Le premier volet de cette chronique douce-amère emmène le lecteur dans les années 1970 afin d’y faire la connaissance des membres de ce foyer situé en pleine campagne, qui accueille des jeunes qui ne peuvent plus être élevés auprès de leurs parents. Si Haruo, Sei, Junsuke, Shôsuke, Kenji, Kiiko, Taro, Megumu et les autres ont des raisons diverses pour expliquer leur présence à l’orphelinat (une mère malade, un père alcoolique, …), ils partagent cependant tous le sentiment d’avoir été abandonnés. Heureusement, perdue au fond d’un terrain vague, l’épave d’une vieille voiture abandonnée permet aux jeunes de s’évader de cette réalité pesante. Une fois installés à bord de la vieille « Sunny », ils peuvent laisser libre cours à leur imagination et s’évader…
Délicatement, par petites touches, le mangaka brosse le portrait d’une galerie de personnages marqués par ce délaissement. Un pot de Nivea qui fait penser à l’odeur maternelle, un trèfle à quatre feuilles qui pourrait accélérer le rétablissement d’une mère hospitalisé… tant de petits détails parsemés au fil des chapitres, qui permettent de saisir les sentiments de ces gosses séparés de leurs parents. Empli de tristesse et de mélancolie, le récit se veut également positif. Ne cherchant pas à uniquement dépeindre la noirceur, Taiyou Matsumoto laisse suffisamment de place à la lumière et à l’espoir. Même dans un orphelinat, la vie réserve de beaux moments et vaut la peine d’être vécue…
Profondément humaine et touchante de sincérité et d’authenticité, cette nouvelle œuvre du mangaka s’annonce donc très prometteuse… surtout que visuellement, c’est à nouveau un immense plaisir de retrouver le style personnel et immédiatement identifiable de Taiyou Matsumoto (Printemps bleu, Amer béton, Frères du Japon, Ping Pong, Number 5, Gogo Monster). On sent qu’il croque ses personnages avec grande affection… et les quelques planches en couleur sont somptueuses.
Vivement la suite de cette saga que l’auteur prévoit de terminer en six volumes.
Un tome que vous pouvez retrouver dans mon Top du mois, dans mon Top manga de l’année, ainsi que dans la Sélection Officielle du Festival d’Angoulême 2015.