Il y a des jours où les critiques se demandent s’il est encore possible de tomber amoureux d’une œuvre. D’être envoûté et de succomber au point qu’elle reste en nous longtemps après sa découverte. En sortant de la salle projetant The Disappearance of Eleanor Rigby, la réponse est simple et clair. Oui, c’est encore possible !
Tout commence bien. Connor (James McAvoy) et Eleanor (Jessica Chastain) s’aiment. Ils sont heureux, complices, passionnés et pleins de vie, à l’image de cette scène d’ouverture qui nous fait immédiatement fondre pour ce duo. Et puis, sans savoir pourquoi, Eleanor se jette d’un pont. La tentative de suicide ratée permet au cinéaste Ned Benson de proposer un récit à la double temporalité, où passé et présent entrent en collision pour tenter d’apporter des explications. Peu à peu, des éléments de réponses se profilent, tout en nous guidant vers un futur incertain pour les deux tourtereaux. Les thématiques du deuil, de la seconde chance mais aussi de la construction en tant qu’individu viennent prendre le pas sur la simple romance. Donnant une dimension plus puissante et tellement plus réelle à l’histoire des deux héros.
“Tragédie est un pays étranger. On ne sait pas comment parler aux autochtones.”, cette ligne de dialogue résume à la perfection l’incommunicabilité qui a pris place au sein du couple, mais aussi d’une manière générale dans la vie d’Eleanor. Mais Ned Benson, loin de vouloir philosopher sur la question de l’existence ou de l’amour, préfère interroger ses personnages, et son public, sur la vie et ce qui en découle (désillusion, bonheur, compromis…). Sujet complexe que le cinéaste englobe à merveille et avec subtilité durant ces 2h. On peut d’ailleurs saluer l’intelligence de Benson qui évite de tomber dans les clichés, et surtout l’avalanche émotionnelle que certains films utilisent comme béquille.