin parcouru ! Quinze heures de travail séparent cette
image de la précédente, passées à mille
fois repasser sur les détails, à comparer avec
l'aquarelle initiale. Je prends des photos que je recadre très
précisément et que je superpose avec l'ordinateur.
J'utilise le logiciel Irfanview, d'une simplicité incomparable, et quelques filtres photoshop que Irfanview sait importer, dont AAA Blender qui me permet de comparer fréquemment ce que je peins avec le but visé.
J'ai refais entièrement son épaule, le sein, les bras , la forme du ventre, l'oreille, les cheveux...
Petit détail : sur la suggestion d'une amie (merci Mimmie), je
rajoute une bague à son index droit. Le doigt de
l'autorité. Ça te va bien, Éloïse.
Étape 6
Reste à revoir le coude droit (et le gauche), le pieds, la serviette, le drap sur lequel elle est assise, et le fonds.
Le drapé de la serviette m'aura donné bien du fil
à retordre: presque une journée ! Idem pour le drap du
dessous, que j'avais fait au départ bien trop contrasté,
j'ai du aplanir les "angles" avec du beige...
Je peins délicatement les filets d'eau qui coulent sur son coude
et ses fesses : ils doivent donner l'illusion de la transparence et
être cepandant bien visibles...
Je signe... Qu'est-ce qu'elle est belle !
(cliquez sur l'image pour la voir en grand)
Petit coup de zoom sur sa tête.... N'est-elle pas magnifique ? Mutine et pudique à la fois...
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