Photos © Mind the Film
MIRA Festival, Barcelone, 14-15 Novembre 2014 – Par Alex P et Nicolas M.
Depuis que la frangine sportswear du crew a élu domicile à Barcelone, toutes les occasions sont bonnes pour se mettre bien au bord de la Méditerranée et profiter des barbecues sur la terrasse de son penthouse de centre-ville avec saucisses grillées pour dj de toutes tailles et de tous horizons. Parmi la myriade de festivals et de manifestations culturelles qui se tient chaque année dans la cité catalane, Le MIRA arrive à sortir du lot en axant sa programmation sur le rapport image et son et les interactions entre nouvelles technologies et musiques électroniques ; quelque chose que l’on avait déjà aperçu en juin dernier avec la sélection du Sonar+D. Visiblement la question les travaille pas mal, au sud des Pyrénées. Les festivités sont réparties sur deux lieux, à la Fabra Y Coats de 18h à 2h et au Razzmattazz de 2h à 6h.
Direction la Fabra Y Coats donc, ancienne usine textile reconvertie en centre de création contemporaine. Le cadre est superbe, structure de béton et d’acier avec une hauteur sous plafond impressionnante. l’éclairage est simple et léché sous la forme de fibres optiques tendues aléatoirement au-dessus de la tête du public comme une canopée électrique (prenez-en de la graine, les lighteux en bois avec vos spots rouge et bleu) et le son est impeccable, comme quoi on peut faire sonner un hall de gare (prenez-en de la graine, les ingés son en mousse). Oscar Mulero monte sur scène accompagné par le duo de VJ Fium, qui balance les images sur le triple écran géant situé derrière la scène pour présenter sa création, BioLive. Le son est aquatique et la basse enveloppe l’auditeur pendant que les projections de motifs évoquant les molécules, les matières minérales et des modélisations topographiques fonctionnent comme l’élément narratif de cette exploration de la vie avec un cœur qui bat fort comme ces fulgurances rythmiques techno. Ambiance National Geographic meets Nature et Découverte ultra physique et cérébrale.
Byetone prend le relais avec sa performance AV (c’est tout le concept du festival, hein), faite de progressions deep tout en textures appuyées par des projections de flares de phares de voitures et de trames cathodiques qui fonctionnent comme autant d’oscilloscopes sur les oscillateurs de plus en plus agressifs du bonhomme. Montée en puissance avec l’introduction d’un kick martial pour faire headbanger dans le clignotement ambiant et finish façon Autobahn limite free party, pas des plus fins mais efficace.
En plus des lives dans le grand hall d’exposition, des installations interactives et ludiques se trouvent aux quatre coins du lieu. Je ne les décrirai pas toutes ici mais si je dois n’en retenir qu’une seule, c’est The Cave, du designer Nicola Gastaldi, une installation qui produit l’effet d’un corridor infini pour une expériences immersive entre son, lumière, paix et chaos.
Retour dans la grande salle pour Rone, qui vient de s’installer derrière ses machines avec sa dégaine de gars qui joue à Warcraft (sans les tâches de Bollino sur le tshirt, quand même), accompagné d’Olivier Jennings à la vidéo. Son électro emo me fait carrément penser à la soundtrack d’un spot publicitaire pour une boîte type Veolia ou GDF Suez. Alors il y a bien des passages plus intéressants que d’autres mais cette naïveté mélodique sans coups de vice rend l’ensemble très attendu, très premier degré dans le son gentil pour mollassons qui se font des bisous sous MD. Nathan Fake a usé le créneau il y a bien longtemps déjà, je n’ai ni envie, ni besoin de voir ça en 2014. On bouge au Razzmatazz pour la suite de la soirée.
Dans la grande salle, Paula Temple débite de la bidoche au kilo, son live techno abrasif est une vraie boucherie. C’est tellement frontal dans l’agression qu’il est difficile de savoir si c’est génial ou pas. En tout cas une chose est sûre, la représentante vénère du crew Comeme te pète au bras de fer. Je passe maintenant le mic à mon gars sûr qui va te raconter le reste de la soirée.
C’est compliqué de décrire le Razzmatazz sans le plan d’évacuation devant les yeux.
On est encore incapable de vous dire comment on a navigué entre les différentes pièces de l’établissement de nuit. Terrasse extérieure, multiples escaliers, bars à tous les étages et staff incapable de te donner la même info fiable, organisation certifiée ISO 2000. En cette première soirée de festival, notre point de chute était la room dédiée au label/distributeur/argentier hollandais de la dance music contemporaine, Rush Hour.
On est arrivé alors que Hunee performait depuis un petit quart d’heure. J’ai jamais capté son lien avec Rush Hour au-delà de ses selfies devant la boutique du label à Amsterdam. Un peu plus tôt dans la soirée, Internet nous avait rencardés sur son travail de curation pour Rush Hour sur la rétro à venir concernant Soichi Terada. Tout fait sens. De sens et de combinaison de move derriere les platines, il en est pas mal question pendant la grosse heure et demie de set de Hunee. Le mec nous a donné l’impression de jouer la sélection de seconde main mise en avant chaque dimanche dans le mail order Rush Hour. Aucune faute de goût, si ce n’est ces divagations disco 70’s plus La croisière s’amuse que Les débuts de l’amour entre hommes. Young Marco suivait, fidèle à l’alternance droite-gauche, dans une vibe groove urbain-gimmicks zulu. Moins de surprise mais autant de réactions auprès de la frange podium Castelbajac 90’s dansant dans les premiers rangs.
Le lendemain, retour à la Fabra Y Coats juste à temps pour le live Emergence de Max Cooper, qui selon l’intéressé lui-même est “quite a big deal” – rien que ça -, car élaboré en collaboration avec des mathématiciens sensés avoir pondu des algorithmes de génie pour mettre en image la musique du Britannique. A l’arrivée, c’est pas fou, les visuels sont attendus (faut dire que c’est un peu le problème du VJ, tout finit par se ressembler, les modélisations algorithmiques, ça va deux minutes, y’a d’autres trucs à faire les gens) et l’alternance de passages atmosphériques et de parties glitchées plus chaotiques ne me fait pas sauter au plafond. Gold Panda enchaîne avec son électro mignonne avant de laisser la place à Clark. J’étais plutôt enthousiaste à l’idée de voir ce que le représentant de Warp allait faire en live, la déception fut donc d’autant plus grande quand ce dernier s’est borné à envoyé un set bourrin et linéaire parfois à la limite du gabber.
Marc Pinol boucle cette première partie de soirée et, comme la veille, finissage au Razzmatazz, l’hypermarché de la nuit, l’arche de Noé de la ramasse. C’est samedi soir et c’est flinguage à tous les étages. Dans la grande salle, Undo, plutôt connu pour son électro délicate qui frise avec la pop, a décidé d’envoyer un DJ-set bien macho et bas du front. Factory Floor prend la suite avec son live club en formation duo réduite à un double laptop pour ce qui sera clairement l’escroquerie de la nuit. Pour résumer, cette deuxième soirée était nettement en-dessous de la première. Le truc le plus honnête aura finalement été le set dark eighties de Jennifer Cardini, toujours sereine dans son polo Fred Perry.
Coucou ! C’est qui ?