Retrouvez ci-dessous la tribune que j’ai cosignée avec Jean-Louis Bianco, Président de l’Observatoire de la laïcité, et qui a été publiée sur le Huffington Post :
> Depuis plusieurs jours, une polémique autour des crèches de Noël dans l’espace public administratif (ce qui est différent d’une simple place publique par exemple) est largement relayée dans les médias locaux et nationaux, bien que la décision de justice qui en est la cause date du 14 novembre dernier. Il s’agit d’une décision du tribunal administratif de Nantes condamnant l’installation d’une crèche de Noël dans le hall du Conseil général de Vendée.
Nous souhaitons donc, ici, apporter quelques précisions utiles au débat.
Mais avant cela, nous nous permettons une adresse aux médias : nous aurions aimé un tel traitement médiatique pour les « guides pratiques » publiés par l’Observatoire de la laïcité et qui, lorsqu’ils sont appliqués, évitent justement ce type de polémique.
L’article 28 de la loi du 9 décembre 1905 dispose que : « Il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions. »
Ainsi, si la crèche examinée est considérée comme un « emblème religieux » et est installée dans un local de l’administration, qui doit être neutre, alors cela contrevient à la loi de 1905.
Mais il appartient au juge d’examiner chaque situation, au cas par cas, car des traditions locales culturelles (santons en Provence par exemple) peuvent être des arguments invoqués devant les juges.
Même s’il n’existe pas à l’heure actuelle de décision sur ce point, il pourrait être considéré que, concernant un cadre culturel et de courte durée, il ne s’agirait pas d’un « emblème religieux » mais d’une « exposition », exception autorisée par l’article 28 précité.
Quoi qu’il en soit, l’État (et l’administration), neutre et impartial, ne doit afficher aucune préférence ou appartenance à l’égard d’une religion ou d’une conviction vis-à-vis des citoyens français. Toutes doivent être traitées également.
Ce n’est visiblement pas la vision de certains élus, qui ne cessent de mettre en avant, non pas une culture locale, mais d’abord une religion.
Enfin, en cette période de fin d’année, souhaitons collectivement que les acteurs concernés évitent toute polémique inutile, toute instrumentalisation de la laïcité et promeuvent le dialogue et l’ouverture à l’autre.
Jean-Louis Bianco & Nicolas Cadène