Robocop - 1/10

Par Aelezig

Un film de Jose Padilha (2014 - USA) avec Joel Kinnaman, Samuel L. Jackson, Michael Keaton, Gary Oldman, Abbie Cornish

Grosse pétarade.

L'histoire : Dans un avenir proche, de puissants robots font désormais la guerre (flûte, ça existe donc toujours ?) en Iran (ah toujours ces sacrés méchants d'Arabes...) à la place des bons soldats américains qui ainsi ne perdent plus la vie. (encore des gars au chômage à cause de la technique ?!). Une grosse chaîne télé, si puissante qu'elle exerce son influence jusque dans les milieux politiques, propose que l'on mette ces robots au service de la population civile américaine. Plus de morts de flics dans les banlieues, on ne tuera que les méchants. Le Congrès s'oppose néanmoins violemment à cette idée : il faut de l'humain pour décider qui va mourir (les Iraniens, eux, c'est pas pareil, pas besoin d'état d'âme) ! Sous la pression de la télé et du fabricant, il est cependant décidé de faire un essai, en incorporant de l'humain dans une machine. Eddy Murphy, gentil flic, qui vient de perdre 90 % de son intégrité physique dans une explosion, voit son visage (miraculeusement épargné) et son cerveau greffés sur un androïde.

Mon avis : Remake du film de Verhoeven, ce nouveau Robocop n'arrive pas à la cheville de son aîné, qui était hyper drôle et intelligent ! Ici, c'est plat, c'est inintéressant, tout est au premier degré (aucun humour) avec un scénario simplet et des acteurs en roue libre, à commencer par le héros, parfaitement insignifiant. Qu'en retient-on ? Des scènes de fusillade, encore et encore, et encore. On est loin de l'humour subversif et de la dénonciation des travers de notre société du Verhoeven.

Et puis les passages techniques sont tirés par les cheveux. On nous explique que la partie organique (tête et cerveau de Murphy) et la partie robotique (tout le reste), sont soigneusement programmées : en cas de besoin (lorsque l'émotion pourrait troubler la bonne prise de décision), la seconde prend le contrôle selon des critères préalablement établis. Dans de telles circonstances, Murphy ne s'en rendra pas compte parce que ça aussi, c'est prévu : l'informatique lui embrouille l'esprit pour qu'il croie que c'est lui qui commande ! Nom d'une pipe, ils pensent à tout ces scénaristes ! Du coup... ben on ne sait plus trop à quoi ça sert, ce concept, et, dans l'action, on ne sait plus si c'est lui qui gère ou sa machine, d'autant que sur la fin il prend bien des décisions contraires à ce qui était indiqué dans le manuel. La force de l'humain sur le robot ? Waouh...

Avec mon mari, on a salement rigolé parce qu'on a vu ce film en pleine "période Ferguson" : les morts noirs tombent dramatiquement, jour après jour, aux Etats-Unis, abattus un peu trop sommairement semble-t-il par les policiers, provoquant manifestations et émeutes. Alors évidemment, si Padilha avait oublié de mettre de l'ironie dans son film, nous on l'a mise à sa place. Lorsqu'on nous expliquait les programmations du robot pour savoir qui tuer... bien sûr on explosait de rire (jaune) : ben les noirs, pardi ! Etc etc. Vous imaginez le topo. Quelle horreur ! Qu'est-ce qu'on est méchant !

Pourquoi je mets 1 ? Pour deux curiosités : Samuel L. Jackson et Gary Oldman... avec plein de cheveux !!!

A part un ou deux fans, la critique est soit réservée : "Si la mise en scène est rondement menée, la dimension satirique, qui repose sur les épaules de Samuel Jackson, en présentateur de télé trash, est sous-développée par rapport à l’original." (L'Humanité) ; "Reprenant le classique de Paul Verhoeven, José Padilha propose un film d'action propre et animé de manière convaincante mais sans saveur." (Le Monde). Soit amères : "Si les scènes de combat défilent sans mollir, tout le fatras philosophico-moraliste sur les méchants tombe à plat. " (Le Parisien). Ca reste étonnamment indulgent, selon moi.

Les spectateurs semblent avoir aimé plutôt aimé ; 680.000 entrées en France.

Le réalisateur a dit avoir beaucoup souffert sur ce tournage où la plupart de ses idées étaient refusées par les producteurs. Si on l'avait laissé faire, aurait-on eu un meilleur film ? Peut-être pas. Mais d'une façon générale, il faut que les financiers arrêtent de gérer le cinéma ! Et le reste aussi, d'ailleurs...

Il déclare aussi avoir voulu mettre de "l'humain" dans son film, d'où la présence, beaucoup plus importante, de la femme et du fils de Murphy dans sa version. Mais outre le fait que ces passages sont mièvres, le concept humain/machine est totalement contradictoire. Moi j'essaierais pas de m'y coller !

Et vous ? Vous en dîtes quoi ?