Il fut un temps où je nichais à deux pas d’une église évangélique sans savoir nettement ce dont il s’agissait. Si j’avais bien été un peu surprise de croiser sur le trottoir tant de monde (hommes et garçonnets en costards-cravates, femmes et fillettes en jolies robes ou tailleurs), bible sous le bras, chaque dimanche, je ne m’en étais pas émue plus que ça. Jusqu’au jour où une amie, dont la mère avait été embrigadée dans ce mouvement tout de joyeuseté made by “bondieuserie corporation”, m’avait expliqué comment elle avait, pour faire plaisir aux leaders de la secte (ça n’en est pas une ? j’en doute), délaissé sa famille et viré chaque mois un bon tiers de son salaire pour les bonnes œuvres des aficionados de la messe qui dure plusieurs heures.
Et puis j’ai lu de-ci de-là, dans la presse surtout, des articles qui montraient les évangélistes comme bien plus dangereux qu’ils n’y paraissent. C’est vrai que se trémousser en chantant des textes religieux sur des musiques qui swinguent un peu, ne semble pas, au demeurant, plus inquiétant que ça. Je trouve ça niais et inintéressant, mais le danger ne saute pas aux yeux. Et pourtant, il y a toujours ce côté endoctrinement qui me gêne, ce prosélytisme insistant et moralisateur (contre l’avortement, par exemple).
Alors samedi, place de la Bourse, quand j’ai vu la petite manif (300 à 500 personnes selon Sud-Ouest) qui se formait, sous les harangues d’un type qui braillait que jésus l’avait sauvé de la drogue (c’était pathétique), et quand un militant m’a mis la main sur l’ép