Je les admirais et constatais à quel point la danse, c’est une prise de parole ! J’ai toujours associé mes propos à un geste. C’est à croire qu’il me faillait être là, à ce moment précis, dans un bar de Varadero. J’étais captivée par l’interaction des danseurs sur la piste. En fait, par l’harmonie des corps qui se mélangeaient et des langues qui se courtisaient. L’espagnol, le français et l’anglais cherchaient à se faire entendre parmi les sonorités suaves de la musique cubaine.
Cette prise de parole me permettait de distinguer facilement les identités. La sensualité des Cubains s’exprimait par leurs déhanchements naturels et sexys. Leurs pas de danse, en accord avec les mouvements de leurs bras, m’invitaient à me joindre à eux. Sur place, les touristes québécois s’imprégnaient de la musique et des odeurs pénétrantes des cigares bon marché. Le coin de rue où nous nous trouvions se transformait en une grande scène remplie de talents, de sourires, d’essais et d’erreurs dans les chorégraphies.
J’étais sous l’effet agréable du Mojito qui me coulait dans les veines. Les saveurs pétillantes de menthe fraiche, de sucre et de rhum blanc contenues dans cette boisson me revigoraient. Dans mon esprit, l’image d’un danseur cubain se fondait avec celle du danseur amérindien que j’avais peint avant de partir en voyage. C’était évident, leurs manifestations festives étaient une occasion de faire vivre l’héritage culturel, mais également un moment d’échanger en famille, entre amis et avec de purs étrangers.
Je me souvenais que, chez moi, au Canada, les danses amérindiennes avaient souvent été mal vues par les non-autochtones, qui les considéraient comme des danses de guerre. Elles ont été la cible de répression par les gouvernements canadien et américain. Ce n’est que dans les années 50 que l’opinion des Canadiens s’est modifiée et que la loi a légalisé les cérémonies.
Les danses racontent souvent des histoires ; il suffit d’écouter. On y ressent tout le courage et toute la ruse déployés. Les gestes gracieux des femmes, qui s’y faufilent dans des vêtements colorés, évoquent l’importance de celles-ci.
Évitons de percevoir une concurrence entre les langues et efforçons-nous de les entremêler, pour en arriver à nous distinguer, à partager nos expériences et nos visions. La danse crée un lien entre les nations. Suivons le rythme et… entrons dans la danse !
Virginie Tanguay
Notice biographique
Virginie Tanguay vit à Roberval, à proximité du lac Saint-Jean. Elle peint depuis une vingtaine d’années. Elle est
près de la nature, de tout ce qui est vivant et elle est très à l’écoute de ses émotions qu’elle sait nous transmettre par les couleurs et les formes. Elle a une prédilection pour l’aquarelle qui lui permet d’exprimer la douceur et la transparence, tout en demeurant énergique. Rendre l’ambiance d’un lieu dans toute sa pureté est son objectif. Ses œuvres laissent une grande place à la réflexion. Les détails sont suggérés. Son but est de faire rêver l’observateur, de le transporter dans un monde de vivacité et de fraîcheur, et elle l’atteint bien. Elle est aussi chroniqueuse régulière au Chat Qui Louche. Pour ceux qui veulent en savoir davantage, son adresse courrielle : [email protected].