« Opération Sweet Tooth »
McEWAN Ian
(Gallimard)
Serena, belle jeune femme, étudie à Cambridge et contre son gré les mathématiques auxquelles elle préfère les belles lettres. Elle est repérée puis enrôlée par les services secrets britanniques (M15) qu’obsèdent toujours le péril communiste. Puisque le récit se déroule pour l’essentiel au début des années 70 de l’autre siècle et que les gouvernements d’alors, qu’ils fussent travaillistes ou conservateurs, n’ont de cesse que de contenir ce péril. D’autant plus qu’ils doivent faire face à un adversaire qui compte dans les rangs de son armée secrète quelques intellectuels anglais convertis au communisme. Après qu’elle eût fait ses preuves dans l’exercice d’insignifiantes activités bureaucratiques quotidiennes, Serena se voit confier une vraie mission enfin digne du M15 : s’insinuer dans la vie d’un jeune écrivain d’avenir pour en faire un combattant de la « bonne cause ». Cette littéraire fourvoyée dans les mathématiques découvre tout d’abord les nouvelles dont le jeune écrivain est l’auteur. Quelques textes qui provoquent son enthousiasme. Puis, très vite, et comme dans une transgression de la mission qui lui a été assignée, Serena s’éprend de Tom, lequel, et grâce à l’intervention occulte du M15, vient d’obtenir un prestigieux prix littéraire. La machinerie infernale s’enraye.
Ce roman n’est pas un roman d’espionnage ; c’est un roman sur l’espionnage, activité observée sous un angle littéraire par une jeune quoique pas trop naïve jeune femme prête à presque tout, et cela dans le contexte idéologique spécifique aux longues années de la guerre froide. S’il s’apparente parfois au genre, c’est afin d’égarer le Lecteur, afin de l’engluer dans les rets d’une histoire d’amour qui se heurte mais résiste aux contrecoups de l’histoire.