C'est
un disque qui rassemble 24 morceaux de différents auteurs, choisis
par l'auteur-compositeur-interprète Nelson Avalos, qui est aussi le
producteur du disque récemment sorti chez B&M, à La Plata, sous le titre
Patagonia, Canto y Poesía, avec plusieurs interprètes différents.
Il est en vente au prix de 100 $ARG.
En
Argentine, il se trouve que la Patagonie reste un terroir culturel
flou, plein de clichés, souvent dédaigné sinon moqué et méprisé
(1). La seule région de l'Intérieur qui n'ait pas son cachet propre
dans l'esprit de tous. Nelson Avalos fait ici un travail de
réhabilitation de cette personnalité régionale du grand sud
argentin, avec un son et des thèmes qui appartiennent en propre à
ces cinq provinces battues par le vent glacé venu du Pôle, Neuquén,
Río Negro, Chubut, Santa Cruz, Tierra del Fuego.
Jusqu'à
présent, seuls deux grands musiciens patagoniens ont obtenu une
certaine reconnaissance et quelque notoriété dans le reste du pays,
Hugo Giménez Agüero et Marcelo Berbel. Cette fois-ci, c'est
l'ensemble du terroir que Avalos, lui-même natif de la Province de
Chubut, veut promouvoir.
“Después
de la dictadura comenzaron a surgir encuentros espontáneos entre
músicos y cantautores. Se buscaba definir la música patagónica, la
identidad musical que diferenciara esta región de las demás, y se
mezclaban Berbel o Giménez Agüero con otros menos conocidos como el
Chele Díaz, Marcelo Falcón o Héctor Ossés. Nosotros nos
reflejamos en estos últimos […] Lo de don Marcelo y don Hugo, sí,
fueron búsquedas. Búsquedas dentro de las tantas en este territorio
de búsquedas.”
Nelson
Avalos, in Página/12
Après
la dictature, des rencontres entre musiciens et auteurs-compositeurs
interprètes ont commencé à surgir spontanément. Berbel ou Giménez
Agüero se mêlaient à d'autres moins connus comme El Chele Díaz,
Marcelo Falcón ou Héctor Ossés. Nous nous retrouvons dans ces
derniers. La musique de don Marcelo [Berbel] et de don Hugo [Giménez
Agüero], ça a plutôt été de la recherche. Des recherches parmi
tant et tant sur ce territoire de recherches.
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
“Nos
juntó la cuestión ética más que la estética” […] “Creo que
Javier olfateó que por acá había un gran caudal cancionero
desconocido, aún en el mapa musical y poético del país, y actuó
en consecuencia. Su intención inicial era producir un disco de
cantautores chubutenses. Y me pidió que le recomendara diez
artistas. Yo no lo pensé mucho y le envié una contrapropuesta: le
dije que para entender y reflejar lo que hacíamos en Chubut,
necesariamente había que referenciarlo en exponentes de otras
provincias patagónicas y que la poesía recitada tendría que estar
presente. Y que tampoco podíamos obviar a la patagonia chilena, pues
desde siempre habíamos visto a la región en forma integral”
Nelson
Avalos, in Página/12
C'est
la question de l'éthique qui nous a rassemblés plus que celle de
l'esthétique. […] Je crois qu'avec son flair, Javier [Chalup] (2)
a senti que de ce côté-ci, il y avait une grande dynamique pour la
chanson, tout un mouvement inconnu, même sur la carte musicale et
poétique du pays, et il a agi en conséquence. Son intention
première était de produire un disque
d'auteurs-compositeurs-interprètes de Chubut. Et il m'a demandé de
lui recommander dix artistes. Je n'ai pas réfléchi longtemps avant
de lui envoyer une contre-proposition : je lui ai dit que pour
comprendre et rendre compte de que nous faisions dans la Province de
Chubut, il fallait nécessairement le relier à des représentants
d'autres provinces de la Patagonie et que la poésie récitée
devrait y avoir sa place. Et nous ne pouvions pas nous plus oublier
la Patagonie chilienne, parce que depuis toujours nous avons toujours
regardé la région dans son intégralité.
(Traduction
Denise Anne Clavilier)
Dans
l'interview accordée à Cristian Vitale, pour Página/12, Nelson
Avalos explique les difficultés qu'il a dû vaincre pendant les
quatre ans qu'a exigé la concrétisation du projet de ce disque.
Pour
l'occasion, il a aussi donné d'autres interviews, dont une est
disponible en ligne (on peut même la télécharger pour l'écouter
et la réécouter à loisir) pour l'émission de radio Un canto se
hace al viento (une chanson au gré du vent).
Pour
aller plus loin :
lire
l'article de Página/12
lire
l'article du site Identidad cultural
écouter
l'interview dans Un canto se hace al viento, diffusée en octobre
2014.
(1)
On n'hésite pas à Buenos Aires à parler des pingüinos (les pingouins) pour
désigner les Patagoniens. L'intention n'est pas méchante mais la
moquerie est tout de même sous-jacente, un peu comme cela se produit
en France avec les Bretons ou les Auvergnats que certains secteurs de
la société ont bien du mal à regarder avec la même considération
que celle qui est manifestée aux Bordelais ou aux Champenois...
(2)
Javier Chalup est un producteur de Trelew, dans le nord de Chubut,
près de la capitale provinciale Rawson. La rencontre avec le groupe
autour de Avalos et ce producteur a eu lieu il y a une dizaine
d'années et elle a quelque peu dynamisé la démarche des artistes.
Mon prochain livre prendra en considération cette question de
l'identité culturelle des régions, et notamment de la Patagonie, et
Chubut devrait être représentée en bonne place. On verra ce que
donne le contenu final, qui devra tenir compte des impératifs
éditoriaux de la collection que ce livre intégrera.