Réveil au chaud, mais derrière les volets, j'ai pu voir le froid, le gazon devenu gris et blanc, figé dans des perles de gel. J'apprécie pourtant cette vieille masure loin de la ville où certes la chaleur de la pollution donne une couverture contre le gel, contre le froid et peut-être le fuure neige, mais je préfère tant l'air pur. Le paysage lui-aussi exprime cette pureté, cette immensité qui me donne de l'espace pour respirer, pour libérer mon esprit et ainsi écrire durant des jours, des nuits.
J'aime ce quasi silence, surtout quand seuls les bruits de la nature expriment la vérité des sons, naturels et communicants, entre les oiseaux, entre les arbres froissés par le vent; les feuilles causent, papotent sagement.
Le soleil me manque, toujours un peu plus, je rêve soudainement de printemps, et mes mots s'évadent sur le papier pour ce script puis sur l'écran pour en corriger les fautes, les erreurs de construction, les rappels et surtout le tempo de la future lectrice. Je fais une pause, je bois du thé, je pense à elle, pas si loin, déjà au travail, je la reverrai à midi, notre éternelle ponctuation du repas, pour sortir de nos univers respectifs de travail. Et puis ce bonheur renouvelé de la voir arriver, de la serrer dans mes bras, de l'embrasser.
Aujourd'hui je l'ai vu partir, entre deux portes, le petit déjeuner est un espace parfois indépendant, une zone de liberté personnelle. J'étais déjà avec ma théière, un bout de pain, un trio de clémentines et le soleil sur l'horizon, mes mots en mouvements devant moi.
J'étais un peu là, un peu parti, j'ai aperçu son sourire, ses cheveux doux sur son épaule, sa robe bleue, ses bottines, elle et sa féminité quotidienne. J'ai pris quelques secondes pour me gonfler de ses détails, pour absorber son parfum qu'elle rajoute en passant devant mon bureau, pour en laisser des effluves jusqu'à moi. Elle était là, discrète, moi en plein chemin dans la vallée des mots, vers un nouveau texte, vers une nouvelle lumière pour éclairer des silhouettes, pour tenter l'impossible avec les facettes des femmes.
Elle est ma muse, j'ai respiré fort en entendant la porte se refermer, j'ai repris du thé chaud, j'ai regardé son corps aller vers la route, devant chez nous, entre les bosquets de roses, les feuilles rousses, son manteau rouge. Je lui ai envoyé des bises, j'ai repris le cours de mes phrases, le sens de ma quête, le secret espoir de croire en la beauté de toutes les femmes. Mais avec les yeux pour une seule. Un rayon de soleil, elle a disparu du paysage, le temps était gris, le vent soufflait, je repartais dans mon monde, celui d'une imagination libre, avec déjà d'autres idées pour apporter des tourbillons sous les portraits de chacune, pour vivre avec les personnages, maintenant présents dans la pièce. Ecrire encore !
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