Depuis quelques temps, mes lundis matins sont doux.
Parce que quand surgit le petit coup de blues du dimanche soir, je me rappelle que le lendemain matin, j’aurais le plaisir de découvrir les textes inspirés par la photo postée par Leiloona. Drôles, émouvants, tragiques … les mots et les maux s’entremêlent et je suis à chaque fois émerveillée par la créativité de toutes les personnes participant à cet atelier.
Mais après la découverte des textes, vient une nouvelle attente : celle de la nouvelle photo ! Et cette semaine Leiloona a joué (de façon totalement involontaire) avec nos nerfs (je dis ça avec beaucoup de gentillesse, n’y voyez là aucune remarque négative …) : la photo a été postée jeudi (au lieu du mardi ou mercredi). J’ai poussé un grand ouf de soulagement (j’imaginais déjà un lundi sans atelier …). J’ai regardé la photo, elle ne m’a pas inspiré beaucoup sur l’instant, mais j’étais fatiguée, pas spécialement de bonne humeur. Bref.
J’étais fatiguée ouais … sauf que Morphée n’a pas voulu de moi. Épuisée, je me suis relevée à 1h du mat, j’ai regardé la photo et j’ai écrit mon texte.
Le lendemain matin, fatiguée d’une nuit trop courte et agitée, je me suis juste souvenue avoir écrit. Je ne me souvenais pas de ce que j’avais écrit. J’ai même eu peur de relire mes idées. Mais bon, comme c’est ce que m’a inspirée cette photo, je n’ai pas voulu modifier mon texte. Il est moins abouti que les autres, plus brouillon peut-être mais après tout, c’est aussi ça l’inspiration, savoir prendre ce qui nous vient quand ça nous vient.
Bonne lecture !
LE CŒUR A SES RAISONS
On lui avait souvent répété qu’il avait du talent. Il aimait l’entendre. Il avait l’âme et l’égo d’un artiste. Mais ses parents ne voulaient ni le voir, ni le savoir, ni l’entendre.
« Tu feras des études, tu auras un vrai métier, tu ne seras pas artiste ! Artiste ? Ce n’est pas un métier digne ça ! » lui avait un jour dit son père. Il avait 16 ans. Il aurait pu, il aurait du se rebeller. Mais il ne l’avait pas fait. Quelque chose venait de se fermer en lui. Il avait attrapé ses carnets et ses crayons et les avait rangés dans un carton. Il s’en souvenait comme si c’était hier.
Alors quand il était passé ici, il n’avait pas su résister. Une envie subite. Il avait trouvé une bombe de peinture noire par terre, y avait vu un signe.
Le bâtiment était en restauration pour plusieurs semaines et ils avaient installé des protections tout autour. Des protections ? Lui voyait une immense toile pour laisser vivre sa créativité.
D’une main qui n’avait rien oublié de son talent, il avait laissé son imagination et son inspiration le guider.
Après plus de 2 heures, il s’était arrêté. Tremblant. En sueur. Il avait traversé la rue et s’était assis sur le banc de l’abribus. La nuit tombait et la pluie avait fait son apparition.
Il ferma les yeux quelques minutes puis les rouvrit pour contempler son œuvre. Il y découvrit la représentation de la devanture de l’école de commerce qu’il avait fait, une représentation de Magalie et lui, les bâtiments de Paris, la Seine, le parc où il allait courir, se balader, lire, parfois déjeuner.
Il avait dessiné sa vie comme pour y voir plus clair. Non. Il n’avait jamais voulu devenir commercial. Il voulait dessiner. Être un artiste.
C’est à ce moment là que tout se mit à trembler autour de lui, des cris accompagnant sa chute.
Il allait crier quand il ouvrit les yeux et découvrit Léo et Antoine, ses jumeaux de 4 ans ½ sauter sur le lit pour le réveiller.
Il les prit dans ses bras, toujours conscient du trouble de son rêve. Il n’avait plus pensé aux paroles de son père depuis plus de 15 ans. Ce rêve venait de les faire remonter à la surface. Son réveil avait un goût amer, il avait le sentiment d’avoir gâché son talent.
C’est alors que le souvenir de son licenciement lui revint en mémoire. Ah oui, c’est vrai, aujourd’hui était son premier jour de chômage. La crise qu’ils avaient dit ! Tout ça pour ça …, pensa-t-il.
Alors qu’il rejoignait ses bambins affamés dans la cuisine, deux petites voix firent leur apparition dans sa tête. Celle de la raison lui rappelait ses responsabilités de père et de la nécessité de retrouver un emploi stable. Celle du cœur lui rappelait que son talent était toujours en lui et que même à 35 ans, il n’était pas trop tard pour réaliser ses rêves.
2 heures plus tard, après avoir emmené ses fils à l’école, il fit un détour par la maison de ses parents. Ils étaient heureux mais surpris de le voir. Quand son père l’interrogea tendrement sur l’objet de sa visite inattendue, Marc répondit qu’il avait un carton à récupérer dans sa chambre.