Lors des funérailles de son aïeul, de vieux amis fredonnent soudain un chant évoquant une terre balayée par le vent. Et une tante jusqu’alors silencieuse lui révèle que ses transparents ont un jour vécu en Mandchourie.
C’est ainsi que Yoshitsugu décide, à la demande de sa grand-mère, de refaire le voyage, de l’accompagner sur les traces d’un passé effacé. Et c’est pour lui l’opportunité singulière de découvrir le destin de son pays, cet archipel jadis embarqué dans la dangereuse aventure qui consistait à réaliser “l’Harmonie au sein de la Grande Asie”.
A la mort de son grand-père, Yoshitsugu s'aperçoit que sa famille n'est pas comme les autres. Il avait déjà quelques doutes sur la normalité de sa maison où vivent ses grands-parents, ses parents et son oncle au chômage et où la frontière entre le restaurant qu'ils tiennent et leur maison est presque inexistante, causant ainsi un remue-ménage constant. Mais, à la mort du grand-père, il se rend compte qu'il connait très peu de choses sur la vie de ses grands-parents et qu'ils n'ont même pas de tombe des ancêtres sur laquelle toutes les familles japonaises "normales" vont se recueillir. Comme si avant les grands-parents, il n'y avait rien eu, pas de parents, pas de frère ni de sœur. Alors qu'il s'interroge, il apprend par sa tante Kyoko que ses grands-parents se sont connus et mariés en Mandchourie. Yoshitsugu décide alors de partir en Mandchourie avec sa grand-mère, pour qu'une dernière fois avant de mourir, elle revoit le pays dans lequel elle a passé une partie de sa vie.
Avec La Maison dans l'Arbre, Mitsuyo Kakuta nous offre un voyage dans un pan de l'histoire du Japon. On commence avec la génération des grands-parents, qui quittent le Japon dans les années 1930, pour la Mandchourie (envahie par le Japon pour constituer l'avant-poste de l'occupation japonaise en Chine). Le gouvernement, après la crise économique de 1929, vante les qualités de la Mandchourie, les terres agricoles abondantes et le travail qu'on y trouve. Une aubaine pour tous les jeunes Japonais qui ne savent que faire dans leur pays étroit et cherchent à se construire une nouvelle vie. Viennent ensuite la Seconde Guerre Mondiale et l'Union Soviétique attaque les Japonais en Mandchourie. Les grands-parents décident alors de rentrer au Japon, avec leur enfants en bas âge, et le voyage se fait dans des conditions atroces. A nouveau, ils doivent repartir à zéro et se construire une nouvelle vie. Viennent ensuite des périodes de pleine croissance ou de récession qui impactent la vie de la famille. On suit également Shinnosuke, le père de Yoshitsugu, qui traverse d'autres périodes marquantes de l'histoire japonaise, notamment l'année 1968 et les mouvements étudiants.
La Maison dans l'arbre est donc un roman qui nous plonge dans l'histoire, parfois méconnue, du Japon, mais aussi dans celle d'une famille. Une famille d'ailleurs très particulière qui m'a déroutée au début du roman. Personne ne pleure la mort du grand-père, les membres de la famille semblent peu attachés les uns aux autres. C'est à travers les yeux de Yoshitsugu qu'on entrevoit la vie de cette famille, et lui-même se pose des questions sur ses grands-parents, parents, oncle et tante, frères et sœurs qui semblent tous fuir leurs responsabilités et se laisser vivre, se laisser porter par les événements. Lui-même est ainsi et l'histoire de ses grands-parents qu'il découvre en allant en Mandchourie semble être l'occasion de se reprendre en main. Avec ce roman, on aperçoit également ce que peut-être la société japonaise d'aujourd'hui, et notamment la vie des jeunes adultes.
Avec La Maison dans l'arbre, on suit l'histoire de trois générations d'une famille japonaise et l'histoire du pays du 20e siècle jusqu'à aujourd'hui. On y voit comment les événements historiques d'un pays touche les membres d'une famille et, si j'ai eu un peu de mal à comprendre le fonctionnement de cette famille au tout début, je me suis ensuite passionnée pour leur histoire.