Further down the bêtise
Je n’allais pas m’arrêter en si bon chemin. Le second volet, intitulé The Dream of the Turtle (ça en jette plus que « Firestar of the Angels » et autres sous-titres de jeux vidéos japonais, ceci dit sans animosité envers la japanimation, les « Conflict : Domination for War and Lost Space » de toute l’engeance américaine valent aussi leur pesant de cacahuètes –mais je sens que je m’égare), est disponible sur deux plateformes. PC, mais aussi Nintendo DS. E
Absolument inadapté au format portable, le jeu demande de cliquer sur des objets lilliputiens qui, même si l’on nous propose de dévoiler toutes les zones cliquables de l’écran, s’avèrent particulièrement difficiles à atteindre. En résumé, le gameplay est massacré par le portage et certaines énigmes se résolvent dans la douleur gymnastique plutôt que cérébrale.
(Starcraft) Marine : « Rien compris »
Pour autant, le gameplay en lui-même de cet épisode ne constitue pas la raison d’être de ces conseils. Je précisais, c’est démarrer une suite en prenant le train en route qui vaut le détour.
Au niveau de l’intrigue principale, il n’y a rien de vraiment décourageant à se lancer ainsi en plein milieu de l’histoire. Le jeune héros, gros nerd coincé du premier épisode devenu hypra-coolos (hop, première allusion au premier volet), part à la recherche de sa bien-aimée Gina, pulpeuse brune qui l’accompagne depuis le premier volet également. Rien d’extraordinaire, en somme. Toutefois arrive-t-on à se poser quelques questions parmi lesquelles : comment se sont-ils rencontrés, comment cette pure b0mb4sse top kiffante a pu se mêler à la vie de ce, soi-disant, ancien thésard en physique théorique ? On n’en a aucune idée, et déjà ça part super bien. Grosse zone d’ombre dès le début du jeu, parfait pour rien piger dès le départ. Mais a priori ça me passe à 12 lieues au-dessus de la tête car moi, je regarde les films de David Lynch, alors les scénarios obscurs, je connais.
Prévention qui s‘avère payante car très tôt le jeu bascule dans la succession de zones absurdes qui s’enchaînent par de malhabiles transitions servant simplement de justification à leur mosaïque graphique dans laquelle on évolue. C’est en vérité sérieusement déroutant, à un tel point que cette suite aurait probablement eu plus d’impact si elle avait été vendue en plusieurs épisodes à la manière des récents Sam & Max.
De malhabiles transitions ? Mais oui, mais d’où sortent ces personnages ridicules dont l’histoire permet immédiatement d’embrayer sur notre propre intrigue ? Mais pourquoi donc Brian Basco (le héros, hein vous aviez deviné ?) boit-il leurs paroles et les invite dans sa galère sans prendre le temps de réfléchir à la santé mentale de ses interlocuteurs ? Je ne suis pas d’accord avec Brian, ce Joshua a de sérieux problèmes mentaux, je préfère éviter tout contact avec lui. Ce type est l’exemple-même de l’incroyable erreur que j’ai commise en m’engageant dans The Dream of the Turtle. Son histoire si bien établie semble immédiatement convaincre Brian Basco et influe sur toute la suite de l’aventure. Même si l’on saisit vaguement sa logorrhée, on n’a évidemment pas toutes les clés en main pour appréhender son apparition et sa future importance. On se laisse alors distancer par les événements, regardant d’un œil confus l’avancée des deux compères. On ne parvient que difficilement à se raccrocher au fil de l’intrigue, et l’on termine péniblement l’épisode en n’ayant que peu goûté à la truculence des personnages. Au mieux la devine-t-on.
A l’envers, à l’endroit
« Bon ben c’était quand même pas génial, mais vu que j’ai du temps à tuer pendant que ma pizza aux Krisprolls© chauffe, autant se lancer dans le premier volet. »
Next mistake. No more mistakes.
Quand on a la présence d’esprit -que je n’ai certainement pas eue- de suivre une épopée en commençant par le début, on se délectera de l’apparition progressive de nouveaux personnages qui, lors du premier épisode dans notre cas, exposent leurs délires et leurs problèmes insolvables de manière plus « progressive » et surtout, compréhensible. Que l’on adhère ou non à cette surenchère de PNJ
En outre, après avoir catalogué Pendulo Studios comme « équipe de drogués/vieux gamins foldinguos » au vu du n’importe quouage (à paraître dans Le Petit Robert 2009) du second volet, on se sent subitement peu réactifs face à la retenue des espagnols sur leur premier essai. Retenue qu’on ne peut être capable de juger qu’après avoir goûté à ce dont ils ont été capables par la suite. C’est un peu comme si je venais d’écouter « Pablo Honey » de Radiohead en attendant que ce soit aussi barré que sur « Kid A ». En bref, pris à l’envers, Runaway : A Road Adventure a énormément perdu en saveur. Et je m’en mords les doigts.
L’envie vous démange de saborder les recommandations de vos amis les plus chers en découvrant un jeu en plusieurs parties ? Démarrez par la fin, sans aucune honte, car désormais cet effet auto-destructeur ne s’applique plus seulement aux films (démarrer Alien par le quatrième est une de ces idées lumineuses), un jeu s’offrant parfois le luxe de personnages récurrents hauts en couleur et d’une aventure suffisamment riche pour être abordée dans le désordre le plus complet. Mais par pitié, faites-le en toute technique de jardinage. Pardon, connaissance de cause.