La préfète a répondu par une note détaillée sur le Contrat de redynamisation de site de défense et la mise à disposition des terrains de Lagord à l’Agglomération de La Rochelle. © Photo arch. d. jullian
séverine joubert
Publié le 06/12/2014 par séverine joubert
s.joubert@sudouest.fr
http://www.sudouest.fr/2014/12/06/segolene-royal-s-ingeresatisfaits-de-la-position-ministerielle-1759270-1396.php
En écrivant à la préfète de Charente-Maritime, Ségolène Royal, ministre de l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie, a donné du baume au cœur à ceux qui s'opposent à la réunion des sièges régionaux du Crédit agricole de Saintes et de Niort à Lagord, à côté de La Rochelle. Mais à quel titre la ministre intervient-elle alors qu'aucun argument environnemental n'apparaît ?
Dans ce courrier à en-tête du ministère, daté du 3 novembre, l'ancienne présidente de Poitou-Charentes somme la préfète : « Je vous demande de prendre toutes les dispositions pour empêcher la délocalisation interne vers La Rochelle, sur un terrain de l'État vendu à l'euro symbolique, du Crédit agricole en provenance de Niort et Saintes. Vous voudrez bien me rendre compte de vos initiatives pour mettre fin à ce projet contraire à l'intérêt général du territoire. » Un courrier lapidaire qui fait suite aux pressions d'élus locaux de Charente-Maritime et des Deux-Sèvres, parmi lesquels la députée saintongeaise Catherine Quéré, qui a l'oreille de Ségolène Royal.
Au tarif des Domaines
Jointe, la députée confirme qu'elle a été mise dans la boucle de cette correspondance, dévoilée hier par le « Journal de la Haute Saintonge ». L'élue maintient que le départ du siège régional de Saintes serait « dramatique pour la ville. Cette situation du Crédit agricole me bouleverse. » Niort et Saintes perdraient respectivement 230 et 270 emplois.
La préfète, Béatrice Abollivier, a quant à elle répondu à Ségolène Royal dès le 12 novembre, en lui joignant « une note détaillée sur le Contrat de redynamisation de site de défense (CRSD) et la mise à disposition des terrains de Lagord à la Communauté d'agglomération (CdA) de La Rochelle, en charge de la mise en œuvre de ce projet ».
Contactée, la préfète se livre à un historique rapide et signale que les clés du dossier sont entre les mains de la CdA de La Rochelle. Si euro symbolique il y a eu, c'est lorsque l'État a cédé à la CdA rochelaise les anciens terrains du 519e régiment du train de La Rochelle-Lagord. En 2011, le site désaffecté a en effet été élu au CRSD, qui s'accompagnait d'« un ensemble de mesures pour compenser le départ de 600 civils et militaires ».
La reconversion du site de 20 hectares a été réfléchie pour répondre à des demandes d'« intérêt général ». Il y est par exemple prévu des logements sociaux et l'accueil d'un centre de formation d'apprentis, financé par la Région, dans la zone baptisée Atlantec. Ces exemples en rejoignent d'autres et font dire à Béatrice Abollivier que « le contrat est largement rempli ».
Pour le reste, explique en substance la préfète, la Communauté d'agglo de La Rochelle est libre d'ouvrir son parc bas carbone aux entreprises de son choix, si tant est que les conditions ne faussent pas le jeu de la concurrence. « Ce serait la seule restriction. » Le Crédit agricole, ou toute autre entreprise, paiera donc le prix du mètre carré au tarif fixé par les Domaines.
Fountaine silencieux
Béatrice Abollivier profite aussi de l'occasion pour dire que « le Crédit agricole n'a bénéficié d'aucune dérogation », contrairement à ce que soutiennent depuis un an les conseillers généraux de Saintonge. Lesquels accusent la préfète d'avoir sorti le terrain choisi par le Crédit agricole du CRSD pour en faciliter son implantation.
De son côté, la direction régionale du Crédit agricole n'apporte aucun commentaire à l'intervention de Ségolène Royal. Elle signale juste que le permis d'aménager l'ensemble du parc bas carbone a été signé le 3 décembre. Le Crédit agricole espère que le permis de construire sera rapidement signé. L'investissement est de 50 millions d'euros. Ouverture du nouveau siège : septembre 2016.
Le président de la CdA rochelaise, Jean-François Fountaine, fera court sur ce dossier : « Pour des raisons évidentes, je ne ferai pas de commentaire. » Ces raisons tiennent sans doute au passif entre l'ex-présidente de Région et son ex-vice-président, aux suites électorales (législatives et municipales à La Rochelle). Leurs relations étant suffisamment tendues depuis des années, Jean-François Fountaine ne doit pas souhaiter mettre de l'huile sur le feu.