Le pire pour un suicidaire, c’est de rester en vie.
Ne voulant pas de la vie, il est malheureux de constater que la mort ne veut pas, non plus, de lui. C’est dans cet espace exigu qu’il faudrait situer la vie et l’œuvre de Zemmour.
De quoi il se plaint ? De l’impossibilité pour lui et ses semblables de déposer plainte. Parce que les jeux sont faits. Il n’y a plus rien à faire. Le déclin est inéluctable, la chute inévitable. Et le suicidaire n’a rien fait d’autre qu’énumérer, recenser, rappeler les maux qui sont à l’origine de notre cataclysme, de notre déchéance, de notre désastre.
Lesquels ?
L’égalitarisme. Le gauchisme. Le féminisme. Le progressisme. L’homosexualisme. Le libéralisme. L’universalisme. Le crétinisme…
Ce ne sont que des valeurs négatives, négatrices, d’une certaine idée de l’homme, de l’homme sans idée, sans idéal, sans idéaux. La France est morte. Zemmour l’enterre et s’enterre avec sa souffrance.
Tous les maux invoqués sont bien réels, mais ne sont pas substantiels.
Si j’étais lui, si j’avais sa logique et sa répartie, je n’en aurais retenu qu’un seul, mal essentiel, en rapport avec le ciel : c’est la perte de sens, le sens de la transcendance. Ciel, je l’ai dit : c’est le nihilisme, tout mouvement vers le rien.
Que notre auteur s’en souvienne… je récite les frères Karamazov : « si Dieu n’existe pas, tout est permis ». Tout est permis, y compris de passer à côté de la raison pour laquelle tout ne peut être permis.
À force d’empêcher les gens de voir Dieu, on n’a plus d’yeux pour voir. Pas d’autre déclin que celui-ci. Pas d’autre suicide que celui-là.